Affaire « militaires – retraités »: indéniable responsabilité de M. Dondra et de Mme Koyara

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Ces derniers temps, l’actualité centrafricaine est incontestablement marquée par des manifestations des militaires – retraités qui, en érigeant des barrières sur les voies publiques, ont voulu par là  revendiqué du gouvernement Sarandji des mesures d’accompagnement pour ceux qui ont été admis à faire valoir leurs droits à la retraite en 2018, le paiement des arriérés de salaires de la période de 2000 à 2001, la mise en place d’une commission tripartite pour discuter du plan de carrière militaire, et les conséquences de la loi d’amnistie de 2008.

Si pour les princes de la République, les thuriféraires du régime et leur meute de laudateurs, ces différents points de revendications  ne sont une fois de plus que l’œuvre des ennemis de la République et des déstabilisateurs des institutions démocratiques et du pouvoir de Touadéra, il n’en est pas ainsi pour certains observateurs avertis de la vie politique centrafricaine et certains professionnels des médias. Non seulement, selon ces derniers, ces réclamations figuraient bel et bien  déjà dans le panel des demandes des 850 militaires devant être mis à la retraite,  dans le cadre de la politique de la restructuration des forces armées centrafricaines et de la création d’une armée véritablement nationale, pluriethnique, disciplinée, apolitique et professionnelle, mais surtout il était de la responsabilité de ce gouvernement et du président de la République, en sa qualité de chef suprême des armées, de s’entourer préalablement de toutes les précautions et les garanties a manima, afin d’éviter que ces hommes et ces femmes qui maitrisent le maniement des armes et qui en détiennent chez eux en quantité, ne puissent pas être tentés de descendre dans la rue ou être utilisés à des fins de déstabilisation du pays. Même si, à la demande du premier ministre Sarandji, le chef – d’état – major sortant, le Gl Ludovic Ngaiféi, avait reconnu  lors d’un point de presse, le 12 février 2019, n’avoir pas fait de promesses dans ce sens aux militaires – retraités – ce qui est tout à fait normal puisqu’il n’ a pas le droit de s’immiscer dans les prises de positions politiques –  il revenait dans tous les cas aux plus hautes autorités légales et légitimes sus – mentionnées, de traiter de cette question hautement sensible et si stratégique, avant la prise et la notification de cette décision aux intéressés. Gouverner, c’est prévoir, n’est – ce pas ?

Malheureusement, comme l’avait vigoureusement dénoncé, dans une de ses sorties médiatiques, le chef de file de l’opposition démocrtaique Anicet Georges Dologuélé, au lieu d’inscrire les différentes charges relatives à la gestion de ce dossier dans la loi de finances et d’y prévoir tous les mécanismes des dépenses y relatifs, le président Touadéra  et son cher aîné Sarandji ont préféré tout simplement en confier la responsabilité à la communauté internationale, à l’EUTM, à la France, aux États – Unis, etc. A l’arrivée, ceux – ci ont effectivement mis la main à la poche, conformément à leurs engagements pour financer les charges qui leur incombaient, mais ont pris soin de ne pas  interférer  dans la gestion des dossiers relatifs aux conséquences de la loi d’amnistie, aux apurements des arriérés de salaires de 2000 à 2001, etc. Ce qui est tout à fait normal, car l’on ne peut pas accepter d’opter, à la demande des différents partenaires – une demande que l’on pouvait ne pas accepter du fait du contexte d’insécurité généralisé – pour cette décision de licenciement collectif sans pour autant être en mesure d’élaborer et de proposer un programme de ré-insertion sociale ou programme de départ assisté.

Du coup,   du jour au lendemain, 850 hommes de tenues sont mis à la retraite d’office, sans que les mesures sus – évoquées n’aient été pensées, proposées, et tentées de connaitre un début d’exécution, et ce, comme si les princes de la République, les thuriféraires du régime et leurs laudateurs fieffés avaient minimisé les conséquences à venir de cet acte qui n’est , comme aimait si bien dire Me Ngoungaye, une forfaiture d’état. Pis, dès les premières manifestations, le journal en ligne www.lavoixdessansoix.com avait pointé un doigt accusateur vers les ministres Dondra et Koyara qui n’avaient pas pris toutes les dispositions techniques nécessaires pour que leurs points de revendications relatifs aux paiements des arriérés de salaires et aux conséquences de la loi d’amnistie de 2008 fissent l’objet d’une attention particulière de leur part. Plusieurs mois plus tard, rien n’a été fait. Cela s’appelle tout simplement faute lourde dans l’exercice de ses fonctions. En effet, en  manquant de diligence dans le traitement de ces deux (2) points, ils ont fait preuve d’une négligence notoire dans l’exercice de leurs fonctions et par conséquent, ne doivent plus être jugés dignes de continuer à assumer leurs fonctions de ministres. Car, il va s’en dire que par leur incompétence et leur incapacité à trouver de solutions idoines « illo tempore » à ces deux points, ils ont contribué activement à inciter ces militaires – retraités à  descendre dans la rue et à créer des troubles à l’ordre public.

Souvenez – vous de cet article, tel un message prophétique adressé à Dondra et Koyara par Jean – Paul Naïba, intitulé  » les raisons de la dernière marche au Rond Point Marabèna des militaires – retraités » et publié  le 24 octobre 2018 !

« Le lundi 22 octobre 2018, la circulation au niveau du Rond-Point Marabèna a été une nouvelle fois  perturbée par des militaires retraités. Cette manifestation pacifique a duré plusieurs heures avant que les manifestants eux – mêmes n’aient décidé d’y mettre un terme, tout en promettant aux FDSI déployées sur le terrain de revenir le moment venu. Cette énième descente dans la rue de ces anciens hommes de tenue a non seulement provoqué chez la majorité des centrafricains de l’étonnement, mais surtout a suscité de nombreuses interrogations dans l’opinion nationale et internationale.

En effet, à la vue des barricades érigées ce lundi sur l’Avenue des Martyrs, empêchant la circulation et déniant aux uns  et aux autres la liberté d’aller et venir, des centrafricains n’ont pas hésité à se poser la question de savoir pourquoi cette nouvelle manifestation, alors que selon des informations rendues publiques par le gouvernement, d’un côté, et les partenaires, notamment l’UE et l’ambassade des Etats – Unis, de l’autre,  tous leurs droits, en ce qui concerne des mesures d’accompagnement, viennent à peine de leur être versés en totalité.

Cependant, du côté des nouveaux princes de la République, ce mouvement de colère n’est qu’un acte de complot et d’instrumentalisation de ces militaires retraités à des fins de déstabilisation des institutions républicaines. Une erreur manifeste d’appréciation, en ces temps où le climat politique est délétère du fait de la procédure de destitution du président de l’assemblée nationale en cours, qui aurait permis aux FDSI de pointer des doigts accusateurs vers le colonel Kogbia, qui serait ainsi à la manœuvre pour le compte de Désiré Kolingba, et qui aurait justifié une mission de perquisition au domicile d’un certain Francis Bozizé.

Des foutaises ! Et encore des foutaises, pour la simple raison que les raisons ayant suscité cette nouvelle manifestation de colère, relèvent tout  simplement de la responsabilité du gouvernement Sarandji et concernent la non – prise en compte, dans les calculs de tous leurs droits, de leurs arriérés de salaires de la période de 2000 à 2001 et des irrégularités constatées dans leur indice de grade.

Afin que nul n’ignore,  voici le décryptage de cette affaire à rebondissements, selon des informations révélées par le journal « Le Démocrate » et  le journal « La Voix des Sans – Voix », http://www.lavoixdessansoix.com, en date du 19 septembre 2018, en ces termes :

« Il y a aujourd’hui deux jours, plusieurs centaines de militaires retraités ont barricadé l’avenue de l’indépendance, depuis la devanture de l’assemblée nationale jusqu’à la sortie du camp Fidèle Obrou.

Par cette manifestation qui a duré plus de deux heures de temps, ces responsables de familles voulaient tout simplement attirer l’attention des plus hautes autorités de la République et du ministère de la défense nationale, d’une part, et celle des différents partenaires au développement, notamment les Etats – Unis, d’autre part, sur la tenue de leurs promesses relatives au versement de leurs droits.

Malgré l’arrivée de quelques soldats onusiens et des forces de défense et de sécurité intérieure dépêchés sur les lieux, les manifestants sont restés calmes, jusqu’à ce qu’ils aient obtenu une promesse rassurante. En effet, faisant suite à des coups de fil entre le 1er Vice – président de l’assemblée et Mme Koyara, il leur a été demandé de revenir le mercredi 19 août 2018, pour le début du paiement de leurs dus. Sur ce, à la demande de leurs représentants, tous se sont dispersés dans le calme.

Aux dernières nouvelles, un communiqué vient d’être rendu public ce jour mardi 18 août 2018 à 13 heures sur les ondes de la radio nationale demandant à leurs délégués de se présenter au cabinet du ministre de la défense et de la reconstruction de l’armée pour les dispositions pratiques relatives aux modalités de règlement de ces droits. Une bonne nouvelle, donc.

Cependant, selon des sources très proches de ces militaires, ce n’est qu’une première partie de la bataille entre eux le ministère qui tend vers une paix de braves. Il en restera une autre, plus difficile. La première phase de cette deuxième bataille qui va démarrer dans les heures qui suivront la publication de cet article concerne la minoration et la majoration des montants à percevoir par les uns et les autres, et ce, dans le cadre du paiement de droits leur ayant été dus. Des  voix se sont déjà élevées au lendemain de l’affichage de la liste et de ces montants pour contester la méthode ayant conduit à leur décompte, mais aucune solution ne leur a été fort étonnement proposée jusqu’à ce jour. 

La deuxième phase de cette deuxième bataille porte sur l’affaire du détournement de la somme de plus de 70 millions de Francs CFA par le Trésor Public. C’est la somme totale des salaires de ceux d’entre eux qui, jusqu’à leur départ à la retraite, n’ont pas perçu leur solde des mois d’août 2000 à décembre 2000, soit cinq (5) mois, d’un côté, et des mois de janvier 2001 à juin 2001, soit (6) mois, de l’autre. Ce montant correspond à onze (11) mois pour les numéraires et treize (13) pour ceux dont les salaires étaient logés dans les livres – journaux de l’UBAC, actuelle CBCA.

A ce sujet, il a été rapporté à la rédaction du journal en ligne « La Voix des Sans – Voix » que par une note en date du 23 octobre 2008, le conseiller militaire du chef de l’Etat avait saisi le directeur général du trésor d’une demande accompagnée de la liste des bénéficiaires des salaires ci – dessus mentionnés et leur matricule, aux fins de rechercher et retrouver dans les livres journaux de la comptabilité leurs bons de caisse. Cette lettre malheureusement est restée sans suite jusqu’à ce qu’ils eussent été admis à faire valoir leurs droits à la retraite anticipée.

Alors deux questions se posent : d’abord, celle de savoir pour quelles raisons, le ministère des finances et du budget et notamment la direction générale du trésor public n’ont pas réussi à retrouver ces bons de caisse et n’ont pas pu tenir informé le conseiller militaire du chef de l’Etat de la suite à réserver à sa note ; ensuite, comment le ministère de la défense nationale et plus particulièrement sa direction générale du budget, la direction de la solde y comprise, n’ont pas pu aussi être en mesure d’en dire un peu plus sur ce qui est advenu de tous ces bons de caisses qui ne pouvaient s’évaporer de leurs différents services.

En réponse à ces interrogations, selon ces militaires retraités, eux – mêmes, qui avaient été obligés de trouver refuge à l’extérieur du pays, suite au coup d’état manqué du 28 mai 2001, et qui étaient autorisés conformément aux dispositions de la loi d’amnistie, la responsabilité de cet acte de détournement incomberait à leurs billetaires et aux délégués de solde avec la complicité active de leurs collègues contrôleurs du trésor.

De ce qui précède, il est facile d’identifier ceux qui assumaient ces fonctions à l’époque pour en savoir davantage et situer les responsabilités. Pourquoi le ministère des finances et du budget ne peut – il pas  mener des investigations sur cette affaire ? Que fait alors justement ces inspecteurs des finances ou les inspecteurs d’état qui perçoivent mensuellement des salaires mirobolants ? Sont – ils payés en fait à ne rien faire ? Telles sont de pertinentes questions qui valent la peine d’être posées et dont les réponses conditionneront la résolution définitive de cet épineux dossier des militaires retraités.

Sinon, comme eux – mêmes n’ont jamais cessé de le clamer haut et fort, il y aura une deuxième partie de cette bataille entre eux et le ministère de la défense nationale et de la reconstruction de l’armée. Et le ministère des finances et du budget.

Affaire à suivre….. ! »

Jean – Paul Naïba

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