RCA : l’optimisme de la Minusca remis en cause

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Sur la DW, Mankeur Ndiaye, le patron de la Minusca, s’est félicité des avancées sur le plan politique et sécuritaire. Mais certains Centrafricains sont en colère.

    
Rebellen in Bangui (DW/Simone Schlindwein)

Au cours d’une interview qu’il a accordée à la DW le vendredi 2 octobre dernier, Mankeur Ndiaye, le patron de la Minusca (la mission de l’ONU en République centrafricaine), s’est félicité des avancées sur le plan politique et sécuritaire.

« Rien que pour le mois de septembre (2020), par exemple, on a pu désarmer plus de 70 combattants. Donc, il y a quand même des progrès qui ont été faits »,a déclaré le représentant spécial du Secrétaire général pour la République centrafricaine (RCA) et chef de la mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (Minusca).

62 des 71 sous-préfets redéployés

Gervais Lakosso: « les préfets et sous-préfets dépendent des groupes armés »

Mankeur Ndiaye a aussi déclaré que l’État centrafricain est présent dans les 16 préfectures et que 62 sous-préfets sur les 71 que compte le pays ont été redéployés. Plus de 1.500 policiers et 2.000 gendarmes ont été remis sur le terrain, a-t-il ajouté. Un satisfecit que tempère Gervais Lakosso, le coordonnateur du groupe de travail de la société civile.

Selon lui, « ces préfets, ces sous-préfets dépendent des groupes armés. À Kaga-Bandoro par exemple, il y a un préfet, mais, il ne peut rien faire, sans autorisation d’Alkhatim (Mahamat al-Khatim, aussi connu sous le nom de Mamahat al-Hissène, de nationalité tchadienne, est le chef du Mouvement patriotique pour la Centrafrique, MPC). C’est la même chose à Bria (dans l’Est du pays). Et en ce moment, les  3 R (Le groupe 3R « Retour, Réclamation et Réhabilitation est un groupe rebelle centrafricain créé fin de 2015  et dirigé par le général autoproclamé Sidiki Abass, ndlr), ce sont tous des étrangers. Ce sont des mercenaires, le MPC de Al-Khatim est Tchadien, l’UPC de Ali Darassa est Nigérien. Et quand la Minusca dit que la situation s’est améliorée, c’est grave. C’est très grave. »

Jean-François Akandji-Kombé : « Ali Darassa occupe à peu près 1/5ème de notre territoire »

 

Des zones sans représentation étatique

Professeur de droit public à l’Ecole de droit de la Sorbonne (Paris, France), Jean-François Akandji-Kombé estime lui aussi que l’État n’est pas présent sur l’ensemble du territoire national.

« Ali Darassa (le leader du mouvement rebelle Unité pour paix en Centrafrique (UPC) occupe aujourd’hui à peu près 1/5ème de notre territoire. Dans cette zone-là, il n’y a pas eu de redéploiement de l’État. D’ailleurs, lorsque Mankeur Ndiaye était en train d’expliquer que l’enrôlement des électeurs était fait à tel ou tel endroit, il n’a jamais cité la préfecture de la Basse-Kotto, la préfecture du Mbomou, la préfecture du Haut-Mbomou. Ce sont les hauts lieux où s’exerce le pouvoir absolu d’un chef de guerre qui s’appelle Ali Darassa », soutient le chercheur.

Un report de l’élection impensable, selon la présidence

Ministre conseiller et porte-parole de la présidence centrafricaine, Albert Yaloké Mokpeme indique pour sa part que tous ces groupes armés sont déjà en fuite.

Albert Yaloké Mokpeme : « il n’est plus question de négocier avec les rebelles »

« Il y a des hommes et des femmes qui n’aiment pas voir revenir la paix dans notre pays. Ils sont en pleine débandade aujourd’hui. Leur chef demande de négocier. Personne n’en veut. Il n’est plus question de négocier », explique Albert Yaloké Mokpeme.

Dans ce contexte confus d’insécurité, plusieurs acteurs politiques préconisent le report de l’élection présidentielle du 27 décembre prochain. Rien n’empêchera cependant de les organiser, rétorque Albert Yaloké Mokpeme qui compte sur le soutien de la mission de l’ONU déployée dans le pays pour la réussite de ce processus électoral.

Deutche Welle

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