RCA : le dialogue de paix doit succéder à celui des armes, Mme Nathalie BROADHURST

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INTERVENTION DE MME NATHALIE BROADHURST,
REPRESENTANTE PERMANENTE ADJOINTE DE LA FRANCE AUPRES DES NATIONS UNIES, CHARGÉE D’AFFAIRES A.I.

AU CONSEIL DE SECURITE

New York, le 18 octobre 2021

Thank you Mr President,

Monsieur le Président,

Je remercie le Représentant spécial, le Commissaire Paix et sécurité de l’Union africaine, le Chef de la délégation de l’Union européenne et Madame Pamela Audrey Derom, représentante de la société civile, pour leurs interventions.

Je salue également la participation à cette réunion aujourd’hui du Président Faustin-Archange Touadéra, ce au lendemain de l’annonce qu’il a faite le 15 octobre d’un cessez-le-feu immédiat en RCA.

La France salue cette annonce, résultat, comme nous le savons, des efforts déployés depuis plusieurs mois par les Etats de la sous-région, et en particulier par l’Angola et le Rwanda.

Il s’agit d’un signal extrêmement encourageant qui, s’il est suivi d’effet, permettra à la RCA, avec le soutien de la communauté internationale, de reprendre son chemin vers la stabilité et vers le développement.

Le plus dur reste toutefois à faire car bien sûr toutes les parties devront pleinement le respecter. La France appelle ainsi tous les groupes armés, les forces armées centrafricaines et l’ensemble des autres forces présentes en RCA à faire immédiatement taire les armes.

La France se tient prête à proposer au Conseil de sécurité de nouvelles sanctions individuelles à l’encontre de ceux qui se rendraient coupables de violations du cessez-le-feu.

La communauté internationale aura un rôle important à jouer pour garantir le respect du cessez-le-feu. La MINUSCA devra y prendre pleinement part, en utilisant tous les moyens que lui confère son mandat, en lien avec la médiation régionale, en exerçant ses bons offices, en facilitant le dialogue entre les parties au conflit. Je saisis cette occasion pour vous remercier, Monsieur le Représentant spécial, pour votre engagement pour la réconciliation en RCA.

Monsieur le Président,

Avec ce cessez-le-feu, le moment du dialogue de paix doit désormais succéder à celui des armes.

Ce dialogue, qui doit être sincère, inclusif, nécessite en premier lieu l’arrêt définitif et immédiat des violences qui sont commises à l’encontre des populations civiles. C’est la clef pour la réconciliation en Centrafrique.

De ce point de vue, la présence de Wagner en Centrafrique est profondément déstabilisante. Elle constitue un facteur de guerre et non pas un facteur de paix. Les preuves s’accumulent sur les exactions commises par ce groupe : les arrestations extrajudiciaires, les exécutions sommaires, les violences sexuelles et basées sur le genre, les menaces exercées contre des défenseurs des droits de l’Homme, les entraves à l’accès humanitaire. Tout cela est inacceptable et bien documenté dans le rapport du panel d’experts, dans le rapport conjoint de la MINUSCA et du Haut-Commissariat aux droits de l’Homme et puis enfin dans le rapport du Secrétaire général que nous examinons aujourd’hui. Wagner profite de surcroît de sa position pour se livrer à une prédation organisée des ressources naturelles. Et c’est pourtant à l’économie centrafricaine que ces ressources devrait bénéficier.

J’appelle à cet égard à lever l’ambiguïté qui est entretenue par l’utilisation, dans l’ensemble des rapports des Nations Unies, de l’expression « autres personnels de sécurité » qui entretient la confusion. S’il s’agit des forces bilatérales qui ont été notifiées au comité de sanctions, alors l’Etat concerné doit assumer la pleine responsabilité des exactions commises. S’il s’agit des mercenaires de Wagner, leur présence n’a jamais été notifiée au comité de sanctions : et elle n’est pas conforme à l’embargo renouvelé par ce Conseil au mois de juillet dernier.

Dans le prolongement des déclarations du Ministre centrafricain de la Justice, le 1er octobre dernier, qui reconnait ces exactions, la France appelle les autorités centrafricaines à n’accorder aucune impunité à leurs auteurs, à les traduire rapidement en justice et plus largement à en tirer toutes les conséquences pour l’avenir de la Centrafrique, afin d’œuvrer à la réconciliation dans la nouvelle phase qui vient de s’ouvrir.

Monsieur le Président,

Le mois prochain, nous renouvellerons le mandat de la MINUSCA.

Et la MINUSCA, comme cela a été rappelé, est le meilleur allié de la Centrafrique, chacun doit en avoir conscience. Elle a joué un rôle déterminant pour repousser les offensives de la CPC à l’hiver dernier. Elle est la seule à avoir la légitimité, les compétences et les moyens pour appuyer le renforcement des institutions et de l’armée centrafricaine, ce avec le concours d’autres partenaires tels que l’Union européenne, comme cela a été rappelé.

Mais la MINUSCA ne peut travailler quand elle est soumise à des calomnies sur les réseaux sociaux, dans la presse, à des violations de l’Accord sur le statut des forces qui mettent les casques bleus en danger direct. La France appelle le gouvernement centrafricain à tout faire pour rétablir une relation de confiance avec la MINUSCA.

La France proposera prochainement une résolution qui prendra à la fois en compte la nouvelle donne politico-sécuritaire mais qui insistera également sur la nécessité de mettre en œuvre très rapidement l’augmentation du plafond de troupes qui a été décidé par ce Conseil au mois de mars dernier. Nous espérons pouvoir compter sur le soutien de tous les membres du Conseil.

Je vous remercie.

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