Tribune: la démocratie de la peur…

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Le résultat des élections entendu par cela la désignation des représentants du peuple pour le gouverner constitue le résultat d’un choix qui doit être éclairé, raisonné, libre et consensuel.

Tant que les représentants du peuple seront désignés sous la poussée des sentiments et les pulsions de phobie, il n’y pas de légitimité et, il n’y a pas de pouvoir démocratique qui vaille.

Les urnes et le bulletin de vote ne suffisent pas à asseoir la légitimité démocratique. Ces deux-là participent de la technologie électorale. L’essence des élections réside dans l’expression d’une aspiration profonde partagée des citoyens que revêt le consensus.

Quand on observe le Burkina et la Côte d’Ivoire et bien d’autres pays africains, la politique est devenue une sorte d’enfer et de paradis. Les élections prennent la forme d’arme de protection, de sécurité et de sûreté individuelle et politique.

En Côte d’Ivoire le fait identitaire est le moteur de la démocratie. Chacun a peur de l’autre à cause de cet épouvantail qui reste chevillé à l’appareil d’Etat.

Au Burkina Faso, la peur de l’autre apparaît désormais et au grand jour comme le moteur de notre démocratie.
Le sens et la fonction des élections sont dévoyés pour devenir le moyen de se parer d’un bouclier contre la vengeance redoutée.

La survie, non plus seulement politique, mais bien plus humaine et existentielle ne semble plus être assurée et garantie que par la possession du pouvoir. Mais pourtant, ce n’est qu’une réalité résultant uniquement d’une mauvaise pratique démocratique. La preuve du contraire existe. Au Ghana ou au États -Unis d’anciens présidents sont côte-à-côte à des moments importants.

Le pouvoir s’est alors dévalorisé pour apparaître alors comme un vulgaire instrument protecteur pour celui qui le détient et les siens et source d’insécurité et de menace pour celui et les siens qui sont en dehors.

Le moteur de la démocratie doit être le consensus. Lui-même fruit du débat contradictoire qui a lieu dans l’espace public. Qui dit espace public dit espace civilisé, espace de discussion, espace de contradiction, espace de courtoisie. Tout ce processus engage l’argumentation et la raison. La démocratie se nourrit de cette substance et y tire sa consistance.

Pour sortir de ce cercle vicieux de la peur et de l’épouvante, il faut briser les chaînes de la haine et le cycle que cette dernière instaure. Et, LA RÉCONCILIATION est ce chemin incontournable qui s’impose et s’imposera. Qu’on le veuille ou non. Qu’on y croit ou non.

Autrement dit, nous organiserons des élections totalement inopérantes qui n’auront aucun effet sur le cours de la vie des citoyens et du peuple. Tout en devant se tenir prêt pour affronter les risques d’instabilité dont sont porteuses des élections de routine et fondamentalement illégitimes.

Lookmann Sawadogo
Journaliste -éditorialiste

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