Révélation : après Bakouma, Bangassou retient son souffle

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On en apprend un peu plus sur la situation à Bakouma, village minier du sud-est de la République centrafricaine aux importants gisements d’uranium, et qui a été investi depuis une semaine par les milices ex-Seleka du Front populaire pour la renaissance de la Centrafrique (FPRC).

Dimanche 6 janvier 2019, une mission d’évaluation de la force onusienne Minusca est revenue de ce village totalement isolé.

Faute de téléphone, de connexion, les informations qui jusqu’ici parvenaient de Bakouma, à quelque 850 km au sud-est de la capitale de RCA, Bangui, s’avéraient contradictoires. La Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation en Centrafrique (Minusca) s’est rendue sur place pour dresser un état des lieux. De retour de Bakouma, elle dresse un sombre tableau.

Selon le numéro deux de la mission de l’ONU et représentant spécial adjoint de l’ONU en Centrafrique, Kenneth Gluck, la localité -qui comptait quelque 12000 habitants- est aujourd’hui livrée aux miliciens du FPRC, qui ont déjà pillé plus de 90% des maisons. Il ne reste plus à Bakouma que des personnes âgées ou handicapées. Certains ont trouvé refuge dans des villages alentour, d’autres ont mis quatre à cinq jours pour rallier à pied la ville de Bangassou, quelque 130 km plus loin.

Mais le gros de la population a fui dans la brousse aux alentours du village. Kenneth Gluck, qui dit continuer de privilégier « la voie du dialogue », en « appelle » au bon sens : « Notre priorité à court terme, c’est d’assurer la sécurité et le bien-être des déplacés. Et bien sûr, d’assurer que cette activité menaçante et déstabilisatrice du FPRC ne s’étende pas à d’autres zones. »

Le représentant spécial adjoint de l’ONU en Centrafrique est formel, les ex-Seleka du FPRC ont attaqué un village civil, « ce qui peut être considéré comme un crime de guerre ». « Il y aura une prise de décision dans les semaines à venir : que peut-on faire pour demander l’expulsion du FPRC ? S’il y a besoin de prendre des mesures militaires, ça reste une possibilité aussi », prévient-il.

Les Faca, Forces armées de Centrafrique, ainsi qu’un contingent marocain de la Minusca, sont basés à une dizaine de kilomètres de là, selon des sources indépendantes. Kenneth Gluck rappelle également aux membres du FPRC qu’ils sont engagés dans un processus de paix sous l’égide de l’Union africaine (UA), et que leur attaque est « totalement incompatible » avec leur engagement.

« Les attaques contre les humanitaires sont un élément très grave de la situation »

« Nous sommes en train d’aider les humanitaires à chercher les déplacés pour les aider », assure l’émissaire onusien qui s’inquiète aussi des attaques dont sont victimes les humanitaires, devenues quasi quotidiennes en République centrafricaine.

Même si nous avons réussi à stabiliser quelques zones de la Centrafrique, les humanitaires sont menacés. Il y a les braquages violents, il y a les attaques sur les convois humanitaires. Ces attaques provoquent un manque d’assistance et des pertes en vies humaines.
Kenneth Gluck dénonce les attaques ciblant les organisations humanitaires en RCA
Le nombre d’attaques dirigées contre les humanitaires augmente constamment. Le bureau du coordinateur humanitaire en RCA a tiré la sonnette d’alarme, après le meurtre d’un travailleur humanitaire dans la ville de Batafango il y a deux jours, et alors que le nombre d’attaques dirigées contre les humanitaires augmente constamment : près de 400 incidents ont été recensés en 2018, soit 17,5% de plus que l’année précédente.

RFI

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