Réhabilitation des infrastructures routières : silence coupable des élus de la nation face aux grossiers mensonges du premier ministre Ngrébada

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Alors qu’en les élisant en 2016, nous avons cru, par cet engagement solennel qui scellait en réalité une sorte de contrat social entre eux et nous, leur avoir confié dans les urnes la gestion de notre destinée et de ce fait ils devenaient nos mandataires, dotés de la sacrée mission de parler en lieu et notre place, de veiller scrupuleusement à la défense de nos intérêts et de contribuer inlassablement à l’amélioration des conditions de notre vie, par l’exécution de leurs tâches de représentants nationaux, en votant des lois, en les proposant et en contrôlant l’action gouvernementale, plus de trois (3) années plus tard, c’est peine perdue et nous n’avons plus que nos gros yeux pour pleurer. Abondamment, ruminant ainsi nos colères et tentant difficilement d’oublier la bêtise que nous avions faite, tant non seulement ils nous ont en retour tous trahis mais surtout ont pris fait et cause pour nos bourreaux et les liquidateurs de la République.

Ces mots qui sont ceux d’un grand commis de l’Etat à la retraite, ci – devant contrôleur général des finances ayant occupé plusieurs fonctions au ministère des finances et du budget, en général, à la direction générale du budget, la direction du contrôle financier, la direction des ressources humaines et à l’inspection générale des finances, en particulier, résument bien ce que pensent la majorité des centrafricains de ceux qu’ils appelaient jadis fièrement honorables et qui viennent de les décevoir grandement pendant cette 6ème législature.

A propos, le spectacle désolant qu’ils ont offert au peuple centrafricain, il y a quelques jours, lors de la séance d’interpellation du gouvernement, est plus que préoccupant et se révèle indubitablement de nature à enlaidir davantage leur image déjà hideuse et très mal au point dans l’opinion et la conscience collective qu’à contribuer à la soigner un tant soit peu. A ce rythme et à l’allure où le ressentiment des centrafricains, dans nos préfectures, nos sous – préfectures, nos communes et nos villages, à leur endroit ne cesse de s’accroître dangereusement, non tantum la plupart d’entre eux ne seraient jamais réélus, sed etiam un bon nombre de personnes seraient tout simplement  déchues de leur appartenance à ces régions ou plus exactement ces circonscriptions qui les ont vues naître, grandir et où elles ont encore des parents, amis et connaissances, en sus des biens meubles et immeubles. Que s’est – il réellement passé ce jour – là ? Décryptage.

Interpellé le 13 novembre 2019 par les représentants nationaux sur l’état quasi – inexistant, difficile et totalement délabré du réseau routier centrafricain, le premier ministre Firmin Ngrébada n’est pas allé avec le dos de la cuillère pour annoncer orbi ac urbi que son gouvernement a prévu et dispose au titre de l’exercice budgétaire en cours une enveloppe d’un montant de 13, 361 milliards de Fcfa, destinée aux travaux de réhabilitation des infrastructures routières sur toute l’étendue du territoire national. Il a été, on ne peut plus, clair et explicite ainsi qu’il suit : « S’agissant de la réhabilitation des routes dégradées, par l’effet d’inondations, et de la ligne budgétaire consacrée à ces travaux, le gouvernement avait inscrit dans le budget 2019 en cours d’exécution un montant de 13, 361 milliards FCFA pour les travaux d’entretien et de réhabilitation de routes ».

Afin de convaincre ses interlocuteurs de ce que le gouvernement dont il a la noble et respectueuse charge de diriger, fait des grands efforts dans ce domaine, le locataire de la primature n’a pas hésité à donner un chiffre : «  jusqu’à ce jour, le gouvernement a dépensé sur ses ressources propres un montant de 1, 433 milliards FCFA pour des travaux exécutés par les entreprises notamment le GER, SAGIS, Semence, SOFIA. Avant l’attribution de ces marchés, le gouvernement a évalué les capacités techniques de ces entreprises suivant la règlementation en vigueur en matière de passation des marchés publics ». Toutefois, pour lancer ces travaux et les exécuter selon les règles de l’art, il faudrait attendre la bonne période, celle de  la saison sèche, selon son ministre des travaux publics, un certain Hamza Guismala.

Aussi pertinentes et solides que puissent paraître ces deux interventions qui revêtent fondamentalement un caractère tant politique que technique, il n’en demeure pas moins cependant qu’elles souffrent outrancièrement d’un grave déficit, en termes de précisions, de contenus, de détails et d’argumentations budgétaires, comptables et financières. Car le premier ministre et son ministre des travaux publics n’ont pas été invités  comme des titulaires de chaire dans un amphithéâtre croyant détenir et manier comme des prestidigitateurs et selon leur bon vouloir la vérité, devant une masse d’étudiants en quête du savoir. Ils se sont présentés dans l’hémicycle de l’assemblée nationale devant des élus de la nation, c’est – à – dire un aréopage d’hommes et de femmes, mandatés par le peuple, parlant en son nom et ayant l’impérieuse obligation de savoir à quoi a servi la contribution publique, afin de rendre compte, le moment venu, à leurs mandants.

En l’espèce, autrement dit dans le cas précis, nos deux intervenants se devaient de ne pas rester évasifs mais plutôt de s’efforcer d’être concis, précis et persuasifs, d’une part, et  de rendre publics l’usage qu’ils ont fait jusqu’à ce jour de l’enveloppe de 1,433 milliards de Fcfa, les objets des dépenses, les kilométrages des travaux réalisés, les noms des entreprises bénéficiaires des marchés, les modes des contrats retenus, les montants des marchés et les paiements effectués, d’autre part. C’est ce travail trop simpliste qui est demandé aux élus de la nation. Et c’est cela « contrôler l’action gouvernementale ». C’est ce qui signifie « demander la reddition des comptes au gouvernement ».

S’ils avaient placé cette interpellation du 13 novembre 2019, sous cet angle, alors ils auraient crevé l’abcès et vidé avec de la manière toute sa puanteur. Car, ils se seraient bien rendus compte que depuis 2016 à ce jour les ressources propres votées annuellement dans les différentes lois de finances n’ont servi, à l’exception des bricolages de l’axe Baoro – Carnot – Berbérati et de l’avenue de l’université, à réhabiliter aucune route, à construire aucune école, à entretenir aucun poste de santé, et à réparer aucun pont cassé ou emporté par des eaux impétueuses. Ils se seraient réveillés de leur longue nuit de sommeil pour se rendre à l’évidence et comprendre que, dans l’enveloppe de 13,361 milliards de Fcfa à laquelle le premier ministre Ngrébada a fait allusion un peu plus haut, la part de l’Etat ne s’élève en réalité qu’à 2 milliards de Fcfa ; ce qui est largement insuffisant pour réaliser les travaux de réhabilitation de l’axe M’Baïki – Boda, pourtant distant seulement de 85 Km.

Ils se seraient enfin rendus compte de la nudité absolue de leurs interlocuteurs du moment et auraient compris que « le filou de Dondra » a tout fait pour que nos lois de finances ne soient pas sincères et crédibles, que les plans de passation des marchés d’investissement ne soient pas signés et disponibles avant le mois de juin de chaque exercice budgétaire, et que, du coup, les crédits ne pussent pas faire l’objet d’engagement, de liquidation et d’ordonnancement, courant les mois de novembre et de décembre, comme l’a bien voulu le faire croire le ministre des travaux publics. Alors ils auraient eu honte d’eux – mêmes et se seraient révoltés des méthodes mises en place pour que ces crédits ne fussent engagés que pour les bénéficiaires qui sont connus de lui et qui lui ont promis de fortes rétro – commissions,  ou qu’ils ne fussent jamais engagés ou qu’ils fissent tout simplement l’objet de transferts sur d’autres chapitres et servir à des engagements des dépenses autres que celles pour lesquels ils ont été ouverts.

Malheureusement, par faute de connaissances suffisantes en la matière ou tout candidement par achats de conscience, ils se sont tus et se sont laissés copieusement bernés et tournés en bourriques, et avec eux tous leurs électeurs, c’est – à – dire tout le peuple centrafricain, par M. l’inspecteur de travail et des lois et sociales et son ministre. Dommage !

Vive la République du Centre de Nulle Part et des Groupes Armés !

Affaire à suivre….. !

Jean – Paul Naïba

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