« Très mal passé » ! Tels sont les mots qui seraient sortis de la bouche du président Touadéra à l’endroit de son indéboulonnable premier ministre Sarandji et de son gouvernement composé de baroudeurs politiques, de débauchés et de parents, amis et connaissances, réunis en conseil des ministres, dès son retour au pays de B. Boganda non pas après avoir effectué une mission mais plutôt déféré à une convocation du tchadien Idriss Déby.
Selon des sources émanant de la présidence de la République, la rencontre de Ndjamena entre l’homme de la rupture et l’homme fort du Tchad et allié des seigneurs de guerre de la Séléka était glaciale, inamicale et on ne peut plus très tendue. Touadéra ne s’était pas rendu à une visite de travail entre deux chefs d’état mais plutôt était sommé de se présenter dare – dare comme un sous – préfet pour une communication d’une très haute importance. Celle d’entendre son hôte tchadien lui vociférer dans les oreilles qu’il avait tout fait pour la République centrafricaine, tout dit et qu’il était obligé de le faire venir pour lui ordonner d’opter hic et nunc et manière claire et nette pour une amnistie générale comme solution à la résolution de la crise actuelle. Et Déby de renchérir que c’est à prendre ou à laisser et de le prier tout bonnement de partir.
Sur ce, l’homme de Boy – Rabé se serait ensuite dirigé vers Alpha Condé, président de l’UA, pour recevoir les mêmes injonctions adoubées de la seule condition que celles – ci doivent être formalisées au cours du 29ème sommet dont les travaux sont prévus du lundi 3 au mardi 4 juillet 2017, à Addis – Abéba.
Ceci étant dit, point n’est besoin d’être un expert en sciences politiques pour comprendre que la méthode peu diplomatique telle que développée ci – dessus à laquelle le président Déby a fait recours ne viserait qu’à obtenir coûte que coûte l’annulation du Rapport Mapping dans lequel le Tchad et son armée ont été accusés d’avoir commis de graves exactions et de crimes en Centrafrique et qui les couvriraient de honte et d’une certaine culpabilité. Et le moyen le plus sûr pour parvenir à cet objectif n’est rien d’autre que l’adoption d’une amnistie générale dont jouiraient tous les principaux responsables de la Séléka et toutes les bandes armées ayant bénéficié de multiples et multiformes soutiens de la part de Déby et de son pays.
Seulement, il n’est pas de la compétence du président Touadéra, même s’il semble déjà avoir exprimé son accord à ce propos en face de son homologue tchadien, d’ordonner ou de décréter une loi d’amnistie comme s’il pouvait aussi facilement que possible apposer sa signature au bas d’un quelconque décret. A ce sujet, la constitution du 30 mars 2016 non seulement assujettit malheureusement l’octroi d’une amnistie à une loi relevant du domaine du pouvoir législatif mais surtout confère à certains crimes le caractère insusceptible de tomber sous le coup d’une loi d’amnistie.
Du coup, l’homme de Boy – Rabé se trouve dans un véritable labyrinthe, ne pouvant pas à lui seul contourner les dispositions de la loi constitutionnelle sus – évoquée pour assouvir les desseins machiavéliques de son mentor tchadien et ceux de tous les bourreaux de tout un peuple, sans exclusive. Et même s’il devait par des formules magiques en arriver là, quid de la réaction du peuple et de la communauté internationale, farouchement opposés depuis lors à cette loi d’amnistie et au retour de tous les égorgeurs et autres liquidateurs patentés de la République au pouvoir ?
Décidemment il est vraiment assis sur des charbons ardents.
Jean – Paul Naïba