Tchad : Un Etat voyou, selon le président américain Donald Trump !

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Les tchadiens se sont réveillés le lundi 25 septembre avec un coup de massue sur la tête. Le décret du président américain qui assimilait les citoyens tchadiens à ceux des pays indésirables, est inattendu à tous les points de vue. Alors que, inversement le Tchad était perçu comme étant le fer de lance de la lutte contre le terrorisme djihadiste et l’armée tchadienne étant perçue « comme des chevaliers sans peurs et sans reproches ». Or à force de trop crier avec des gesticulations mal agencées, Mr Deby est tombé dans son propre filet. C’était le voleur qui criait au voleur, mais les poursuivants ne se sont pas trompés de cible.

Pour bien comprendre la portée de cette décision qui n’est ni un hasard, ni une action irréfléchie, il serait intéressant de se rappeler rétrospectivement de la position initiale des usa par rapport au régime de MPS. En effet, il n’est un secret pour personne que les usa n’ont jamais adoubé le Colonel Deby même si ce dernier était arrivé d’Abéché à Ndjamena au bord d’un avion militaire français. Les américains avaient beaucoup misé sur H. Habré et avaient amplement investi dans l’équipement et la formation de l’armée tchadienne. La chute de Habré a été pour eux une pilule qui a passé de travers ; surtout que le nouvel homme fort du pays est soutenu par un régime honni considéré par les USA comme la base internationale du fondamentalisme islamiste naissant, le Soudan On se rappelle que dans les 24h qui avaient suivi la chute du régime Habré les américains avaient exigé et obtenu- grâce aux bons offices des amis français- la restitution de tout le stock d’armes américaines dans les magasins à l’EMB dont les fameux Stringers. Cependant l’administration américaine avait adopté une attitude conforme à leur politique de non-ingérence du pré carré de leurs amis français.

C’était la règle mythique dans l’optique de partage des influences entre les puissances amies. Cela n’a pas empêché aux agents du Service affectés à l’Ambassade, soutenus par des missions ponctuelles de la maison mère de procéder à des enquêtes et à des investigations approfondies du système Deby qui s’était avéré être le temple d’ALI BABA en matière de tout ce qui est faux et prohibé dans le monde entier et de l’implication personnelle de Deby lui-même (fausses monnaies, trafic de drogue, trafics d’armes en faveurs de groupuscules djihadistes maghrébins, etc. ); ce qui explique que pendant les 27 ans de son règne Deby n’a jamais été reçu par aucun des présidents américains successifs sauf dans les rencontres internationales, ensemble avec d’autres présidents. Malgré des preuves tangibles, les différents services américains avaient gardé profil bas tout en continuant à compiler au maximum les délits.

Cependant, les différentes administrations qui s’étaient succédées les unes après les autres n’avaient jamais confondu Mr Deby en tant qu’individu de mauvaise moralité à l’Etat tchadien moins encore aux citoyens tchadiens. Ce modus vivendi a failli être rompu en septembre 1998 avec l’opération des vrais faux billets bahreïnis à laquelle les anglais et leurs alliés les américains avaient accordé une importance capitale d’autant plus que le petit Emirat était considéré comme un condominium par excellence de la Grande Bretagne. Après avoir situé par des observations satellitaire le lieu exact (jardin Mara) où sont empilés les caisses des billets, et où on fabriquait aussi des vrais faux dollars, opération considérée par les américains comme une déclaration de guerre économique ! Alors les américains avaient décidé de lui envoyer une missile (comme ils en ont fait au Soudan) pour détruire ledit stock et la machine à fabriquer des dollars (laquelle machine fut récupérée par une délégation de haut niveau des services américains, ayant fait le déplacement jusqu’à Ndjamena.) Averti par une âme bienveillante 12h avant de la décision de la CIA, Mr Deby déplaça en toute urgence la cargaison au siège de l’ANS et avait quitté précipitamment son jardin ; depuis ce jour il n’y était plus reparti !

Mais les mauvaises langues disent que le jardin de Deby à Mara (un complexe hôtelier) est devenu depuis une case de passage des tous les chefs terroristes, principalement ceux de BokoHaram. Pourquoi en ce début d’automne 2018 le rebondissement du dossier du Tchad auprès de l’administration américaine ? En fait le dossier tchadien n’a jamais été fermé mais il s’estompait aux bureaux des décideurs politiques. Or il se passe qu’aujourd’hui les américains ont placé à la Maison Blanche un homme qui fait fi des us et coutumes des relations internationales et dit plus haut ce qu’il pense et fait ce qu’il veut. Ajouter à cela quelques nouveaux griefs :

– Depuis l’arrivée du président Mohamed BUHARI au pouvoir, les relations entre les deux hommes n’ont jamais été conviviales. Le président nigérian accusait en effet son homologue tchadien, preuves à l’appui d’être le principal soutien du mouvement terroriste BokoHaram. Le leader nigérian connaissait avant qu’il ne soit élu les détails de la création du mouvement, de son approvisionnement, de la formation de ses membres, les officiers tchadiens traitants et de ses bases arrière. A travers leurs citoyens binationaux résidant au Tchad, les nigérians ont accès au moindre détail des informations dans les fins fonds des tiroirs des différents services de l’Etat tchadien ; ces binationaux sont aussi actifs dans de nombreuses corporations (le commerce détaillant, le transport en commun, le maraîchage tout au long des fleuves, etc.), et informent en conséquence au jour le jour les services de leur pays d’origine de toutes activités qui en pourraient porter atteinte à la sécurité en général et celles du mouvement djihadiste en particulier. Selon les services nigérians, les membres des djihadistes sont présentement à Ndjamena couverts par les différents services de renseignements tchadiens et s’approvisionnent en vivres et en munitions en toute impunité (un chargeur de Kalache de 30 cartouches à 150 000 frs CFA, celui d’un FAL belge de 20 cartouches à 140 000 frs CFA). Pire, Sheiku Aboubacar, le Chef de BokoHaram, aurait séjourné dans la capitale tchadienne à plusieurs reprises et des témoins crédibles l’ont aperçu dans le bureau d’un DG qui n’est plus en fonction actuellement. Selon certaines sources concordantes, le gouvernement nigérian, avant l’engagement militaire du Tchad contre BokoHaram, aurait déposé une plainte en bonne et due forme auprès des usa et du Conseil de Sécurité contre le Tchad. – Le Soudan et le Cameroun ont fourni aussi aux américains des informations détaillées de l’implication du Général Deby et de son entourage dans divers trafics avec les islamistes. – Il n’est pas difficile de conclure que le Soudan qui a été longtemps l’intermédiaire entre les bailleurs des fonds des islamistes et Deby, auraient vendu la mèche pour se laver et laisser l’autre idiot prendre sa place. – La détention par des individus non tchadiens en particulier soudanais des passeports diplomatiques qui leur permettent de rentrer aux USA. – Une autre information qui fait le tour des chancelleries depuis un certain temps est relatif à l’utilisation de la flotte présidentielle, soupçonnée de divers trafics et surtout de prêter son immatriculation à des avions utilisés par des trafiquants internationaux des drogues. – Les déclarations tapageuses et incantatoires du président Haut Conseil pour les affaires Islamiques (HCAI) qui tambourine à la longueur des journées de l’existence des ramifications des djihadistes au Tchad, lesquelles pourraient faire sauter tout le pays à chaque instant. – Et enfin le dernier point- le plus important- sur lequel les services des renseignements s’en sont focalisés est naturellement l’inexistence de l’administration tchadienne surtout au niveau des services des renseignements tchadiens. En effet les américains sont scandalisés que le Pays est sous l’analphabétisme hilarant : Comment pourrait-on comprendre que des services sensibles comme les Services d’Espionnage (ANS), de Contre-Espionnage(RG), de la Sécurité publique (Police, Gendarmerie) soient dirigés par des analphabètes patentés ? Voilà pourquoi la décision du président américain est tout sauf une erreur ou une mesure prise par un coup de tête irréfléchi. C’est le résultat des longues enquêtes, observations et conclusions.

 

Béremadji Félix

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