RCA-ÉTAT VOYOU: ARRESTATION ET DÉTENTION ARBITRAIRE D’UN JOURNALISTE PAR LA POLICE

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On croyait qu’avec l’Accord de paix de Khartoum, les vieilles habitudes des hommes armés, forces gouvernementales comme groupes armés, allaient cesser. Mais c’est mal connaître les ripoux et vampires professionnels qui n’ont aucun respect de la dignité humaine. Les lecteurs sont invités à se faire une idée de la Police centrafricaine à travers ce reportage fait par une victime des éléments de la Police centrafricaine qui n’ont pas encore entendu le son de cloche de la « rupture » claironné par le président Touadéra, ni fait le deuil du passé.

REPORTAGE
24 HEURES Á LA CNS
(Récit du journaliste Fred Bruno Athanase Krock, Directeur de la radio Lengo Songo)
(…) Je vois que vous êtes nombreux à vouloir me demander sur mon épopée noire de la CNS.
Aux environs de 21h30 [du vendredi 15 février 2019, ndlr], après avoir bouclé mon journal à la radio et rentré à la maison, je suis sorti me coiffer dans un salon en face du siège du parti RPR à Benzvi. J’ai garé ma moto juste au bord.
Soudain, un taxi en marche-arrière, vient percuter et renverser la moto. Je sors, le taximan a tenté de s’en fuir. Je le rattrape en grimpant dans la cabine et l’empêchant, afin de s’occuper de la moto. Erreur! C’est une bande d’une dizaine de méchants qui va me rouer de coups et m’ont mis au milieu. Entretemps, ils m’ont dépouillé de tout.
Je vois un pick-up de la police (CNS) qui vient s’arrêter juste un instant et rebrousse chemin. J’ai appelé le Directeur de la CNS qui a envoyé une deuxième patrouille mobile dans le secteur. Les policiers m’ont embarqué et le taximan seulement à destination de CNS. Comme si tout a été planifié pour mon malheur, car le chef de poste en service a très vite conclu contre toute attente que j’ai porté main sur un taximan en service, il doit me maintenir.
Après, toutes les tractations n’ont rien donné que mon séjour en purgatoire de CNS et le paiement de 40.000 F.CFA. Le taximan lui, est libéré la nuit-même, vers 1h00 min. Je ne comprenais pas toujours.
Le matin, la somme demandée a été remise au chef de poste qui n’a pas daigné me libérer. Ce qu’il va faire vers 15h30. (Fin)


COMMENTAIRE
Cet acte dont le journaliste Krock est victime constitue une grave violation de l’Accord de Khartoum qui interdit aux forces gouvernementales (FACA, Gendarmerie, Police…) et aux groupes armés de s’en prendre sans motif aux citoyens. Au lieu de protéger une victime, les policiers s’allient du côté des bourreaux, ce qui est scandaleux.
Même les séléka au pouvoir de mars 2013 à janvier 2014 respectaient les journalistes et professionnels des médias en Centrafrique. Certes, à leur prise du pouvoir, des sièges des entreprises de presse ont été vandalisés ou pillés comme les maisons des particuliers et les commerces, les Institutions de l’Etat. Mais les sélékas n’ont pas embastillé des journalistes sans motif. En dépit de la mauvaise publicité d’eux que faisaient les journalistes, les dirigeants séléka avaient fait un don de vingt-cinq (25) millions de FCFA qui étaient partagés à tous les médias privés sans exception (une soixantaine). Même les médias qui avaient disparu de la circulation avaient reçu quelque chose. Or, le pouvoir démocratiquement élu de droit divin n’a donné que 25 millions FCFA à 15 médias privés qu’il considère comme favorables à eux, excluant proprement plus de 50 organes de presse régulièrement reconnus et ayant satisfait à toutes les conditions pour bénéficier de la subvention de l’Etat.


Le régime Touadéra a la particularité d’introduire la division au sein des journalistes et professionnels des médias ainsi qu’aux organisations des professionnels qu’il a réussi à diviser en deux catégories par pur manichéisme :
-les bons sont ceux qui sont du pouvoir ou qui sont prompts à faire la volonté du pourvoir. Ils sont considérés comme malléables car acquis à la cause des Institutions de la République et des princes qui nous gouvernent, parce qu’ils encensent le pouvoir sans état d’âme, et donc la 5è colonne du pouvoir;
-les mauvais sont ceux qui sont réellement indépendants, démocratiques et qui défendent les droits de l’homme, la justice, la démocratie, au point de critiquer les mauvaises pratiques du pouvoir. Ceux-là n’ont droit qu’à la médisance, à la maltraitance, à tous les coups bas.
Le pouvoir Touadéra est prompt à donner des centaines de millions aux groupes armés qui massacrent les populations, mais ne donnent rien aux médias dont le péché impardonnable est leur courage de dénoncer les crimes des groupes armés et les mauvaises pratiques du pouvoir de Bangui.
Le pouvoir de Bangui garantit la liberté et la vie aux groupes armés auteurs des pires abominations du monde, mais par contre arrête et jette en prison des journalistes pourtant victimes d’agression et de violence gratuite.
Le journalisme n’est pas un métier protégé par le régime Touadéra. C’est plutôt le métier de rebelle et mercenaires qui est protégé et gâté par le régime de Bangui.
Le reportage fait par un journaliste victime de l’arbitraire après l’Accord de Khartoum (qu’il a pourtant été couvrir au nom de sa radio) lève un coin de voile sur le vrai visage du régime Touadéra.
MEDIAS+ demande à la victime de:
-saisir par écrit le Bureau Exécutif de l’UJCA avec ampliations à toutes les organisations des professionnels des médias, à toutes les Institutions de la République en commençant par le chef de l’Etat, le chef du parlement, le chef du gouvernement, toutes les chancelleries et organisations internationales en Centrafrique, ainsi qu’à tous les journalistes pour large écho;
-faire constater les dégâts causés sur sa moto, les dates et heures de son arrestation, de sa garde à vue et de sa mise en liberté, par un huissier de Justice;
-exiger le remboursement de ses 40.000 FCFA indûment perçus par les policiers de la CNS;
-commettre un avocat pour qu’une suite judiciaire soit donnée à cette affaire.
Aux lecteurs d’en juger.


Damoclès Diriwo, in: MEDIAS+ N°2084 du Mardi 19 Février 2019

Nota Bene : ce traitement inhumain, dégradant et injuste dont le confrère Fred Krock vient d’être victime de la part de la police, une police désormais aux ordres et ayant reçu formellement mission de sa hiérarchie de faire taire les leaders d’opinions et les journalistes, s’ajoute malheureusement à la tentative d’enlèvement, à la traque policière et à des actes avérés de persécutions dont fait l’objet, depuis le 1er octobre 2018, soit un jour avant que notre confrère saoudien Jamal Khashoggi n’ait été dépecé sur ordre de MBS, Jean – Paul Naïba, le journaliste du journal « Le Démocrate », directeur de publication du journal en ligne www.lavoixdessansoix.com piraté et censuré  le 11 octobre 2018 par les Russes, et actuellement directeur du journal en ligne www.letsunami.net. Depuis lors, il est passé en clandestinité et continue  malgré de sérieuses menaces et de graves risques  pesant in dies singulos sur sa vie – dont les auteurs sont formellement connus et identifiés par la Section des Droits de l’Homme de la Minusca et certaines grandes chancelleries accréditées en République centrafricaine -, avec courage  et détermination le combat  pour la liberté et la démocratie.

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