RCA: la Cour constitutionnelle autorise le vote des réfugiés

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RCA: la Cour constitutionnelle autorise le vote des réfugiés

Depuis 2012, le nombre de réfugiés centrafricains n'a cessé d'augmenter. Ici, dans le camp de Garoua Boulaï au Cameroun, en janvier 2014.
Depuis 2012, le nombre de réfugiés centrafricains n’a cessé d’augmenter. Ici, dans le camp de Garoua Boulaï au Cameroun, en janvier 2014. REUTERS/Mathieu Ngah/IFRC/Handout

Les réfugiés centrafricains vont devoir voter, pour éviter toute violation de la Constitution. Cette décision de la Cour constitutionnelle de transition, rendue vendredi 24 juillet, va à l’encontre de la loi adoptée début juillet par les autorités centrafricaines qui avaient exclu du vote les réfugiés en invoquant les risques de fraude.Selon les chiffres du HCR, le Haut Commissariat de l’ONU aux réfugiés, un dixième de la population centrafricaine a fui le pays depuis la fin de l’année 2012. Cela représente 460 000 personnes, dont pas moins de 190 000 électeurs, soit environ 10 % du corps électoral centrafricain.

Parmi ces potentiels votants, la grande majorité serait musulmane, précise le HCR. Les réfugiés centrafricains vivent au sein d’une quinzaine de camps dans plusieurs pays limitrophes de la RCA. Le Cameroun en accueille plus de la moitié. Viennent ensuite la République démocratique du Congo, le Tchad puis le Congo-Brazzaville.

A ces réfugiés, il ne faut pas oublier les 400 000 déplacés au sein de la Centrafrique. Depuis la fin de l’année 2012, le nombre de réfugiés centrafricains n’a cessé d’augmenter. Les vagues de départ les plus importantes ont eu lieu en mars et en décembre 2013. Aujourd’hui encore, des Centrafricains quittent leur pays, mais selon le HCR, les chiffres sont moins importants.

La crainte de la « fraude massive »

Si la décision de la Cour constitutionnelle de réintégrer ces réfugiés dans le processus électoral a été saluée par l’ONU, elle ne réjouit pas la majorité des politiciens centrafricains. Certes, les exclure du processus électoral pose question en terme de représentativité. Mais pour Bertin Bea, secrétaire général du KNK, le parti de l’ex-président François Bozizé, le vote des réfugiés ne peut qu’alimenter une fraude massive. « Sur la question du vote des réfugiés, tous les partis politiques dans leur quasi totalité ont rejeté ce vote. Et le Conseil national de transition l’a fait aussi. Pas pour des raisons farfelues, mais pour des raisons objectives, juridiques, logistiques et pratiques. Parce que ces compatriotes sont sur des territoires étrangers. Et donc toutes ces questions montrent que pour nous, au KNK, et pour d’autres partis politiques, c’est une machine à fraude massive qui est préparation pour modifier le cours des élections », estime Bertin Bea.

Si la majorité des leaders politiques banguissois ne voulaient pas accorder le droit de vote aux réfugiés, ils se rangent derrière l’avis du Conseil constitutionnel tout en relativisant l’importance de la communauté des réfugiés. « La majorité de nos concitoyens déplacés sont des familles, tous ne sont pas en âges de voter », argumente Joseph Bendounga, membre de la coordination des partis politiques de Centrafrique. « De toute façon, cela ne va pas changer la donne ou inverser une quelconque tendance électorale », pronostique-t-on dans l’entourage de la présidente.

Qu’ils soient pour ou contre, tous sont au moins d’accord sur une chose : faire voter les réfugiés va poser d’énormes problèmes techniques, alors que l’élection présidentielle est prévue dans trois mois, le 18 octobre.

Un pas vers la réconciliation

Le défi est maintenant de permettre le vote de ces populations réfugiées, et il s’annonce difficile à relever. Mais pour le HCR, qui s’était inquiété de l’exclusion du vote d’une partie des citoyens centrafricains, leur vote est essentiel.

Céline Schmitt, porte-parole du HCR, estime que cette participation doit permettre la réconciliation. « Il est important que les réfugiés puissent participer aux élections en République centrafricaine, qui auront lieu plus tard dans l’année. On sait que dans le règlement de la situation centrafricaine, la réconciliation est un point très important », souligne la représentante du Haut Commissariat.

Désormais, il va falloir mettre en place la logistique pour cela. Une logistique à laquelle le HCR contribuera, explique Céline Schmitt. « Ce sont des discussions maintenant qui vont avoir lieu entre les différents acteurs pour voir qu’elles sont les modalités qui pourront être mises en place et donc le HCR peut notamment aider à la facilitation du vote dans les camps de réfugiés. »

RFI

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