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Sénégal : « Lancement du BRT » : Changement d’ère à Dakar

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Lancement du Brt : Changement d’ère à Dakar

Après le Train express régional (Ter), le Bus rapid transit (Brt), d’un coût de 419 milliards de francs Cfa, a débuté hier ses rotations. Il va traverser les communes de Cambérène, Patte D’oie, Grand-Yoff, Dieuppeul-Derklé, Sicap-Liberté, Mermoz-Sacré Cœur, Grand-Dakar, Point E-Amitié, la commune de Fass-Colobane-Gueule Tapée, Médina et enfin Dakar-Plateau, et permettre à la capitale de respirer mieux. Ministre des Transports, El Malick Ndiaye salue l’initiative.

Par Abdou Latif MANSARAY – Dans la vie de la Nation, c’est un moment majuscule. «C’est une grande première en Afrique, nous invitons tous les Sénégalais à s’approprier ce projet», lance El Malick Ndia­ye, ministre des Infrastructures et des transports terrestres et aériens. Il a procédé hier au lancement de la mise en service progressive du Brt. Il a effectué, avec les responsables du projet, le voyage de la Préfecture de Guédiawaye à Petersen, à bord d’un bus. Il a eu 40 mn pour apprécier le trajet et le «confort» offert par ce moyen de transport 100% électrique. «Nous remercions tous ceux qui sont intervenus pour la réalisation de ce projet. Nous avons visité le Pcc, le lieu de départ au niveau de la Préfecture de Guédiawaye. Là, nous avons fait le trajet ensemble. Et ce que nous pouvons dire est que le projet du Brt a connu une réussite dans sa réalisation, dans le montage financier de façon globale, et nous en remercions les initiateurs et les partenaires au développement, les maîtres d’ouvrage et tous ceux qui ont participé à la réussite de ce projet», remercie El Malick Ndiaye.

Pour lui, le Sénégal vient de se doter d’un transport moderne. Un bijou à préserver. «Et nous invitons tous les Séné­galais à s’approprier ce projet, notamment dans le comportement. Parce qu’il s’agit ici de miser sur la qualité, l’hygiène, l’environnement et la sécurité. Mais surtout, il faut développer le territoire en y mettant toutes les commodités, et cela permettra à tout ce beau monde qui est là dans la promiscuité, vivant à Dakar, de retourner chez lui et de travailler chez lui. Dakar va respirer et on ne sera plus dans des projets conjoncturels, mais on sera dans des projets structurels comme le Brt», assure le ministre des Transports.

El Malick Ndiaye : «L’Etat a bien négocié les tarifs»
Et il annonce l’arrivée de plus de 1000 bus pour renforcer d’autres lignes. «Cela est extrêmement important», ajoute-t-il. Interpellé sur le prix du transport, El Malick Ndiaye pense qu’il est raisonnable : «400 F et 500 F sont des tarifs raisonnables. Ça a été bien négocié par l’Etat du Sénégal, à travers le Cetud, pour mettre un tarif raisonnable.»

Aujourd’hui, El Malick Ndiaye magnifie en même temps le modèle de recrutement du personnel du Brt. «Nous avons constaté aussi qu’il y a des jeunes qui travaillent et les recrutements féminins sont de 40%, et pratiquement tous les chefs d’équipe que j’ai vus sont des femmes, et ils sont en train de travailler pour le recrutement de conductrices. Maintenant il ne suffit plus d’avoir seulement un permis pour conduire un moyen de transport tel qu’un bus», rappelle le ministre.

En écho, Dr Thierno Birahim Aw, Directeur général du Cetud, rappelle que ce projet revêt également une dimension environnementale, avec une technologie de pointe permettant de desservir 23 stations déjà autonomes en énergie solaire. Il y a aussi 121 bus électriques. «Le lancement de la mise en service commerciale complète permettra l’exploitation des 23 stations du Brt sur 4 lignes (omnibus, express, 2 semi-express), une amplitude de service de 5h 00 à 22h 00 (dernier départ), la mise à disposition de toute la flotte de bus, pour des intervalles de fréquence d’une à deux minutes», note le directeur du Cetud.
Avec cette nouvelle voie, le Sénégal va s’épargner 60 000 tonnes de CO2 par an. Alors que la circulation est l’une des principales causes de pollution de l’agglomération.

Il faut souligner qu’une étude actualisée en 2022 sur le coût des externalités négatives liées aux transports routiers dans la région de Dakar, initialement réalisée en 1998, a révélé que l’économie sénégalaise «perd annuellement 900 milliards de francs Cfa en raison des problèmes liés à la pollution automobile, à la congestion, à l’insécurité routière et au bruit. Ces pertes représentent 6% du Pib national».

Aujourd’hui, le Brt, qui va de Petersen à la Préfecture de Guédiawaye, dessert 14 stations du lundi au dimanche et les jours fériés. Il est prévu un départ toutes les 6 minutes entre Préfecture de Gué­diawaye et Grand Médine. Mieux, un départ toutes les 3 minutes sur le tronçon Papa Guèye Fall et Grand Médine qui compte 8 stations. Sans oublier des lignes de rabattement de bus Ddd et Aftu sur une partie des 14 stations desservies.

Pour l’instant, seules 14 des 23 stations sont desservies, car les autres ne sont pas fonctionnelles à cause des saccages subis lors des troubles politiques de juin dernier. Stéphane Volant, président de l’exploitant Dakar Mobilité, annonce un décongestionnement de l’agglomération dakaroise asphyxiée par les embouteillages. «A titre de comparaison, le Ter, ce sont 50 000 voyageurs au quotidien (sic). Le Brt va remplacer des dizaines de milliers de voitures chaque jour. Ça va participer au décongestionnement de la ville de façon spectaculaire», annonce M. Volant.

Lancés le 28 octobre 2019, les travaux devaient prendre fin en décembre 2022. Les manifestations enregistrées au mois de juin dernier à Dakar, qui ont occasionné des saccages du Brt, ont retardé l’échéance. Et ils ont coûté trop cher à l’Etat du Sé­négal, car les impacts des émeutes sont estimés à plus de 5 mil­liards de francs, selon le Cetud.

Evidemment, cela a une répercussion sur le budget lié aux travaux. Alors que le coût a été estimé à 300 milliards de francs, financés par la Banque mondiale, la Banque européenne d’investissement (Bei) et l’Etat du Sénégal, il a atteint finalement 419 milliards F Cfa.

Il faut savoir que l’Etat du Sénégal a concédé l’exploitation et la maintenance du Brt pour 15 ans à Dakar Mobilité, société de droit sénégalais détenue à 70% par la française Meridiam et à 30% par le Fonds souverain d’investissements stratégiques (Fonsis) du Sénégal.
latifmansaray@gmail.com

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