République centrafricaine : péril sur l’exécution du budget 2024

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Seuls 51 milliards Fcfa de ressources budgétaires ont été mobilisés aux plans interne et externe au cours du premier trimestre, sur une prévision annuelle de 291 milliards Fcfa. Les dépenses d’investissement exécution à hauteur de 6,74%, soit 7,85 milliards Fcfa en valeur réelle sur une prévision annuelle de 117 milliards. Le ministère des Finances et du Budget tire la sonnette d’alarme.

Publiée lundi 27 mai 2024 à 14:57:44Modifiée lundi 27 mai 2024 à 14:57:47

L’économie centrafricaine se relève progressivement de la crise des hydrocarbures qui a débuté en avril 2022, avec pour corollaire un affaissement de l’activité économique, une détérioration des finances de l’Etat et une poussée inflationniste aigüe. Les efforts du gouvernement, appuyés par la facilité élargie de crédit du Fonds monétaire international (Fmi), ont permis d’amorcer un processus de stabilisation qui devrait conduire graduellement à une accélération de l’activité économique en 2024, avec une croissance économique projetée à 1,5% après 1% l’année dernière. Un objectif bien en deçà du taux de croissance du Pib projeté en zone Cemac cette année, à savoir 2,9%. Selon les prévisions des autorités, l’inflation, elle, passerait de 6,5% en 2023 à 2,7% en cette année. L’Etat centrafricain est conscient, en tout cas, que l’amélioration de ces indicateurs sera tributaire non seulement de l’optimisation de la collecte des ressources internes et externes, de la rationalisation des dépenses publiques de façon à garantir le fonctionnement optimal des services, mais aussi de la poursuite du programme infrastructurel du président Faustin Archange Touadera.

Le rapport d’exécution du budget au premier trimestre 2024, que vient de publier le ministère des Finances et du Budget (Minfib), renseigne qu’au cours des trois premiers mois de l’exercice en cours, sur une prévision annuelle de 291,84 milliards Fcfa, les ressources budgétaires ont été mobilisées à hauteur de 51,01 milliards Fcfa, constituées ainsi qu’il suit : ressources propres (38,99 milliards Fcfa) et ressources extérieures (12,03) milliards Fcfa. Soit un taux de mobilisation de 17,48%. En comparaison avec le niveau de mobilisation des ressources budgétaires à la même période l’année dernière, une hausse de 24,97% est constatée. Celle-ci est justifiée, notamment, par une augmentation des recettes propres domestiques de l’Etat et des appuis budgétaires. Près de 39 milliards Fcfa de recettes fiscalo-douanières ont pu être mobilisées sur une prévision de 160 milliards Fcfa (24,29%), contre 32 milliards Fcfa à la même période l’an dernier. Soit 13,3 milliards Fcfa pour les Douanes, 16,2 milliards Fcfa pour les impôts et 6,5 milliards Fcfa pour le trésor. Les ressources extérieures culminent à la période sous revue à un peu plus de 12 milliards Fcfa, soit un taux de réalisation de 9,16% par rapport à la prévision de 131 milliards Fcfa. Elles sont composées de 6,5 milliards Fcfa d’appuis budgétaires à travers les droits de tirages spéciaux du Fmi (19,61% par rapport à la prévision), des appuis projets à hauteur de 5,5 milliards Fcfa (5,62%) et 5,5 milliards Fcfa de dons projets (6,02%). Sur les 6,5 milliards Fcfa d’emprunts projets budgétisés, le pays n’en a contracté aucun jusque-là.

Le ministère des Finances et du Budget explique cette faible mobilisation des ressources extérieures, qui d’après lui est provisoire, « par la difficulté des agents du ministère de l’Economie, du Plan et de la Coopération internationale à collecter les données auprès des unités de gestion des projets ». Il apparait clairement, au regard des chiffres ci-dessus et même si l’on se rapproche des cibles souhaitées dans certaines rubriques, que le niveau de mobilisation des ressources budgétaires en RCA reste faible d’un point de vue global. En clair, pour les trois trimestres restants, les services dédiés, à tous les niveaux, sont appelés à mettre les bouchées doubles s’ils veulent parvenir à réaliser les objectifs budgétaires contenus dans la loi de finances de 2024. Surtout que, au cours du premier trimestre, les dépenses d’investissement n’ont été exécutées qu’à hauteur de 6,74%. En valeur réelle, ces dépenses s’élèvent à seulement à 7,85 milliards Fcfa sur une prévision annuelle de 116,58 milliards Fcfa.

L’analyse des rapports sur la situation de l’exécution du budget des ministères et des différentes institutions réalisée par le Minfib fait ressortir une kyrielle de difficultés. Notamment, l’instabilité du réseau informatique liée aux coupures intempestives de l’électricité. Cette situation ne facilite pas l’exploitation de gestion budgétaire et comptable Sim_Ba. Le ministère des Finances et du Budget pointe également le non-respect des délais d’exécution par certains fournisseurs, le non-respect des délais de transmission des pièces justificatives des dépenses par certains bénéficiaires des subventions et caisses d’avances, la lourdeur des procédures d’exécution de la dépense publique, l’impact négatif de l’insécurité dans certaines parties du pays sur le recouvrement des recettes, et la non maturation de certains projets, qui entraîne un retard dans le lancement des marchés.

Le gouvernement préconise, entre autres solutions, de former les acteurs de la chaîne de la dépense publique sur l’utilisation de l’application Sim_Ba et de mettre en place un dispositif de sécurité pour un recouvrement optimal des recettes afin de faire aux dépenses régaliennes.

Ecomatin

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