Russie : Poutine approuve la création d’une base navale au Soudan

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Le président Vladimir Poutine a approuvé, ce 16 novembre, la création d’une installation navale russe au Soudan pour permettre l’accostage des navires de surface à propulsion nucléaire. Ce qui ouvre ainsi la voie au premier pied militaire substantiel de Moscou sur le continent africain depuis la chute de l’Union soviétique. Poutine a chargé le ministère de la Défense de signer l’accord avec Khartoum, qui vise à créer un centre logistique pour la marine russe. Le décret a été publié au journal officiel des informations réglementaires.

D’après les termes de ce document, préalablement soumis à l’approbation du Premier ministre russe, Mikhaïl Michoustine, la base aura des fonctions de réparation et de ravitaillement. La nouvelle structure, destinée à être construite à proximité de Port-Soudan, pourra accueillir jusqu’à 300 soldats et civils, mais seuls quatre navires russes pourront stationner à la base en même temps. Ce dernier, selon les plans de Moscou, servira principalement à améliorer les capacités d’opération dans l’océan Indien et étendra l’influence de la Russie sur le continent. La base serait utilisée pour les opérations de réparation et de ravitaillement en carburants et comme lieu où le personnel naval russe serait stationné. L’agence de presse d’État russe TASS a prédit que la nouvelle installation facilitera les opérations de la marine russe dans l’océan Indien en s’appuyant sur des équipages de remplacement pour ses navires à longue portée. Il a également émis l’hypothèse que le pays renforcera son nouvel avant-poste africain avec des systèmes de missiles sol-air avancés, lui permettant de créer une zone d’exclusion aérienne sur de nombreux kilomètres à la ronde. « Notre base au Soudan sera une autre occasion pour nous d’écouter et de capter l’attention », lit-on dans un article de TASS sur la nouvelle structure.

 Le terrain sur lequel sera construite la base sera fourni par le Soudan et Moscou aura le droit de transporter toutes les armes, munitions et autres équipements dont il aura besoin via les aéroports et les ports soudanais pour soutenir le projet. La Russie dispose déjà d’une installation navale similaire dans le port de Tartous, en Syrie, où elle exploite également une base aérienne. Bien que Moscou connaisse un succès considérable dans la vente d’armes aux pays africains, elle est encore loin derrière d’autres concurrents internationaux en termes commerciaux. La Russie affirme que son commerce avec les pays africains est passé à 20 milliards de dollars en 2018.

En Afrique, la Russie est en concurrence avec d’autres nations, y compris la Chine. Djibouti, par exemple, abrite des bases navales chinoises, américaines et françaises, et plusieurs autres marines utilisent souvent son port. S’exprimant devant les chefs d’État africains, réunis à Sotchi pour participer à la réunion, Poutine a déclaré que la Russie avait l’intention de doubler ses échanges avec les pays du continent africain dans les 4 ou 5 prochaines années. Le président a ensuite souligné que Moscou avait annulé des dettes africaines d’une valeur de plus de 20 milliards de dollars.

Les responsables américains ont déjà promis de contrer ce qu’ils considèrent comme une influence politique et économique dangereuse de Moscou dans les affaires africaines, à égalité avec celle déjà exercée par la Chine, qui est depuis longtemps très présente sur le continent et organise des sommets bilatéraux depuis 2006. En décembre 2018, le conseiller américain à la sécurité nationale, John Bolton, avait accusé Moscou de pratiques commerciales « corrompues » et « prédatrices » et de vente d’armes et d’énergie en échange de votes aux Nations Unies. Moscou a réfuté les accusations de Washington.

L’histoire continue

La Grande-Bretagne est l’un des pays qui essaie tranquillement de gagner de l’influence à Khartoum. En juin, le Royaume-Uni a annoncé qu’il dépenserait 150 millions de livres pour aider à « réformer l’économie du pays, stabiliser l’inflation et réduire la pauvreté ». L’annonce de la Russie devrait sonner l’alarme à Washington. Le mois dernier, les États-Unis ont retiré le Soudan de leur liste des États qui parrainent le terrorisme pour la persécution des chrétiens par M. Omar el-Bechir, le soutien d’Al-Qaïda et même l’accueil d’Oussama Ben Laden à un moment donné. Le retrait du Soudan de la liste libérerait enfin le pays des sanctions qui ont paralysé son économie pendant des décennies. L’établissement des nouvelles de base de la Russie frappera également durement la Turquie. Recep Tayyip Erdogan, le président turc, avait des liens étroits avec le régime de M. Bechir, qui a permis à la Turquie de construire un quai naval moderne sur l’ancien port de Suakin, à l’époque ottomane, en 2017.

Source : Courrier Diplomatique

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