Don de blé russe à la Centrafrique : comment Yaoundé et Bangui sont parvenus à un accord

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Après l’imbroglio entre le Groupement des industries meunières du Cameroun (GIMC) et les autorités du pays, une mission diplomatique spéciale a été chargée de débloquer le dossier. Coulisses des négociations avec Jeune Afrique.

Omer Mbadi

Un mois après avoir semé la zizanie au Cameroun lors de son débarquement au port de Douala, le blé russe donné à la Centrafrique a finalement fait l’objet d’une entente entre les différents acteurs du dossier. Lequel a figuré parmi les points abordés lors de l’audience du 16 janvier que le président camerounais, Paul Biya, a accordée à Sylvie Baïpo Temon, la ministre centrafricaine des Affaires étrangères, dépêchée à Yaoundé par le président de la Centrafrique,Faustin-Archange Touadéra. L’entretien s’est révélé efficace puisqu’il a permis de débloquer certains points.

Achat du blé donné à la Centrafrique par le Cameroun

Dès le 18 janvier, le ministre camerounais du Commerce, Magloire Mbarga Atangana, a reçu à huis clos les représentants du Groupement des industries meunières du Cameroun (GIMC) et des responsables de la douane des deux pays. Le syndicat des meuniers avait saisi le ministre le 5 janvier dernier, pointant du doigt les exonérations fiscales accordées à la Centrafrique. Magloire Atangana avait un temps gardé le silence, préférant ne pas se mêler de ce dossier diplomatico-économique brûlant.

À l’issue de la concertation avec les douaniers et le GIMC, le ministre du Commerce a, selon nos informations, validé le deal initial consistant en l’achat, par le Cameroun, des 50 000 tonnes de blé russe offertes par le président Vladimir Poutine à Bangui.

Alors qu’elle s’était initialement positionnée pour l’achat de 10 000 tonnes, la Société des céréales du Cameroun (SCC), appartenant au groupe Kadji et dirigée par Nicole Kadji, s’arroge finalement 25 000 tonnes de blé. Dans le même temps, Africa Food Manufacture (AFM), la branche agroalimentaire de Beetle Heritage, récupère 15 000 tonnes, tandis qu’Olam Agri hérite de 10 000 tonnes.

20 000 tonnes de farine acheminées à Bangui

Dans l’accord, il est prévu que le trio cède une partie de ses acquisitions au soudanais Afisa, la société World Food Industry de Léopold Timo qui a fait fortune dans la grande distribution, et à la Minoterie moderne Saker (Mimosa), filiale du groupe fondé par Elie Saker Tsouogang, plus connu pour son réseau de boulangeries sous l’enseigne Saker.

Selon nos informations, il n’est pas exclu que les autorités fassent appel à d’autres meuniers pour accélérer la transformation de la céréale en 35 000 tonnes de farine.

À la fin du processus, 20 000 tonnes de farine seront achetées par des traders centrafricains, à raison de 18 500 F CFA (28,2 euros) les 50 kilos. Cette farine sera convoyée sous la supervision logistique de l’Agence de prestations maritimes (APM) pendant les deux prochaines années. Cette société de transport dirigée par Gabriel Manimben avait été retenue par Bangui pour effectuer le dédouanement des deux cargaisons de 25 000 tonnes chacune et assurer le suivi de l’expédition vers le territoire centrafricain.

JA

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