VISITE DU PAPE EN RDC ET AU SOUDAN DU SUD : François sèmera-t-il dans de la bonne terre ou dans des ronces ?

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VISITE DU PAPE EN RDC ET AU SOUDAN DU SUD : François sèmera-t-il dans de la bonne terre ou dans des ronces ?

Paix et réconciliation ! Tel est le message du pape François en visite de trois jours en République démocratique du Congo (RDC) où il est attendu aujourd’hui, 31 janvier 2023. Une visite qui a connu un décalage de six mois en raison de problèmes de santé qui avaient empêché le chef de l’Eglise catholique, d’effectuer le déplacement de Kinshasa en juillet dernier. On imagine donc que c’est en pèlerin de la paix ayant surmonté ses ennuis de santé, que le Saint Père a entrepris ce voyage apostolique qui le conduira successivement en RDC et au Soudan du Sud où il est attendu le 3 février prochain pour une visite de deux jours. Une mini-tournée africaine qui sera ponctuée de célébrations eucharistiques en communion avec les fidèles catholiques de ces pays durement éprouvés par la guerre. Le moins que l’on puisse dire, c’est que si le pape François a tenu à effectuer ce déplacement malgré sa santé fragile, c’est qu’il lui tenait particulièrement à cœur.

 

Le discours qu’il va tenir dans ces deux pays, est très attendu

 

Un voyage à la forte symbolique, qui se veut non seulement la traduction, dans les actes, de sa volonté de proximité et de solidarité avec ces populations éprouvées, mais aussi de son espoir de voir les choses changer positivement dans le sens de la paix. C’est pourquoi le discours qu’il va tenir dans ces deux pays, est très attendu. Aussi bien à l’endroit des brebis de l’Eglise catholique, des populations que des dirigeants qui ont le pouvoir de décision. Et cela est d’autant plus important que si la paix est aujourd’hui autant menacée dans ces pays voire au-delà en Afrique, cela est en grande partie lié aux rivalités politiques sur fond de guerre pour le pouvoir qui n’en finit pas de diviser les fils et les filles d’un même pays. C’est le cas en République démocratique du Congo où pullulent de nombreux groupes armés rebelles dont les plus en vue, ces dernières années, sont le M23 et les ADF (Forces alliées démocratiques) qui donnent beaucoup de fil à retordre au pouvoir central de Kinshasa en commettant de nombreuses exactions sur les populations civiles. Le tableau n’est pas plus brillant au Soudan du Sud où le président Salva Kiir et son rival de toujours, Riek Machar, sont engagés dans une lutte à mort pour le pouvoir. Laquelle lutte a déjà laissé de nombreux Sud-Soudanais sur le carreau. Concernant d’ailleurs ce pays, on se souvient qu’en 2019, les deux leaders ennemis s’étaient rendus au Vatican, sur invitation du Souverain Pontife, pour une retraite spirituelle qui devait permettre de jeter les bases d’un véritable processus de réconciliation. A l’occasion, le pape François avait posé un acte fort d’humilité qui se voulait essentiellement un appel à la paix, en s’agenouillant et en embrassant les pieds des deux leaders politiques. Une posture dont l’objectif était d’instaurer entre les deux frères ennemis, un climat propice au pardon et à la réconciliation.  Cela avait eu pour effet de rapprocher les deux hommes qui n’avaient cessé de multiplier les preuves de bonne foi en faveur du processus de paix.

 

Il appartient aux Congolais et aux Sud-Soudanais de se montrer réceptifs

 

Il s’en suivra la formation, en février 2020, sous la pression de la communauté internationale, d’un gouvernement d’union nationale qui avait vu le retour de Riek Machar à son poste de vice-président. Si cela n’a pas permis de résoudre définitivement le conflit sud-soudanais, à tout le moins, cela a permis une légère décrispation avec cette cohabitation au sommet de l’Etat, qui était porteuse d’espoir. Même si le Soudan du Sud n’est pas encore sorti de l’auberge des rivalités politiques entre ces deux leaders avec leurs conséquences sur le quotidien des populations qui n’aspirent qu’à la paix. C’est pourquoi, tout comme en RDC où il portera le message de la paix et de la concorde nationale, tout porte à croire que cette visite du pape François au Soudan du Sud sonnera comme une piqûre de rappel aux deux leaders politiques, de leur engagement à se comporter en apôtres de la paix. La question est de savoir s’il sera entendu et surtout si, au-delà de la ferveur populaire d’une visite papale, il restera quelque chose de son passage dans ces deux pays confrontés au même défi de la paix. Autant se demander si à l’image de la parabole du cultivateur des Saintes Ecritures, le pape François sèmera sur de la bonne terre ou dans des ronces en RDC et au Soudan du Sud.   On attend de voir. En tout état de cause, la paix, dit-on, n’a pas de prix. Et dans le cas d’espèce, on peut dire que le Saint Père a joué sa partition en initiant une telle tournée dans le contexte sécuritaire et de tensions sociopolitiques que l’on sait dans ces deux pays. Il appartient aux Congolais et aux Sud-Soudanais de se montrer réceptifs à l’image de la terre fertile où pousse et grandit la graine du semeur et non cette terre de ronces qui étouffe plutôt la semence qui est alors vouée à une mort certaine.

 

« Le Pays »

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