Centrafrique : « Mon pays se place en pionnier du développement de solutions complémentaires, basées sur l’agriculture régénérative et l’agroforesterie », selon l’Imposteur et le Criminel de Bangui à Nairobi

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DISCOURS
DE SON EXCELLENCE LE PROFESSEUR FAUSTIN ARCHANGE TOUADERA, PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE, CHEF DE L’ETAT

A
L’OCCASSION DU SOMMET DE L’UNION AFRICAINE SUR LES ENGRAIS ET LA SANTE DU SOL
NAIROBI, 9 MAI 2024

 

Excellence Dr William Samoei RUTO, Président de la République du Kenya;

Excellences, Mesdames et Messieurs les Chefs d’Etat et de Gouvernement ;

Monsieur Moussa Faki Mahamat, Président de la Commission de l’Union Africaine ;

Mesdames et Messieurs ;

Je voudrais, au nom de mon pays, la République Centrafricaine, saluer l’excellente qualité d’organisation de ce Sommet sur les engrais et la santé des sols africains, ainsi que l’hospitalité légendaire des Autorités et du peuple du Kenya.

L’organisation de cet important Sommet en dépit des phénomènes météorologiques extrêmes ayant provoqué des inondations et entraîné la disparition tragique de plusieurs personnes ainsi que d’importants dégâts matériels au Kenya, témoigne de la résilience du peuple kényan et la ferme volonté de ses autorités de contribuer à la recherche de solutions durables aux défis communs de l’humanité.

Je tiens donc à réitérer à notre Frère, Son Excellence Dr William Samoei RUTO et au peuple frère du Kenyan, mes sentiments de profonde compassion auxquels s’ajoutent ceux de solidarité du peuple centrafricain.

Ces phénomènes météorologiques extrêmes qui vont s’accentuant depuis quelques années ont, outre les pertes en vies humaines occasionnées, profondément détérioré la qualité des sols agricoles et la production agricole exacerbant ainsi la crise alimentaire dans nos pays.
C’est pourquoi, la République Centrafricaine salue l’initiative de l’Union Africaine et de la République du Kenya d’organiser ce Sommet qui nous donne l’occasion d’examiner, ensemble, l’état de santé des sols agricoles africains, d’adapter les stratégies déployées jusque-là pour stimuler la productivité des sols vers des gains plus élevés et durables en termes de rendement agricole, de croissance et de transformation économique et du bien-être de nos populations.

Ce Sommet qui intervient dans un contexte climatique très critique, nous donne également l’opportunité de consolider nos engagements sur les questions brûlantes de changement climatique et de converger nos engagements alimentaires pour atteindre les objectifs en matière de durabilité environnementale et de sécurité alimentaire.
Excellences ;
Mesdames et Messieurs ;

Il est établi qu’en dépit de son vaste potentiel agricole et le fait que l’agriculture constitue le secteur qui emploie plus de la main d’œuvre, l’Afrique reste un importateur des denrées alimentaires.

Le volume de son exportation est déficitaire en dépit de l’engagement pris lors du Sommet d’Abuja en 2006.

Dix-sept (17) ans après, l’utilisation des engrais reste très faible à l’échelle du continent et les défis auxquels nos pays sont confrontés pour garantir la sécurité alimentaire, appellent la mobilisation collective de tous les acteurs que nous sommes.

A l’instar des autres pays africains, l’agriculture occupe une place prépondérante dans l’économie centrafricaine. Elle contribue à hauteur de 50% au PIB et occupe près de 70% de la population active.
Cependant, en dépit de son importance, l’agriculture n’occupe qu’un pourcent (1%) du territoire national alors que le quart (¼) de la superficie peut être cultivé.

La problématique des engrais et de la qualité des sols, accentuée par les tensions internationales, constitue un défi pour l’agriculture centrafricaine dont le schéma pédologique présente une abondance de sols ferralitiques souvent pauvres en éléments nutritifs, acides et fragiles.

Ces sols, couvrant la majeure partie du patrimoine pédologique national, constituent le maillon faible de l’agriculture centrafricaine s’ils ne sont pas gérés de manière raisonnée et durable par des pratiques intelligentes de conservation.

La combinaison et la succession de nombreuses pratiques anthropiques contribuent à ce jour à l’appauvrissement des sols agricoles centrafricains.

Le phénomène de bois de chauffe et du charbon énergie ainsi que le surpâturage par la transhumance sont des éléments à surveiller et à juguler afin d’éviter un futur mouvement des populations à la recherche de terres arables.

Aussi, les immenses savanes centrafricaines où restent encore d’importantes terres vierges de bonnes qualités physiques et chimiques doivent faire l’objet d’attention particulière et d’études approfondies pour leur conservation.

Certes, un volume important de production agricole est très nécessaire pour la vie de nos communautés nationales et régionales, mais cette notion doit être supplantée par celle de la pérennité du principal support des plantes.

Excellences ;
Mesdames et Messieurs ;

L’utilisation des engrais dans le secteur agricole centrafricain concerne deux types de fumure, à savoir les engrais chimiques et les engrais organiques.

Les engrais chimiques au coût très onéreux ont toujours été valorisés sur les cultures de rente, en particulier le coton, le café, le cacao et aujourd’hui le maïs.

Le taux de consommation nationale est de 100Kg/ha pour l’engrais chimique et 50 Kg/ha pour l’engrais organique.

Dans les savanes cotonnières ou le coton représente une culture locomotive, l’engrais chimique a toujours contribué à l’amélioration de la production vivrière avec ses arrières-effets sur les cultures suivantes.

Les engrais organiques dont la fabrication est à l’échelle des exploitations familiales et au regard de l’importance de cette fumure pour la santé et la restauration des sols dégradés, doivent être valorisés.

Cette fumure, très complémentaire aux engrais chimiques et dont l’impact sur la santé humaine est faible, représente pour l’agriculture centrafricaine une voie pour la valorisation des produits locaux issus de l’agriculture et de l’élevage, la préservation durable des sols et leur restauration.

Il en résulte que le manque de disponibilité des fertilisants et leur difficile accès pour les agriculteurs restent les principaux défis qui entravent l’essor d’une production agricole à la hauteur des attentes de nos populations.
Pour faire face à cette contrainte, les mesures favorisant une meilleure disponibilité des fertilisants sont essentielles, même si elles sont loin d’être suffisantes.

Ainsi, mon pays se place en pionnier du développement de solutions complémentaires, basées sur l’agriculture régénérative et l’agroforesterie.

Ces pratiques innovantes, frugales en fertilisant, enrichissent les sols pour une meilleure performance agricole.

Aussi, elles reforestent les espaces dégradés, rendant ainsi à nos agriculteurs leur noble mission de protecteur de l’environnement.

C’est pourquoi nous invitons nos partenaires à s’engager à nos côtés dans le déploiement de ces pratiques qui constituent un système de production efficace et particulièrement adapté à nos réalités et à la lutte contre le changement climatique.

Cette réflexion s’articulera aussi bien sur l’agro écologie et l’agriculture intelligente de conservation.

Dans ce contexte, l’agriculteur devient l’utilisateur en se comportant en écologiste plutôt qu’en utilisateur d’engrais, en s’intégrant dans un agro système cohérent et reproductible.

Je souhaite pleins succès à nos travaux.

Je vous remercie

La Renaissance

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