La Cour constitutionnelle rend service à la démocratie béninoise
En tout cas, si la Cour constitutionnelle avait débouté l’opposition, elle aurait ouvert un boulevard pour le parti au pouvoir et ses alliés, avec le risque de voir à nouveau s’installer une Assemblée nationale monocolore pour ne pas dire une caisse de résonnance du pouvoir de Cotonou. Mais la Cour constitutionnelle semble avoir pris de la hauteur en refusant de se laisser conter fleurette. Elle a décidé de dire le droit, rien que le droit. C’est tout à son honneur. Car, en le faisant, elle ne rend certes pas service à Patrice Talon qui aurait aimé voir recaler certains candidats capables de tailler des croupières à son parti. Mais, elle rend service à la démocratie béninoise visiblement malmenée depuis l’arrivée de l’homme d’affaires au gouvernail. En effet, comment peut-on parler de démocratie dans un pays si les partis politiques de l’opposition sont systématiquement écartés des échéances électorales ? Comment peut-on parler de bonne gouvernance dans un pays où le président dirige sans contrepouvoir, et où les opposants sont régulièrement traqués et embastillés à cause de leur prise de position ? En tout cas, ce ne sont pas les opposants Joël Aïvo et Reckya Madugu qui diront le contraire ; eux qui ont été condamnés, on le sait, pour avoir lorgné le fauteuil de Talon. Sans doute Patrice Talon oublie-t-il que si ses prédécesseurs avaient agi de la sorte, il n’aurait pas eu la chance de séjourner au Palais de la Marina.
B.O
Le Pays