Éditorial du quotidien Hirondelle du 9 Octobre 2023
RCA : « La foule et le Peuple »…
Avant de revenir sur l’incompréhensible marche qui avait eu lieu samedi 8 Octobre dernier, permettez-nous de rappeler, ici, cette célèbre citation de Victor Hugo : « Quelque fois, le Peuple se fausse fidélité à lui-même. La foule est traitre au Peuple ». Tenez ! Les partisans du régime de Bangui veulent restent fidèles à leur « logique ». Après la cabale médiatique lancée honteusement contre l’opposition, ils ont décidé de pousser loin le bouchon. Le weekend passé, une marche à la manière de la 7e République a été organisée à Bangui. On y a dénombré quelques centaines de manifestants, mineurs y compris. Motif ? Il parait que l’opposition veut déstabiliser le pouvoir depuis Paris. La réalité ? A l’initiative du chef de file de l’opposition, le député Anicet Georges Dologuélé , une réunion élargie des forces vices de la Nation s’était tenue à Paris où vivent exilés certains opposants persécutés par le magistère Touadéra. Selon nos informations, cette rencontre avait pour but d’analyser la situation globale du pays. A terme, un communiqué a été rendu public. Sans passer par le dos de la cuillère, l’opposition rejette en bloc la Constitution du 30 Aout 2023, adoptée dans les conditions que l’on sait. Et aussi, l’opposition a dénoncé le verouillage du jeu politique et a qualifié l’actuel pouvoir « d’illégitime » et « d’illégal ». Il faut dire que les forces vives de la Nation réunies à Paris ont réussi leur « coup politique ». Car, ça n’attendra pas quelques heures pour qu’en face, les fossoyeurs de la démocratie réagissent. Une vraie cabale médiatique et politique pour tenter de discréditer ceux dont l’unique crime est de défendre la démocratie et les libertés. A voir que Fidèle Gouandjika, proche collaborateur du Chef de l’Etat a fait de cette chronique une « affaire d’Etat », il n’y a plus de doute que c’est en mission commandée que les thuriféraires du régime agissent. Il n’y a qu’à observer les moyens mobilisés pour s’en convaincre davantage. Pourtant, il y a plus urgent à faire dans ce pays que de se chercher chaque jour des « ennemis fictifs » ou d’inventer des histoires hollywoodiennes sur les soupçons de coup d’Etat qui n’émeuvent plus grand monde.
Derrière les gesticulations des mineurs et autres désœuvrés recrutés par le pouvoir afin de manifester le 7 Octobre dernier, il y a bien pire : la volonté de lever l’immunité parlementaire de trois députés de l’opposition : Anicet Georges Dologuélé, Dominique Yandocka, Martin Ziguélé , tous des responsables de partis politiques. Connaissant le cynisme qui habite ceux qui tiennent le pouvoir en Centrafrique, il urge que les résistants et tous ceux qui croient à la démocratie puissent se lever afin de barrer la route à cette énième manœuvre visant à verrouiller entièrement et définitivement toutes les institutions de la République. Si l’Assemblée nationale a été depuis transformée en un repère de « commerçants politiques », Dologuélé, Yandocka et Ziguélé y défendent les valeurs démocratiques et méritent de ce fait d’être soutenus. C’est l’occasion de rappeler au Président Touadéra que sa « foule » est un groupuscule, cependant, le Peuple est un ensemble de groupes soudés par une histoire commune. Le Peuple est divers et accueille en son sein la disparité des classes et des opinions. Ces valeurs-là sont incarnés par ces trois députés visés par cette vendetta politique d’un autre temps. Stop, faire de la politique en Centrafrique ne doit pas être un crime !
LHRD
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