
En âme et conscience, Succès Masra sait que la démocratie aujourd’hui au Tchad, est une chimère
Autrement dit, il a scellé son destin depuis le deal passé avec Deby fils, qui lui a permis de regagner le bercail après plus d’un an d’exil. « Une enquête de type international », dans un pays où le président règne en autocrate, il est évident qu’elle n’aboutira jamais. Si enquête internationale il y a, elle devrait aussi concerner le triste évènement du 20 octobre 2022, où lui, alors opposant, avait appelé les Tchadiens qui croyaient encore en lui, à manifester pour protester contre la prolongation de la transition. En tout cas, il rendrait justice à ces centaines de victimes s’il usait de sa nouvelle position pour demander une enquête, ne serait-ce que nationale, sur ce massacre. De toute évidence, si, pour près de 200 morts, il n’y a pas eu d’enquête, ce n’est pas pour la mort d’un seul individu qui, a fortiori, dérangeait un pouvoir qui veut régner sans partage, qu’il y en aura une. En réalité, le co-pilote de « l’avion tchadien », le leader du parti « Les Transformateurs », qui a accepté, le 1er janvier 2024, d’enjamber des morts pour se retrouver à la Primature, se trouve aujourd’hui dans une position où il est obligé de défendre le régime auquel il appartient désormais. Et quand il déclare qu’il reste déterminé à atteindre « l’aéroport de la démocratie » aux côtés du président de la Transition, on peut se demander « si un pilote tyran peut atterrir sur un aéroport de la démocratie ». En âme et conscience, l’ancien cadre de banque sait que la démocratie aujourd’hui au Tchad, et au regard même de l’évolution de la situation socio-politique, est une chimère.
Edoé MENSAH-DOMKPIN