Voyoucratie et déchainements de violence en République centrafricaine

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Voyoucratie et déchainements de violence en République centrafricaine

Abou-Bakr Mashimango, #OPEN_TO_WORK

Abou-Bakr Mashimango

Chercheur indépendant, Sociologie des conflits armés et « state failure dynamics », solidarité et coopération internationales, accès aux droits et développement durable

«Il n’y a  d’histoire digne d’attention que celle des peuples libres. L’histoire des peuples soumis au despotisme n’est qu’un recueil d’anecdotes. » De Chamfort IV

Cet article se révèle être une description des faits en vue de mettre en lumière les menaces qui pèsent aujourd’hui sur les opposants politiques en République centrafricaine (RCA). C’est la description des « états de violence » (Frédéric Gros : 2006) actuels qui se diffusent et se banalisent en RCA, particulièrement envers les opposants politiques. Au-delà de la compréhension générale des paramètres des « états de violence », il s’agit, non pas de l’interprétation détaché des faits, mais surtout de la démonstration du « naufrage d’un Etat, l’agonie d’une nation » (Didier Niewiadowski :2014)[1] qui se traduit par : les dysfonctionnements au sein des structures de l’Etat, la confusion entre missions de défense et de sécurité[2], la monopolisation du pouvoir et de l’Etat par le parti MCU et, par ricochet, par une personne ou un groupe restreint des personnes.

Le romancier prix noble de la littérature 2001, Vidiadhar Surajprasad Naipaul[3] offre un regard original et particulier des déchainements des violences politiques actuels en RCA. Selon V. S. Naipaul, ces déchainements de violences sont une manipulation de l’ordre nouveau symbolisé par un président qui pense être soutenu par des puissances étrangères qui chercheraient à mettre la main sur les ressources, qu’elles soient naturelles et locales ou qu’elles relèvent de l’aide étrangère.

D’ailleurs, pour avoir voulu, conformément à la Constitution du 30 mars 2016, exiger la transparence dans l’octroi des contrats miniers, Abdoul-Karim Meckassoua, à l’époque Président de l’Assemblée nationale, en a payé le prix : destitution du perchoir en 2018, annulation de son élection en tant que Député en 2021; menaces, harcèlement judiciaire, privation des documents de voyage, etc. Des méthodes de gouvernance dignes des réseaux criminels, de la mafia qui favorisent les violences à l’intérieur de l’Etat et, en même temps, fragilise les institutions de l’Etat : une situation de « voyoucratie » qui favorise des déchainements des violences politiques!

Prédateur, le pouvoir centrafricain, depuis le débarquement de Wagner sur les rives de l’Oubangui en 2018, ne fonctionne que selon des grilles politicides[4]. Les menaces et les persécutions que subissent les opposants politiques en RCA, comme en témoignent la permanence et le débordement de l’injustice ainsi que les déchainements de violences envers les opposants politiques qui se commettent sous la bannière de Wagner (cf. les affaires Abdoul-Karim Meckassoua, Dominique Yandocka, Crépin Mboli-Goumba et autres), dénotent les dysfonctionnements, l’incurie de l’administration, la déchéance de la morale et de l’éthique politiques, le cafouillage et de la confusion totale qui caractérisent le système judiciaire centrafricaine et les structures de l’Etat.

Le pillage et le bradage des ressources naturelles au profit des organisations transnationales à l’exemple des sociétés Lobaye Invest, Sewa Security Service (SSS), Bois Rouge, Broker Expert, Midas Ressources, Communauté des officiers pour la sécurité internationale (COSI)… affiliés à la SMP Wagner, l’inégalité d’accès aux postes de responsabilité et/ou aux services de base, ainsi que la compétition pour s’éterniser au pouvoir ont ainsi instauré une véritable ligne de fracture. Il s’est créé en RCA deux sortes des « citoyennetés embryonnaires » : 1) des citoyens « désirables », avec qui l’on va s’allier pour accaparer le capital politique, économique et social ; et 2) des citoyens « indésirables » qu’il faut éliminer, parmi lesquels se rangent les opposants politiques ! Dans son article « Centrafrique : quand Faustin Archange Touadera promet une vie difficile à ses opposants politiques », du 21 novembre 2023, le média en ligne Corbeau News Centrafrique (CNC) écrit: « Le président putschiste Touadera s’est lancé dans une politique d’instauration du parti unique, visant à éliminer tous ses opposants politiques, en particulier ceux qui refusent de reconnaître sa nouvelle constitution, controversée et illégale. Cette montée en puissance du régime de Touadera rappelle les méthodes employées par le Président russe Vladimir Poutine, où la dissidence est réprimée avec une poigne de fer. […]. Au cours des deux dernières semaines, le régime a intensifié sa campagne de harcèlement contre les leaders de l’opposition démocratique. Ils ont commencé à fouiller minutieusement leurs dossiers financiers, cherchant des factures impayées pour les surfacturer et couper l’électricité et l’eau dans leurs résidences. Ceux qui possèdent des entreprises ou des commerces tels que Martin Ziguelé et Crépin Mboli-Goumba vont subir également des pressions fiscales pour les pousser à la faillite ou fermer leurs sociétés, mettant ainsi en péril les emplois de nombreux citoyens centrafricains. L’objectif du régime, selon nos informations, semble être de rendre la vie des opposants démocratiques insupportable, les salir davantage en les forçant ainsi à capituler. La situation en République centrafricaine sous la présidence de Faustin Archange Touadera est de plus en plus inquiétante. Les méthodes employées par le régime pour réprimer l’opposition politique rappellent les pires heures des régimes autoritaires du passé. »

Ainsi, des attaques ciblées sont conduites par les milices gouvernementales – les « requins » et « galaxie » – soutenues par les Wagner et la garde présidentielle, transformée en escadron de la mort, contre les opposants politiques accusés à tort et à travers de complicité avec les rebelles de la Coalition des Patriotes pour le Changement (CPC) ! Aujourd’hui, c’est le clivage politique qui constitue la charpente et le pivot des différentes formes de violences et violations des droits humains en RCA. De ce clivage sont cristallisées deux prétentions antagonistes : a) un régime qui, dans sa volonté de s’éterniser au pouvoir, se tyrannise chaque jour et davantage; et b) une opposition dénonciatrice mais qui peine à mobiliser la population en sa faveur.

Aujourd’hui, en RCA, les violences ont investi le champ politique en s’inscrivant dans une sorte de « présomption de culpabilité » qui pèse sur les opposants au régime. La condamnation d’Abdoul-Karim Meckassoua, ancien Président de l’Assemblée nationale, et l’enlèvement puis la séquestration du Député Dominique Yandocka[5], ou la récente arrestation honteusement spectaculaire de l’avocat et opposant Crépin Mboli-Goumba[6] illustrent avec éloquence la canaillerie du régime actuel. C’est d’ailleurs dans ce contexte qu’Abdoul-Karim Meckassoua, craignant avec raison pour sa sécurité, avait, malgré lui, jugé probe de s’exiler. Encore, faudrait-il qu’il ait un autre choix face à la brutalité et la violence à outrance du régime Touadera qui, à travers son escadron de la mort, s’illustre par les extorsions des biens, les traitements cruels, inhumains et/ou dégradants, les tortures, les exécutions sommaires et extrajudiciaires, les disparitions forcées et les condamnations à contumace des opposants politiques : un déni de la justice. Surtout lorsque l’on sait la campagne de haine et les appels à la violence à l’endroit des leaders de l’opposition et ceux de la CPC en vigueur en RCA par le Président de la République en personne[7], ainsi que les violences et les graves violations des droits humains commis, en toute impunité, par les FACA/FSI/Wagner/Milices[8].

Le déni de la justice et influence indue de l’exécutif

Bien que l’ancienne Constitution, celle de mars 2016, prévoyait l’indépendance du pouvoir judiciaire, l’exécutif et, particulièrement, le Président Touadera et son ministre d’Etat, Arnaud Djoubaye Abazene, supposé être en charge de la justice, des droits de l’homme et de la bonne gouvernance, exercent une influence indue sur le pouvoir judiciaire, y compris même les affaires qui relèvent de la Cour Pénale Spéciale (CPS). En témoignent l’affaire Hassan Bouba[9], le limogeage de la présidente de la Cour Constitutionnelle, les « procès politiques » de septembre 2023, ainsi que les menaces, les persécutions et les harcèlements contre les avocats Nicolas Tiangaye, ancien Premier ministre, et Crépin Mboli-Goumba, ancien ministre. Il est à souligner avec insistance qu’en plus de la corruption qui s’est érigée en culture judiciaire en RCA, la justice centrafricaine est totalement dépendante de l’exécutif. Par ailleurs, le droit à un procès public et équitable n’est pas toujours respecté. Aucun mécanisme en place pour protéger les témoins contre l’intimidation et l’insécurité. Plusieurs cas d’instrumentalisation de la justice par l’exécutif sont enregistrés. Depuis l’arrivée de Monsieur Touadera au pouvoir, la justice centrafricaine est à géométrie variable : elle s’opère selon l’opinion politique du justiciable et est régulièrement utilisée pour des règlements de compte. L’allusion est faite aux procès intentés contre notamment l’ancien Président du Comité National de Transition (CNT) et Chef d’Etat de Transition, Monsieur Alexandre Ferdinand Nguendet ; l’ancien Président de l’Assemblée nationale, Monsieur Abdoul-Karim Meckassoua. Accusés par le régime d’« outrage au Chef de l’Etat et incitation à la haine et aux violences », les activistes de la société civile Rodrigue Mayte, membre des 12 Apôtres vivants en France, Serge Mbaikassi, Delphin Kotto ; et les éminents professeurs Jean-François Akandji-Kombe, Président de la Conseil de Résistance et de Transition (CRT), et Gaston Mandata N’Guérékata n’ont pas été épargnés par cette justice tristement inique. Le « live » de Monsieur Fidèle Gouandjika, ministre-conseiller spécial et proche-parent du Président de la République qui incite au génocide et aux viols ne laisse aucune équivoque[10] quant à l’actualité de la violence du pouvoir.

La violence en RCA: une question d’actualité dans un Etat fantôme

En RCA, rien n’est plus narré en ces moments que les violences envers les opposants politiques. C’est donc une question d’actualité. Le constat est que les violences actuelles envers les opposants politiques, qu’elles soient individuelles ou collectives, anomiques ou organisées, instrumentalisées ou pas, meurtrières ou non, sont un désastre pour la république : une « institution destructrice » (Gaston Bouthoul : 1991)[11]. Elles infligent des humiliations, des douleurs, des souffrances, des dommages et traumatismes physiques et psychiques. Elles posent la question d’ordre relationnel, détruisent les biens, y compris le patrimoine culturel commun centrafricain : le vivre ensemble. Elles minent les relations de cohabitation entre des populations qui, pourtant, ne peuvent pas se séparer, parce qu’ils ne peuvent pas y arriver, mais qui se heurtent à des obstacles et pièges symboliques dressés par le régime en place. Et ce, d’autant plus que les gouvernants s’appuient sur tout ce qui clive (appartenance ethno-identitaire, engagement et/ou opinion politique, les marasmes sociaux) comme marqueur d’alignement, un moyen d’aménagement et de contrôle du pouvoir. Ainsi dit, le désastre centrafricain, comme l’avait écrit Didier Niewiadowski (2014: p.5), est dû à la « primauté de “l’esprit de cueillette” sur l’intérêt général, la décomposition d’un système judiciaire ayant perdu toute indépendance, l’impunité des gouvernants usant de la répression pour protéger leur enrichissement personnel ». De « l’Etat fragile », qu’il était déjà, la RCA est devenue l’exemple type d’un « l’Etat fantôme », voir « Etat fictif » (Didier Niewiadowski, id.) avec comme conséquences la multiplication des acteurs libres de souveraineté qu’ils soient des « mafias internes », des entreprises criminelles, des groupes armés non étatiques (GANE), des sociétés militaires privées (SMP) Wagner et Bancroft Global Investment sur la scène politique nationale et internationale centrafricaine. Outre l’incurie de la politique, de la justice et de l’administration, l’impression qui se dégage est que le pays a été livré aux « aventuriers » de tout acabit qui instituent et renforcent la fragmentation de la RCA et créent ainsi un sacré désordre à toutes les échelles. Des petits tourbillons à l’intérieur des grands tourbillons, des nouveaux mouvements instables s’empilent les uns sur les autres, formant des tourbillons de vitesses et de dimensions différentes. L’axe de crise politique en RCA a investi le champ géopolitique et stratégique selon le clivage Occident versus Russie. D’un côté, il y a un pouvoir étatique qui, soutenu par la Russie, menace les opposants politiques et toute voix discordante – étiquetée « pro-occidentale » – parce qu’ils accusent le gouvernement d’avoir bradé les ressources du pays à la SMP Wagner et dénoncent des violations graves et flagrantes auxquelles s’adonnent le pouvoir. De l’autre, des groupes armés dont les actions ne se limitent qu’à quelques attaques sporadiques sans envergure! De cette situation, il en résulte des tragédies à la fois dépréciatives et destructrices commises les FACA/FSI et les supplétifs de la SMP Wagner, où se mêlent les arrestations et les détentions arbitraires, les traitements inhumains et dégradants, les actes de torture, les assassinats ciblés, les enlèvements, les meurtres, les massacres.

Les opposants politiques et leaders d’opinions centrafricains en danger

Le rétrécissement de l’espace politique et le défi d’accéder à la justice sont une préoccupation inquiétante en RCA. Ils constituent un obstacle majeur pour la sortie définitive de la longue crise militaro-politique qui continue d’affecter la paix et la sécurité du peuple centrafricain. En effet, depuis l’avènement Touadera en 2016, le pouvoir, en plus d’être le moyen d’exaucer les prétentions des gouvernants de s’enrichir illicitement, est devenu protecteur et complice des massacres, crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Il est surtout l’auteur principal des crimes économiques. La complicité et les relations qu’entretient le Président de la République avec la SMP Wagner, les bandits de tout acabit à l’exemple de Jean-Pierre Amougou Belinga[13] et certains Chefs des groupes armés à l’exemple de Arnaud Joubaye Abazene (Ministre d’Etat et ministre de la justice, droits de l’Homme et bonne gouvernance), Gontran Ndjono Ahaba (le ministre de transport et de l’aviation civile), Hassan Bouba (ministre de l’Élevage et de la santé animale), Gilbert Toumou Deya (ministre délégué au DDRR) proviennent de la participation commune à la confiscation du pouvoir et, également, d’intérêts affairistes criminels communs.

Autre fait, et non le moindre, c’est le cas des « dissidents » des groupes armés actuellement à Bangui, protégés par le gouvernement malgré les charges qui pèsent contre eux. L’allusion est particulièrement faite notamment à Hassan Bouba de l’UPC et à Thierry Lébéné alias « 12 puissances ». Tout simplement parce qu’ils servent les intérêts de Wagner qui, depuis 2018, dicte sans concession des fastidieuses obligations de prédation auxquelles les gouvernants satisfont.

Les médias publics se sont érigés en tribunes d’injures et de propagation des propos haineux à l’endroit des formations politiques de l’opposition et de la société civile. Des discours haineux, des incitations à la violence sont souvent distillés par voie médiatique par les associations proches du pouvoir sans aucune mesure de la part du Haut Conseil de Communication. Soutenues par la machine à troll de Wagner, les mêmes associations se servent quotidiennement des réseaux sociaux pour menacer et intimider les leaders de l’opposition en appelant à des sévices corporelles, à leur séquestration et à la destruction de leurs biens. Aujourd’hui en RCA, la sécurité est conçue comme moyen de réprimer les contestations et d’assurer la longévité du pouvoir. Ce qui conduit à des graves dérapages et exactions contre les opposants politiques et autres contestataires. Tracasseries policières, convocations et mandats d’arrêts insolites, condamnations et jugements iniques, extorsions et confiscations des biens, arrestations et détentions arbitraires, pillages, vols ; répression sanglante des manifestants, utilisation excessive de la force, meurtres, assassinats ciblés et exécutions sommaires ; enlèvements et disparitions forcées, tortures, peines et traitements cruels, inhumains et dégradants ; expéditions punitives et autres atteintes au droit à l’intégrité physique et mentale… dans cette vague des violences et violations des droits humains, sont principalement ciblés les leaders des partis politiques de l’opposition démocratique et les membres de la société civile, faussement accusé de complicité avec la CPC, l’ennemi public n° 1 du régime.

En guise de conclusion

Les membres de l’opposition sont ainsi régulièrement menacés et traqués par les milices susvisées et/ou par les éléments de la GP avec le concours de Wagner. Les actes de menaces et d’intimidation dont sont victimes les leaders de l’opposition démocratique et leurs militants sont d’autant d’atteintes graves aux droits civils et politiques, consacrés comme des droits de la première génération conformément au pacte international relatif aux droits civils de politiques (PIDCP). Le pire, c’est l’absence de voie de recours. D’autant plus que l’accès à la justice est un défi majeur lorsqu’on est étiqueté opposant ou membre de la CPC ou les deux à la fois, comme le gouvernement a l’habitude d’en entretenir la confusion.

Les arrestations et les détentions ne laissaient aucune place au doute quant aux intentions du régime de s’ériger en dictature et à s’éterniser au pouvoir. Les enlèvements, les disparitions forcées et les violences politiques ne consistent qu’à faire régner un climat de peur et d’anxiété pour étouffer, museler toute tentative d’opposition. C’est dans ce contexte que les violences politiques et violations des droits humains sont érigées en mode de gouvernement.

Des attaques et extorsions des biens des opposants politiques sont relayées par plusieurs rapports des ONG et de la Division des Droits de l’Homme (DDH) de la MINUSCA, ainsi que par les organisations de la société civile (OSC) centrafricaines. Changement de constitution, limogeage de la Présidente de la Cour constitutionnelle et organisation d’une mascarade de référendum dont les résultats étaient connus d’avance… la détermination de Touadera, « le champion » pour ses partisans, de se maintenir indéfiniment au pouvoir est un mystère pour personne. Qu’à cela ne tienne, quand bien même cette ambition de « président à vie » expliquerait la voyoucratie actuelle en République centrafricaine, elle ne saurait pas justifier les menaces et les persécutions dont sont victimes les opposants politiques. Parce que, comme l’écrit Benjamin Barber (2002), je cite:

« La démocratie se nomme débat, droit d’avoir raison, controverse, droit de résistance, droit d’avoir tort. La démocratie est faible, mais le remède, c’est davantage de démocratie.»

Et pour finir, cette citation de Mahatma Gandhi à l’attention des opposants centrafricains:

«  When I despair… I remember that all through history the way of truth and love has always won. There have been tyrants and murderers… and for a time, they can seem invincible. But in the end they always fall.« 

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