Touadéra déjà en campagne de popularité avec l’argent de la BAD à Mbaïki et le don de l’UE à Boali

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Centrafrique pays de paradoxes. Alors que tout le monde continue de retenir l’haleine pour voir comment sera résolu la crise en cours dans le pays, alors que les politiques (opposition) eux, continuent d’observer une réserve à leur droit de critiquer l’action du gouvernement, alors que les partenaires sociaux du gouvernement affichent le bon sens en jugeant qu’ « il ne sert à rien de mettre le pays en effervescence », Faustin Archange Touadéra, le président élu surprise de la République lui, fort de la vielle stratégie boziziste, lui, avance déjà dans les campagnes de conquête de popularité pour, visiblement, préparer sa réélection après son premier mandat qui s’achève le 31 mars 2020.

Les danses endiablées sur l’arène politique ont commencé. La priorité  a changé de côté. Ce n’est plus le retour de la paix et de la sécurité. Et d’ailleurs sur cette double exigence, où est la stratégie gagnante ? Le DDR-R est un cercle-mangeoire pendant que la population se fait massacrer tous les jours, toutes les heures et l’évidence de toutes les statistiques, toutes les minutes –un cadavre doit mourir quelque part sur le territoire centrafricain. Une année après son investiture que la majorité s’apprête à célébrer en grande pompe, la situation de la RCA est restée telle quelle depuis la transition même si, grâce aux pressions menées par la société civile et par un travail interne d’auto purge illustré par la montée au créneau de groupes d’autodéfense dans le quartier PK5 pour éliminer les coupeurs de tête de ce quartier constituant la queue du diable et la tête de proue de la violence, Bangui la capitale respire un peu mieux.

Cependant, la Minusca elle, continue de servir de parapluie atomique pour des criminels tels que Ali Darassa, Sidiki, Al Khatim et consorts sous prétexte que le gouvernement centrafricain n’a pas délivré un mandat d’arrêt et joue la partition en soutenant les uns contre les autres déjà entredéchirés. Des scènes de tuerie, le gouvernement garde la bouche cousue ndaka. Rien, rien de concret ne se fait hormis cet « espoir » tant invoqué qui explique les supplications portées à l’endroit des groupes armés réfractaires à rejoindre le cercle des mangeurs du DDR-R. Alors que ces réfractaires qui en réalité, ont des revendications terribles à faire avaler au gouvernement, avancent sur le terrain militaire dans l’espoir d’amener ce dernier à prendre avant tout en considération leurs exigences les plus démesurées, soutenus qu’ils sont d’une manière ou d’une autre par la communauté internationale qui jure par le dialogue et le dialogue seul pour résoudre une crise qui est plutôt devenue un fait de scènes de crimes sans sèves suffisantes de revendications politiques valables.

Qui a raison celui qui dit que Touadéra ne fait plus que de la farce : il ne saurait faire autrement lorsque le poids du Tchad se fait peser sur le côté « dialogue et concession » de la balance. Et bientôt, il va décevoir lourdement ses électeurs en prenant des mesures impopulaires à la faveur des coupeurs de tête.

Pour caresser la vérité et jeter un bémol dans les cœurs blessés et ce, malgré les morts qui tombent comme des mouches, Touadéra dans sa logique, prêche à qui veut l’entendre qu’ « il n’y aura pas mais alors jamais, de désarmement forcé ». Pas la moindre force à opposer aux « égorgeurs de la République » et tous les criminels au col blanc. La réalité étant, « il n’y a pas assez de volonté de la part des dirigeants du pays pour mettre de la pression sur la communauté internationale qui retarde le rendez-vous de la paix en RCA», soupire un observateur. Entretemps, les Centrafricains sont sacrifiés au quotidien en attendant l’ouverture de procès tous azimuts chantés tambour et trompettes contre les auteurs des crimes qu’il faudra cependant préalablement aller chercher, garder jalousement en prison en prenant les mesures de toutes éventualités d’une évasion en attendant leurs procès demain qui apporteraient la paix tant attendue dans les cœurs meurtris des victimes.

Ah haha ! Autrement dit : tuez, tuez aujourd’hui et tuez encore, personne ne viendra vous arrêter. Vous ne voyez pas : où sont Aroun Gaye, Abdoulaye Hissène, Ali Darass… ? Libres, -corps, âmes et armes. Et libres de continuer leurs crimes. On se contente, pour l’heure, « de documenter les faits »… En voilà une phrase excitante.

C’est à ce centrafricain meurtri que Touadéra qui n’a aucune solution à apporter pour abréger sa souffrance chante sa gloire et grandeur en prétextant lui apporter des dons. A Mbaïki il y a deux semaines, il est allé raconter à la population de la Lobaye que l’argent 72 millions de francs de cfa qu’il a apporté à la réhabilitation de l’Institut supérieur de développement rural (ISDR), c’est lui. Or, c’est l’argent de la Banque africaine de développement (BAD). Il n’a pas honte de se taper la poitrine : Je suis votre sauveur. Vraiment !

Et c’est le même langage qu’il a tenu à Boali et ici, il a été beaucoup plus explicite : « vous m’avez élu massivement, et maintenant, je suis venus vous remercier. Je ne suis pas venu les mains bredouilles, je suis venu avec ces véhicules et ces médicaments pour vous », a-t-il claironné en langue nationale sango. Au fait, il s’agissait d’un don de l’Union Européenne dans le cadre du programme du 10ème FED (fonds européen de développement) et dans ce cas présent de l’Ombella-M’Poko, cinq véhicule et des médicaments. Un programme qui vise la restauration de l’autorité de l’Etat et le redéploiement de l’administration sur toute l’étendue du territoire. C’était à l’occasion de la remise des travaux de réhabilitation partielle de l’usine du barrage hydroélectrique de Boali I le lundi dernier.

Cet évènement qui a été une occasion de découvrir le noyau de la machine de campagne politique de Touadéra pensé dans le cerveau d’un certain Bertin Bea, député de Boali sous les couleurs du KNK, le parti politique de Bozizé qui avait sanctionné le candidat Touadéra avant de le réhabiliter par « une manœuvre de bassesse » pour des raisons que tout le monde connait. A Boali, la foule a été dressée et haranguée pour chanter à la gloire de Touadéra. Et voilà sa réaction : merci et prenez ce cadeau (…).

La question que l’on se pose relève d’une inquiétude : à cette allure, que deviendra l’Union sacrée prônée par Touadéra et qui était sensée rassembler tous les acteurs politiques autour d’une raison partagée qui est celle du retour de la paix et de la sécurité dans le pays ? Sous entendu que chacun devrait mettre de côté son ego et se jeter dans la patte de la paix et de la réconciliation nationale. Car chaque acteur politique, en particulier ceux de l’opposition, au regard de cette virgule dans le dos, serait amené à reconsidérer sa position et entamer sa lutte de positionnement. On peut donc déduire que la suite, c’est la férocité de la lutte politique qui s’annonce surtout que c’est le pouvoir qui en donne le coup d’envoi. Il faut aussi craindre une ramification armée de cette lutte politique, surtout que tous les groupes armés détiennent encore de vers eux tous leurs arsenaux militaires et sont plutôt loin de désarmer même s’ils ont adhéré au DDR-R.

Il faut donc s’attendre à des prises de position tranchées dans les jours à venir ou des déclarations de mise au point car il est évident que le pouvoir use désormais ouvertement de tous les moyens y compris le mensonge (d’Etat) pour essayer de rassurer le peuple que tout va bien dans ce pays pratiquement sans Etat ou du moins sans autorité (de l’Etat) alors qu’à ce jour un an de pouvoir et quatre mois après la table ronde de Bruxelles, aucune base de paix n’est encore mise en place. On craint même que ces véhicules et autres biens donnés par l’UE ne finissent par retrouver leurs véritables propriétaires qui sont les groupes armés, véritables maîtres des lieux. Alors que le peuple et l’Etat se chargeront dans l’avenir de rembourser sans ambages la dette.

Et finalement, il reste à conclure que Touadéra rame désormais avec « le dialogue » sur les lèvres et la fourberie d’une autre époque dans son cœur. Pas étonnant quand on sait qu’il reste largement entouré par des bozizistes qui cherchent une deuxième chance.

Prince Coh

 

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