Touadéra menace un organe de la presse écrite et demande au HCC de sévir…

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Selon des informations généralement de sources sûres et ne souffrant d’aucune contestation, le président de la République, Faustin Archange Touadéra, ne peut plus continuer d’accepter sans broncher les critiques de plus en plus acerbes et les épiques combien assassines contenues dans les derniers articles publiés par l’un des organes de la presse écrite les plus lus de la place.

 Il l’a fait savoir de fort belle manière au directeur de publication  de cet organe dont nous taisons le nom actuellement,  par l’entremise de deux  émissaires différents  qui lui ont  rendu visite.

En effet, selon des sources proches de ce dossier, les émissaires de l’illustre mathématicien de Boy – Rabé, qui occuperaient évidemment de « hautes fonctions à la présidence de la République », sont venus lui annoncer de vives voix non tantum le mécontentement de leur mentor et son exacerbation devant l’avalanche incessante de ces attaques par voie de presse, sed etiam son incompréhension et son étonnement des motifs valables et irréfragables de nature à justifier un tel acharnement contre lui et son régime.

Après avoir cité les noms des journalistes de cet organe dont les articles ne cessent de le gêner, lui donner de l’insomnie et d’empêcher son régime et le gouvernement de son cher aîné Sarandji de bien manger et de se mettre à l’abri des tracasseries de la vie dans les années à venir, ces interlocuteurs lui ont  révélé  l’intention sincère et  profonde de l’homme de Boy- Rabé de demander au HCC et à son président, un certain Richard Pouambi de sévir. Alea jacta est !

Ainsi, la sentence à laquelle  tous les combattants de la liberté et les guerriers de la plume s’attendaient depuis fort longtemps, est désormais connue : Touadéra veut  frapper et sévir contre la presse.

Frapper ledit organe en question, si son directeur de publication ne prend pas dès l’annonce de cette communication les dispositions pratiques  pour virer les journalistes mis en cause dans la publication de ces articles incendiaires et éviter à l’avenir de s’attaquer à sa personne et à la mal- gouvernance qui caractérise la gestion des affaires de la cité, depuis sa prise de pouvoir, en date du 30 mars 2016.

Comme, il a été annoncé un peu auparavant, la messe est dite. Elle est dite trop hâtivement pour les combattants de la liberté et les guerriers de la plume. Elle est dite sans foi et en la méconnaissance totale de toute règle «  liturgique » et pis, en violation des dispositions de l’ordonnance de 2005 sur la liberté de la communication en République centrafricaine.

A dire vrai, à deux mois de ses probables deux ans à passer  aux  commandes de la gestion des affaires de la res publica, le mathématicien de Boy – Rabé et le gouvernement de son cher aîné Sarandji  peinent véritablement à donner forme ou du contenu palpable, visible et lisible aux mielleuses  promesses faites, pendant la campagne électorale, à tout un peuple meurtri et fatigué de courir, de mourir,  de pleurer ses morts et de faire ses deuils, après la prise du pouvoir de la coalition Séléka par la force, le 23 mars 2013.

De séduisantes et alléchantes promesses de sécurisation du pays, de la restructuration des Faca et de leur redéploiement sur toute l’étendue du territoire national, du désarmement par la force de toutes les bandes armées et les seigneurs de guerre, de la restauration de l’autorité de l’Etat, du retour des milliers de personnes déplacées dans leurs villages et communes, de la réconciliation nationale et de la renaissance de la République.

Quoique de mauvaises langues continuent d’affirmer ostentatoirement qu’il a été en réalité imposé au peuple centrafricain, pour le centrafricain lambda, Touadéra a été démocratiquement et massivement élu, sur la base d’un programme politique dont les grandes actions et projets ont été cités ci – dessus.

A deux mois de  la célébration de sa deuxième année passée, le 30 mars 2018, à la tête du pays, qu’a – t – il fait concrètement des voix que le peuple lui a données et de la confiance qu’il lui a faite ? Quelles mesures a – t – il conçues et mises en œuvre afin d’assurer tous les jours la défense de l’intégrité du territoire national, la protection des biens et des personnes et la préservation des intérêts fondamentaux de l’Etat ? Pourquoi, sur 16 préfectures qui composent la République, 14 sont aujourd’hui sous contrôle des bandes armées et des seigneurs de guerre, alors qu’à son accession au pouvoir seules deux d’entre elles étaient menacées ? A près de ses deux années  d’exercice du pouvoir, n’est – il pas responsable de tous ces actes de graves atteintes aux droits humains, de tueries et d’exécutions extra – judiciaires,  d’incendies d’habitations et greniers, de pillages et destructions de biens publics et privés et de milliers de personnes déplacées à l’interne et à l’externe ?

Loin de répondre à toutes ces pertinentes questions et à ces réelles interrogations, sa volonté de bâillonner la presse, à travers cette menace claire et nette formulée par ses deux  légataires  à l’endroit de cet organe de presse écrite, ne peut que donner l’occasion à tous les combattants de la liberté, aux guerriers de la plume et à tous les lanceurs d’alerte de lui rappeler les dispositions de la constitution sur laquelle il a solennellement prêté serment au stade 20.000 places, le 30 mars 2016, relatives à la liberté d’expression et au droit à la parole.

C’est en application de ces valeurs  démocratiques  formellement consacrées que les journalistes de l’organe de la presse écrite mis en cause par le président Touadéra, prennent leur plume et sur lesquelles ils se fondent, en leur qualité de citoyen, pour dénoncer les dérives de son pouvoir et l’incapacité notoirement établie  de son gouvernement, composé de bras cassés, de débauchés et de baroudeurs politiques, à traduire en actes ses promesses de campagne, c’est – à – dire  rompre avec les formules anciennes, assurer la sécurité du pays et la protection des biens et des personnes, de l’est à l’ouest du sud au nord, restaurer l’autorité de l’Etat, par le redéploiement de l’administration civile et militaire,  créer les conditions pour la renaissance de la République centrafricaine, de ses cendres et  inventer un futur heureux pour le bien – être de tous. Comme Jerry Rawlings l’avait fait au Ghana ! Comme Thomas Sankara l’avait fait au Burkina – Facso ! Comme Paul Kagamé est en train de le faire au Rwanda !

En publiant ces articles qualifiés « d’épiques assassines et d’attaques acerbes voire politiques » par le mathématicien de Boy – Rabé, ceux – ci n’ont fait qu’user de leur droit à la parole, consacré et garanti par  les dispositions de la constitution du 30 mars 2016 et  l’ordonnance de 2005, relative à la liberté de la communication en République centrafricaine. A ce titre, ils sont tout simplement considérés comme portes – parole de tous les oubliés de leur société, de ces centrafricains qui sont innocemment tués tous les jours par les seigneurs de guerre et les bandes armées, dont les maisons et greniers ne cessent d’être incendiés, dont les biens publics et privés sont pillés et détruits quotidiennement, dont les enfants ne peuvent pas aller à l’école, qui ne peuvent pas vaquer tranquillement à leurs occupations et qui sont abandonnés par l’Etat, livrés à la merci des bandits de grand chemin et contraints d’aller trouver refuge en brousse et d’y vivre comme des animaux.

 En agissant de la sorte, n’en déplaise à tous les thuriféraires du régime et à leurs laudateurs, ils ne font qu’accomplir leur devoir constitutionnel, républicain et citoyen et ne sauraient être traités par le président Touadéra comme des criminels ou des bandits de grand chemin que sont Nourreldine Adam, Abdoulaye Hissène, Ali Darass, Mahamat Al- Katim, Mahamat Bahar, Sidiki, etc….

Fort de ce qui précède, en décidant de formuler une telle menace à leur encontre, non tantum, le mathématicien de Boy – Rabé veut allégrement fouler aux pieds les dispositions de la constitution et celles de l’ordonnance de 2005, sed etiam il s’affiche comme un gouvernant qui refuse le débat contradictoire, évite de rendre des comptes à ses électeurs, et qui  s’obstine à ne pas  reconnaitre ses propres  faiblesses,  les laideurs avérées du gouvernement de son cher aîné Sarandji, l’inefficacité de leur fameuse politique de main tendue aux liquidateurs de la République et aux égorgeurs de tout un peuple, et leur incapacité à trouver des solutions à la situation chaotique dans laquelle se trouve le pays de B.Boganda.

Pis, selon des sources proches de ce dossier, ce recours à la menace ne viserait qu’ à cacher l’ingratitude de l’homme à l’endroit de cet organe de presse qui aurait beaucoup fait pour lui pendant la campagne électorale, en tant que candidat indépendant et envers lequel il n’a rien fait depuis sa prise de pouvoir.

Jean – Paul Naïba

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