Sosso Nakombo : et c’est Touadéra, Ngrébada, Sarandji et Dimbélé

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Bangui, 5 octobre 2018. Alors que tous les regards des observateurs de la vie politique centrafricaine et des professionnels des médias  étaient braqués vers l’assemblée nationale où une procédure de destitution du président Abdoul Karim Méckassoua a été effectivement déclenchée par la majorité parlementaire présidentielle, en date du 1er octobre 2018, des évènements tragiques se déroulaient au même moment à Bangui, dans l’enclave musulmane de Km5 et à Sosso Nakombo, l’une des sous – préfectures de la Mambéré – Kadéi.

Au Km5, c’est la découverte très tôt dans la matinée de trois (3) corps sans vie, celui d’un conducteur de taxi – moto et ceux de ses passagers, sur l’axe menant au pont Kokoro, qui a fait paralyser dans cette zone commerciale les activités toute la journée. La veille, les mêmes tensions étaient visibles vers le Vème arrondissement, suite à la mort d’un musulman par des inconnus.

En réalité, après plusieurs semaines d’accalmie, le PK5 semble progressivement renouer avec les violences et les actes d’assassinats, rythmés à l’exemple de ceux d’hier par des détonations et tirs d’armes légères et dus à des luttes pour le partage des butins et à des règlements de comptes entre les différentes factions rebelles qui tiennent ce quartier et sa paisible population en otages, depuis plus de deux (2) et qui y sèment la terreur et la désolation. Au vu et au su des soldats onusiens de la Minusca, du gouvernement Sarandji et des forces de défense et de sécurité intérieure.

A Sosso Nakombo, c’est l’assassinat crapuleux, par une population en colère, de trois (3) sujets chinois travaillant pour une société minière qui a défrayé les chroniques. Selon des informations relayées par le compatriote  Axime Césaire Oronindji, le film de cet acte de grave atteinte aux droits humains s’est déroulé ainsi qu’il suit :

« ….. INFO #MAMBÉRÉKADEÏ À SOSSO NAKOMBO LES #CHINOIS ET UNE SEULE FAMILLE SONT DANS LES MINES D’OR ET DIAMANTS.

En bref, les Chinois étaient à bord d’une pirogue ensemble avec le Président de la jeunesse de Sosso Nakombo, lorsque la pirogue a chaviré avec eux ; et comme ce président de la jeunesse ne sait pas nager, il y est resté. Pris de peur, les Chinois se sont rendus à la Gendarmerie pour se protéger. C’est là que la population est venue en masse pour détruire la Brigade puis récupérer ces sujets Chinois pour les tuer. Le bilan, c’était 3 mort et 2 blessés (Ils ont éventré un et coupé la tête de l’autre)…Selon la source, c’était des actes prémédités depuis contre eux, car la population n’a plus rien actuellement. Les Chinois et  une seule famille ont tout pris. A Sosso NAKOMBO, tous les jeunes sont en chômage, tandis que toutes les zones minières (diamants et or) sont gérées par ces sujets chinois qui se sont emparés de toutes les terres. C’était une scène horrible .Affaire à suivre ».

Quelques heures plus tard, les dépouilles mortelles et les blessés sont arrivés à Bangui et accueillis à l’aéroport par le général Wanzet, ministre de l’administration du territoire et de la sécurité publique.

Ceci étant dit, de prime abord la responsabilité de cet acte crapuleux, ignoble et inhumain incombe inévitablement à la population de Sosso Nakombo qui, du fait d’avoir été dépossédée de sa propre terre, la terre de ses aïeux et de ses ancêtres, cette terre – mère nourricière d’où  elle tire toute sa subsistance, à travers des activités agricoles, d’élevage et d’exploitation minière à caractère artisanal, a tout perdu. Du coup, elle ne peut plus vaquer à ses occupations quotidiennes, c’est – à – dire aller aux champs, à la pêche et à la chasse, se rendre sur ses chantiers d’or et de diamants et vivre ainsi de la sueur de son front pour subvenir à ses besoins : instruire ses enfants, les soigner et disposer d’une maison d’habitation. D’où cette réaction violente et horrible. Prétextant alors  de la disparition d’un des membres influents de sa communauté, cette population s’est levée comme un seul homme pour s’attaquer à mains nues à une brigade de la gendarmerie et s’en prendre de manière inhumaine à leurs bourreaux, à leurs nouveaux maîtres, et à ceux qui leur ont tout pris.

Mais, en agissant de la sorte, c’est – à – dire en réaction à un système d’injustice et de néo – colonialisme foncièrement établi et imposé, cette paisible population de Sosso Nakombo, chaleureuse, accueillante et laborieuse, est – elle réellement responsable de ce drame que nous déplorons tous ?

Elle ne l’est pas, pour la simple raison que cette réaction est commune à tous les peuples du monde et s’explique par le désir du droit naturel à la vie. Or ce droit à la vie, au travail et à la liberté leur a été ravi par ces sujets chinois qui ont fait mains basses sur leurs terres, sur autorisation du gouvernement Sarandji et de la présidence de la République.

C’est donc indéniablement, Touadéra, Ngrébada et Sarandji qui, depuis leur accession à la magistrature suprême de l’Etat, n’ont jamais cessé de s’illustrer par l’octroi des permis d’exploration et d’exploitation minière à des opérateurs économiques véreux, à des Chinois et à des mercenaires comme ceux du Groupe Wagner, contre de fortes rétro – commissions et en flagrante violation des dispositions de l’article 60 de la constitution du 30 mars 2016, qui doivent en assumer l’entière responsabilité devant l’histoire, la nation tout entière et le peuple centrafricain. C’est eux qui doivent répondre aux autorités de leur pays et à  leurs  familles respectives de ce qui est advenu de ces trois (3) chinois à Sosso Nakombo. C’est à eux et à eux seuls de dire au peuple centrafricain et aux élus de la nation comment ces chinois se sont retrouvés dans cette ville, qui leur a délivré ces permis d’exploration et d’exploitation et quelles sont les garanties contenues dans leurs cahiers de charges, en ce qui concerne les besoins prioritaires des populations riveraines.

Outre la présidence de la République et le gouvernement Sarandji, M. Emmanuel Nakoé Dimbélé, député de la circonscription de Sosso Nakombo, 2ème vice – président de l’assemblée nationale et farouche partisan de la procédure de destitution en cours du président de l’assemblée nationale, aurait joué un rôle  bien assez trouble dans cette dramatique situation. Lui aussi selon des informations dignes de foi en notre possession – tout comme la plupart des autres élus de la nation qui usent des voix de leurs électeurs pour devenir des hommes d’affaires – posséderait une coopérative minière dans la localité et disposerait d’une zone d’exploitation. Ces sources affirment aussi que le membre de la communauté locale qui s’appelait Ignace Dimbélé, président de la jeunesse de cette localité et qui est resté dans l’eau, serait son frère cadet et que c’est lui, Dimbélé, qui aurait incité la population de Sosso Nakombo à cette vengeance aveugle et cette justice populaire. No comment !

Ainsi donc après le drame de Zawa où des jeunes ont chassé des exploitants miniers de nationalité chinoise à mains nues et avec des armes traditionnelles, dans la sous – préfecture de Yaloké, au lendemain des évènements de la même nature  à  Cantonnier et à Abba dans la Nana – Mambéré, celui de Sosso Nakombo sonne comme le début d’une ère nouvelle  de prise de conscience pour les populations centrafricaines dont les terres et les ressources sont spoliées et mieux  bradées illégalement, et ce sans contrepartie dans les domaines prioritaires que sont les écoles, les centres de santé et les routes, à des sociétés concessionnaires par Touadéra, Ngrébada et Sarandji.

Celle de la lutte pour la liberté et leurs droits à la vie. Une lutte qui s’appelle soulèvement populaire contre lequel jamais dans toute l’histoire des hommes, aucun pouvoir au monde n’a pu résister. Affaire à suivre….. !

Jean – Paul Naïba

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