Samuela ISOPI ou l’Omerta de l’Union européenne face à la tragédie en cours en Centrafrique

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Selon Wikipédia, « l’Omerta est un vocable sicilien propre au champ lexical de la mafia. On le traduit généralement par la loi du silence. La loi du silence est la règle tacite, imposée par les mafieux dans le cadre de leurs affaires criminelles, cela implique, entre autres, la non-dénonciation des crimes et le faux-témoignage. Elle s’impose, non seulement aux mafieux eux-mêmes, mais aussi à tous ceux qui seraient susceptibles de témoigner contre eux en justice. Le châtiment pour la violation de cette loi est la mort ».

Chers lecteurs et observateurs assidus de la vie politique centrafricaine,

Ce qui se passe en Centrafrique depuis le 30 mars 2016 est grave. C’est d’autant plus grave que, comme vous le savez bien, le Président Touadera a été élu à l’issue d’un processus électoral controversé mais dont les résultats ont été fort heureusement acceptés par tous les acteurs et leaders politiques centrafricains. Au nom de l’unité, de la sécurité, du vivre – ensemble, de la paix et du retour des milliers de familles déplacées dans leurs villages, par le redéploiement de l’administration civile et militaire.  L’homme jadis s’était présenté comme le candidat du peuple, le porte-voix des sans voix, et in fine président de la rupture. Oui rupture, lorsqu’on sait la litanie des erreurs de mal gouvernance, de népotisme, de clientélisme, de clanisme, de prédation,  pour ne citer que celles – ci, qui ont durement et rudement caractérisé la gouvernance des affaires de la cité, la rupture prônée par notre président élu semblait alors sonner enfin la fin de cette récréation où l’impunité, la connivence, la mafia, la compromission, le désordre et le laisser-faire ont toujours été les ingrédients de la décadence centrafricaine depuis des décennies jusqu’à maintenant.

Mais à tous ces innombrables  maux, ces laideurs et toutes ces contre – valeurs  qui continuent de gangrener la nation centrafricaine et contre lesquels le mathématicien de Boy Rabe, présenté alors comme le spécialiste des équations aux dérivées partielles hyperboliques, n’a finalement pas réussi à trouver une solution salvatrice, s’ajoutent maintenant depuis quatre ans les tueries de masses, les assassinats ciblés, les crimes de guerre et crimes contre l’humanité, les arrestations et séquestrations pour délit politique, les syphonnages des crédits de l’Etat, les malversations financières,  la corruption institutionnalisée et légalisée, les restrictions des libertés individuelles et collectives, les bradages des contrats miniers contre de très fortes rétro – commissions, les alliances mafieuses avec des organisations criminelles tant nationales qu’internationales, à l’exemple du Groupe Wagner, l’instrumentalisation de la justice, les intimidations par des milices à la solde du pouvoir,  les menaces à mains armées,  le tout sous le regard bienveillant, consentant et même approbateur de la communauté internationale avec en première ligne l’Union européenne comme chef de file. Et comme disent les mathématiciens, bien que la définition de l’hyperbolicité soit fondamentalement qualitative, il existe cependant des critères précis qui dépendent de la famille d’équations aux dérivées partielles considérée. Autrement dit, à chaque situation difficile donnée, il convient de définir et surtout prendre les mesures adéquates et courageuses pour résoudre le problème posé. Mais, passons les mathématiques…

Pour revenir à ce qui nous intéresse ici ; alors que la communauté internationale déploie des efforts titanesques pour tenter de juguler la crise centrafricaine, l’observateur lambda d’aujourd’hui s’interroge sur le silence de certains de nos partenaires traditionnels et historiques que la rue qualifie désormais de complice des crimes et autres détournements des objectifs noblement affichés et affirmés urbi et orbi par Touadéra un jour du 30 mars 2016. Ainsi donc j’accuse ! Et j’accuse particulièrement notre chère Samuela ISOPI, cheffe de délégation de l’Union européenne en Centrafrique, agissant aux noms des vingt-sept Etats membres de la noble institution européenne pour laisser-faire, laisser- aller, complicité avérée, bienveillance vis-à-vis des dérives du pouvoir de Bangui et ses alliés groupes armés étrangers à la nation centrafricaine. Pourquoi ?

Pour tenter de le démontrer, il est intéressant de revisiter l’histoire d’un certain Benito Mussolini qui, dans un contexte de forte instabilité politique et sociale qui a suivi la grande guerre, prit le pouvoir à Rome en Italie, en forçant la main aux institutions avec l’aide des paramilitaires et surtout, de Clara PETRACCI, jeune femme de la haute bourgeoisie romaine de 24 ans, conseillère et confidente favorite du Duce. Clara Petracci, qui était parfaitement au courant des dérives du Duce, du latin dux, c’est-à-dire conducteur ou guide au sens politique, mettra tout en œuvre, en particulier son charme séduisant, pour assister et prodiguer les conseils dans la série des lois fascistissimes et dictatoriales qui ont fini par faire de l’Italie un régime à parti unique. Plus tard destitué en 1945, il tenta de fuir avec celle qui a fini par devenir sa maitresse, Clara Petracci, les poches remplies de capitaux, bijoux et pierres précieuses prélevés dans les coffres de la banque d’Italie à Salo, dans le nord d’Italie. Capturés par les partisans communistes sur les rives de Côme, le Duce connaitra une fin tragique et sera fusillé avec Clara ; leurs corps livrés à une foule en colère et pendus par les pieds à Milan…

Ce bref rappel d’histoire nous place aujourd’hui encore au cœur d’une intrigue politicienne où le pouvoir balbutiant de Bangui, se sachant incapable de gouverner et à bout de souffle, tente de pérenniser son régime aux prix d’innombrables morts de centrafricains, par le biais d’une alliance contre nature avec des bourreaux venus d’ailleurs pour l’essentiel, d’une part et par la manipulation politicienne de la Loi fondamentale pourtant bien verrouillée par le législateur en son temps, d’autre part, et ce, grâce à l’indulgence  financière de la communauté internationale au premier rang de laquelle l’Union européenne qui ne cesse de déverser des centaines de millions d’euros prélevés sur le dos des pauvres contribuables européens. Circulez, il n’y a rien à dire et Touadéra sera réélu.

L’Omerta dont il est question ici devient insupportable. Insupportable, d’abord,  car nous avons bien vu le drame qui vient encore de s’abattre sur la ville de Ndélé à environ 696 kilomètres de la capitale, chef – lieu de la préfecture de la Bamingui – Bangoran,  là où déjà les services sociaux de base sont quasi-inexistants depuis des décennies, et ce n’est pas la seule ville la moins desservie et ni  la moins déserte  du pays. Insupportable, ensuite, car de ce drame, le président de la république est dramatiquement et fort étonnement  resté absent et silencieux, comme à son habitude d’ailleurs, démontrant ainsi sa connivence et son implication directe et sans conteste dans ces crimes de guerre et ces crimes contre l’humanité qui n’en finissent plus. Insupportable, enfin,  parce que la communauté internationale, avec l’Union européenne comme chef de file et par la voix de notre chère Samuela ISOPI, est tristement restée sans voix. Alors pour ces nouveaux morts de Ndélé, pour Mme AWA et son bébé Amine, tombés sous les balles des « partenaires de la paix » selon le président Touadera, nous voudrions que Mme ISOPI veuille bien répondre à ces questions :

  • Etant femme avant d’être diplomate, avez-vous vu le visage de ce bébé qui semble dormir d’un profond sommeil  et sa maman morts lors du récent massacre de Ndélé ? Si oui,  qu’en dites-vous ?
  • En tant que femme et mère de famille, avez-vous entendu le cri de désespoir de cette femme qui a versé toutes les larmes de son corps ? Si oui,  que lui répondez-vous ?
  • En tant que partenaire et principal soutien du président Touadéra et face au silence assourdissant de votre partenaire de président, que lui direz-vous ?
  • En tant que principal contributeur financier du prochain cycle électoral et face au tripatouillage de la constitution en cours, quelle serait votre appréciation aux noms des Etats membres de l’UE ?
  • En tant que diplomate avertie et en toute impartialité, quand allez-vous enfin rencontrer et écouter les forces vives de la nation dans toute leur diversité ?

Nos opinions nationale et internationale ont le droit de savoir votre position, celle des Etats membres que vous représentez en Centrafrique, car votre silence, tout comme celui des autres partenaires traditionnels et historiques mobilisés au chevet de la RCA et donc de nos populations, devient à son tour insupportable. Allez-vous continuer à suivre Touadera, à l’image de Clara PETRACCI qui suivra le Duce jusqu’au bout, c’est-à-dire au sacrifice ultime ?

La rédaction

 

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