SIGNATURE ANNONCEE D’UN ACCORD ENTRE LES PROTAGONISTES TCHADIENS A DOHA : Le plus dur reste à faire

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SIGNATURE ANNONCEE D’UN ACCORD ENTRE LES PROTAGONISTES TCHADIENS A DOHA : Le plus dur reste à faire
 

SIGNATURE ANNONCEE D’UN ACCORD ENTRE LES PROTAGONISTES TCHADIENS A DOHA : Le plus dur reste à faire

C’est, en principe, aujourd’hui, 8 août 2022, que la junte tchadienne et les groupes d’opposition vont signer à Doha, la capitale du Qatar, un accord de paix visant à l’apaisement et à la tenue d’élections libres, transparentes et inclusives dans les années à venir. Il faut dire d’emblée, que cette signature, dans l’hypothèse où elle aurait lieu, était très attendue. Car, depuis cinq mois, les pourparlers devant aller dans ce sens, ont tous buté contre des couacs qui avaient fini par plonger dans le doute, bien des Tchadiens et des Tchadiennes épris de paix et de cohésion nationale. De ce point de vue, tous les regards de la Nation devraient être tournés vers Doha avec l’espoir que cette fois-ci serait la bonne. En tout cas, c’est tout le mal que l’on puisse souhaiter à ce pays qui, depuis François Tombalbaye jusqu’à Deby fils en passant par Félix Malloum, n’a jamais eu le bonheur de vivre une vie politique civilisée. C’est donc dire si la signature de cet accord entre les protagonistes tchadiens, représente un grand moment pour le pays de Toumaï, du nom de ce crâne fossile de primate découvert en 2001 au Tchad.

 

Signer un accord de paix est une chose et le traduire concrètement dans les actes, en est une autre

 Au cas où la signature serait effective, le mérite, certes, reviendrait d’abord à tous les protagonistes tchadiens, mais force est de reconnaître que la diplomatie Qatarie mérite aussi qu’on lui tresse des lauriers, pour toute la persévérance et l’efficacité dont elle a fait montre. Deby fils en particulier mérite une mention spéciale. Car, il a fallu que ce dernier, non seulement surmonte la rancœur liée à l’assassinat de son géniteur, mais aussi comprenne que toute guerre finit autour d’une table de négociations. Mais signer un accord de paix est une chose et le traduire concrètement dans les actes, en est une autre. C’est à ce niveau que tous les acteurs de la sempiternelle crise tchadienne sont attendus. En effet, dans l’histoire politique de ce pays, marquée comme on le sait, par des assassinats politiques à répétition, de sanguinaires coups d’Etat et des rébellions fratricides, ce ne sont pas les signatures d’accord de paix qui ont manqué. Seulement, elles ont toutes été suivies de remises en cause avant de connaître un début d’application. La plus emblématique d’entre elles, a été la signature de l’accord de paix entre Goukouni Weddeye et Hissène Habré, dans le cadre du GUNT (Gouvernement d’union  nationale de transition). C’était au début des années 1980. Sous François Tombalbaye et sous Félix Malloum, ce fut aussi le cas avec les groupes rebelles du Nord du pays, notamment avec le FROLINAT (Front de libération nationale du Tchad). C’est cette tradition de violation systématique des accords de paix, qui a vraisemblablement amené certains observateurs de la vie politique de ce pays, à soutenir la thèse selon laquelle la  chienlit et la violence sont dans les gènes des Tchadiens et des Tchadiennes. De ce point de vue, on peut inviter tous les Tchadiens qui ont encore un grain d’amour pour leur pays, à vaincre ce signe indien.

Doha pourrait constituer un pas vers le renouveau et la renaissance du Tchad

Et le moins que  l’on puisse leur souhaiter, c’est que le uns et les autres puissent enfin trouver leur chemin de Damas à Doha. En tout cas, Deby fils a une occasion historique d’entrer dans l’histoire du Tchad par la grande porte au cas où, pendant la transition, il arriverait à rassembler tous les Tchadiens du Nord, du Sud, de l’Est et de l’Ouest autour de la démocratie et du développement. Mais pour que ces deux objectifs soient atteints, il faudrait premièrement que le président de la Transition qu’il est, fasse preuve de renoncement au pouvoir. Pour le moment, on n’en voit pas les signes. Car, sur la question liée à la possibilité, pour lui, de se présenter, après la transition, à la présidentielle, l’homme entretient un flou artistique. Il doit par ailleurs se convaincre qu’aucun homme n’est jamais suffisamment fort pour s’imposer à un peuple tout le temps qu’il veut. Le cas de Hissène Habré hier et celui récemment de son père, feu Maréchal du Tchad, sont là pour l’en convaincre. Aura-t-il la sagesse de ne pas céder aux sirènes de ses partisans qui ne manqueront pas de lui conter fleurette, pour qu’il s’accroche au pouvoir ? C’est là la grande question que l’on peut se poser sur l’après- Doha. En tout cas, Doha pourrait constituer un pas vers le renouveau et la renaissance du Tchad, même s’il faut  avoir la lucidité d’admettre que le plus dur reste à venir.

 « Le Pays » 

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