
Russie : Vives tensions entre l’armée et Wagner, un signal aux pays africains
Informateur Févr. 25, 2023

Les débats autour du bilan humain, matériel, militaire, environnemental et économique marquant l’an 1 de l’invasion russe en Ukraine n’auront pas occulté les tensions entre l’armée de
Vladimir Poutine et la Société paramilitaire privée Wagner de l’homme d’affaires Evgueni Prigojine. Si l’idylle entre Poutine et Prigojine semble encore tenir en raison de leurs liens étroits, ce n’est visiblement pas ce dernier et la hiérarchie militaire russe qui soupçonne de rabat-joie, une sorte de sapeur de moral.
De fait une série de sorties médiatiques du patron de Wagner est à l’origine de ces tensions qui pourraient se solder à son détriment. Dans une vidéo publiée le 16 février dernier Evgueni Prigojine critiquait pour la première fois ouvertement l’armée russe d’être plombée par une «monstrueuse bureaucratie militaire». Révélant ainsi un malaise dans le fonctionnement de l’armée russe.
Et comme l’appétit vient en mangeant, Prigogine rebelote, le mercredi 22 février à seulement 48 heures de la commémoration de l’an 1 de la guerre en Ukraine, en enfonçant le clou par un appel aux Russes : «Si chaque Russe à son niveau (…) disait simplement donnez des obus à Wagner, alors ce serait déjà important», a -t-il lancé dans un message diffusé dans lequel il a caricaturé la prise de ce type de décision par l’Etat-major de l’armée russe en ces termes : «Si le chauffeur dit à son patron de donner des obus à Wagner; si l’hôtesse de l’air à l’embarquement dit de donner des obus à Wagner; si le présentateur dit en direct de donner des obus à Wagner, nous allons les casser et les forcer à arrêter de faire n’importe quoi».
Pour le patron de Wagner dont les troupes combattent sur le sol ukrainien aux côtés de l’armée russe «des obus, il y en a. Mais il faut que des politicards, des salauds, des ordures apposent leur signature».
En seulement quelques jours, le bras droit de Vladimir Poutine s’est ainsi mis à dos les responsables militaires russes. On peut dès lors affirmer sans se tromper que les rapports entre Evgueni Prigojine et les fidèles lieutenants du Chef d’État-major de l’armée de la fédération de Russie,Valéri Guerassimov, par ailleurs commandant en chef des opérations militaires en Ukraine ne sont plus au beaux fixes.
Cette guéguerre ainsi ouverte où Wagner, en mauvaise posture, semble même manquer de moyens conséquents d’actions sur le terrain ne questionne pas moins son efficacité en Afrique. Quelle pourrait être l’apport d’un tel groupe paramilitaire à court, moyen et long terme pour des pays comme le Mali, et la Centrafrique qui les ont officiellement fait appel sur leur sol. La question reste posée.
Alfred SIRIMA