Tchad: trois ans de prison pour un journaliste, procès «politique» selon RSF

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Un journaliste à la tête d’un magazine a écopé de trois ans de prison ferme au Tchad pour «association de malfaiteurs informatiques» en vue de diffamer une ancienne ministre, une condamnation jugée «politique» et «inique» par l’organisation Reporters sans frontières (RSF).

Le tribunal de grande instance de N’Djamena a condamné lundi Inoua Martin Doulguet, directeur de la publication de la revue trimensuelle Salam Info, «pour association de malfaiteurs informatiques, de diffamation et d’injures à travers d’autres voies que celle de la presse», a assuré à l’AFP Alain Kagonbe, l’avocat de l’ancienne ministre de la Santé Toupta Boguéna. RSF estime que le journaliste, «connu pour ses articles dénonçant la corruption est (…) régulièrement dans le collimateur des autorités» a été victime d’un détournement de procédure destiné à le maintenir en prison. Un coaccusé des mêmes chefs n’a écopé que d’une amende.

«Initialement poursuivis pour diffamation, délit qui ne prévoit pas de peines privatives de liberté» en l’espèce, «les deux journalistes ont finalement été condamnés pour  »association de malfaiteurs informatiques » et  »dénonciations calomnieuses »», sur plainte de l’ex-ministre «qui les accusait de l’avoir diffamée dans des articles relayant des accusations d’agression sexuelle portées par sa nièce», lit-on dans un communiqué de RSF. «Une requalification des faits en plein procès dans le seul but d’alourdir les sanctions», estime l’organisation de défense de la liberté de la presse qui y voit «un règlement de comptes orchestré contre un journaliste critique du pouvoir» et réclame la remise en liberté de Inoua Martin Doulguet.

Ce dernier, qui a comparu lundi «avec l’oeil très enflé», signe qu’il a été «violemment agressé» selon RSF, a également été condamné à payer, solidairement avec son coaccusé, une somme de 10 millions de francs CFA (environ 15.200 euros) de dommages et intérêts à Mme Boguéna. «Ma cliente a été lavée par le tribunal au regard de l’opprobre, de la diffamation et du crime informatique dont elle a été victime», a estimé Me Kagonbe, assurant que Inoua Martin Doulguet a été condamné pour avoir «usurpé le titre de l’ancienne ministre (…) et proféré des injures sur les réseaux sociaux au nom de la dame».

Source : Le Figaro

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