L’adoption du projet de la loi de finances 2020 ou  l’héroïsme de la trahison la plus abjecte

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Ce jour du vendredi 29 novembre 2019 restera à jamais gravé dans les annales de l’histoire de toute la 6ème législature de la République centrafricaine comme celui où les élus de la nation ont réalisé la prouesse d’ atteindre, tels des athlètes, le summum de l’héroïsme de la trahison la plus abjecte. Comme il fallait s’y attendre tout naturellement, ils ont décidé par 104 voix pour et 14 contre, après un vote à bulletin secret émaillé par des actes manifestes de tricherie dans la proclamation des résultats définitifs, d’adopter le projet de la loi de finances 2020.

Par ce geste, ils viennent d’autoriser le régime le plus prédateur, le plus spoliateur, le plus cupide, le plus esclavagiste et le plus criminel que la République n’ait jamais connu, depuis son accession à l’indépendance le 13 août 1960, à se servir de l’argent du contribuable et du peuple centrafricain dont le montant est fixé à 283 milliards de Fcfa, à satiété et à des fins personnelles, catégorielles, partisanes, opaques et criminelles. Comme Touadéra et son clan, avec la complicité active et avérée du « Filou de Dondra » en ont fait allègrement usage, en ce qui concerne les crédits ouverts annuellement dans les lois de finances de 2017, 2018 et 2019. Sans que Laurent Ngon Baba et sa bande, conformément à leur responsabilité de contrôler l’action gouvernementale, n’aient eu le courage, comme cela se passe partout ailleurs dans la communauté des hommes civilisés, de leur demander des comptes et leur opposer une résistance, ne serait – ce que pour deux jours, afin d’en savoir un peu plus sur la destination réelle ou fictive de ces ressources et de chercher à comprendre pourquoi aucune école, aucun poste de santé et aucune route n’ont été construits, pourquoi la reddition des comptes des ces exercices budgétaires n’est pas à ce jour disponible et pourquoi toutes les réalisations visibles et lisibles dont ils se prévalent ont été faites, grâce aux appuis multiples et multiformes extérieurs.

Adopter donc  le projet de la loi de finances 2020 dans ces conditions, c’est – à – dire sans que l’on ne sache ce qui a été fait de plus de 800 milliards de crédits votés dans le cadre des lois de finances 2017, 2018 et 2019, alors que tout Bangui sait, d’une part, que le ministre des finances et du budget, de surcroît chef de plusieurs entreprises, est accusé par les experts du FMI d’être un inventeur de prévisions fantaisistes et de chiffres erronés dont les non – réalisations ont fini par conférer à nos lois de finances le caractère d’insincérité et d’absurdité absolues, depuis plus de trois ans, et, d’autre part, qu’il est impliqué jusqu’au cou dans des sombres et graves affaires de scandale de siphonnages des crédits de l’Etat, sans l’avis préalable de leurs bénéficiaires et même des ceux alloués à l’assemblée nationale et logés dans la rubrique dénommée « Dotation Globale », de sordides relations de partenariats avec certains opérateurs économiques, et pis, de monnayages de paiements des créances nettes et exigibles des fournisseurs de l’Etat contre de fortes rétrocommissions, sans évoquer épistolairement la question de sa responsabilité dans  des pratiques éhontées de mal – gouvernance politique, institutionnelle, administrative, économique et financière, « c’est faire preuve d’un certain héroïsme inouï, d’un courage exceptionnel, d’une bravoure extraordinaire et d’un dévouement total à un sacrifice suprême pour une cause sacrée. Le faire ainsi, c’est tenter et dépasser les Grecs de l’époque classique dans leur conception de l’héroïsme ».

En effet, alors que dans l’histoire du monde des Grecs anciens, cette conception rappelle un âge héroïque où vécurent des hommes mortels, mais dotés de qualités supérieures à celles d’autres hommes de leur époque, parce qu’étant issus directement ou indirectement d’unions entre des divinités et des humains, Laurent Ngon Baba et sa bande ne sont malheureusement que des hommes, nés de relations entre des humains, c’est – à – dire des hommes et des femmes, mais n’ayant pas comme chez leurs confrères Grecs les mêmes prédispositions physiques et intellectuelles. De ce fait, non tantum ils sont mortels comme tous les autres hommes, sed etiam leur règne peut prendre fin et peut les exposer à la sentence de leurs administrés et de leur peuple. 

Tandis que les premiers étaient considérés comme des fondateurs de cités royales grecques, s’étaient distingués par leurs actes de bravoure et de sacrifice suprême pour la victoire, la survie, l’honneur, la dignité et les droits de leurs communautés à la vie, à la liberté et à la justice, et s’étaient faits remarqués par leur détermination à utiliser leurs pouvoirs exceptionnels pour défendre les plus faibles et rétablir l’ordre, la paix et la sécurité, Laurent Ngon Baba et sa bande apparaissent, quant à eux, comme des liquidateurs de la République, des traîtres à la patrie et des mercenaires dans leur propre pays au service de mercenaires étrangers, ne se sont particularisés depuis leurs élections en 2016 que par des actes de lâcheté et de cupidité maladive dont les conséquences ont fait plonger leur pays et leurs communautés dans le déshonneur, l’indignité, les pires humiliations et l’asservissement, et n’ont utilisé leurs pouvoirs à eux donnés dans les urnes que pour écraser davantage les opprimés de leur société, et les spolier de leurs droits à la vie, la liberté et à la justice.

Ce sont certes des héros, selon leur entendement et au regard de leur rang dans la société, leur niveau ou leur train de vie de grands hommes, et leurs insensibilités aux soucis matériels et financiers du moment, mais ils ne sont que de mauvais héros et ne rentreront dans la poubelle de l’histoire de la République que comme de piètres laquais, de minables personnes à la recherche permanente de bas intérêts d’un monde pourri, et des charognards en quête perpétuelle des restes des mets abandonnés par leurs maîtres.

Car, ils n’ont jamais eu le sens des vertus dont le respect a conféré à leurs auteurs le qualificatif de héros, à savoir la noblesse d’un Œdipe, l’expansion vitale ou la rébellion ouverte d’un certain Jésus – Christ contre les modèles figés d’un système autoritaire, l’action créatrice ou une morale complète et absolue d’un Martin Luther King ou d’un Thomas Sankara, et une ardeur généreuse ou tout simplement l’amour vrai et sincère pour tous ses semblables pour lesquels un certain Nelson Mandela s’est battu jusqu’au sacrifice suprême.

Jean – Paul Naïba

 

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