RCA : ANALYSE SUR L’APPROBATION PAR LE FMI DE L’ACCORD DE FACILITÉ ÉLARGIE DE CRÉDIT AU GOUVERNEMENT MOLOUA

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ANALYSE SUR L’APPROBATION PAR LE FMI DE L’ACCORD DE FACILITÉ ÉLARGIE DE CRÉDIT AU GOUVERNEMENT MOLOUA

Bertin Maboula, Consultant international en commerce et développement
Paris le 28 avril 2023

Il suffit d’ajouter qu’en général, pour ceux et celles qui connaissent les mécanismes d’intervention du FMI, une FEC est avant tout une « marge de manœuvre financière » que le gendarme financier international (FMI donc) accorde à un pays sous programme pour l’aider à lever les fonds, et donc s’endetter facilement, auprès des créanciers (marchés financiers, bailleurs et/ou donateurs). Et cet endettement est alors garanti par la FEC par le biais du montant annoncé des DTS. Et pour la cohérence, un premier décaissement est accordé ; il ne faut donc pas crier vite victoire…

Certes, la décision du Board de ce 27 avril 2023 donne un ballon d’oxygène au régime de Bangui, très habitué à la mal gouvernance et à des déficits chroniques de ce fait, elle marque en réalité une stratégie du bâton et de la carotte lorsqu’un pouvoir en sursis n’arrive pas à subvenir aux besoins essentiels de sa population. Elle fixe surtout l’exigence des réformes économiques et financières que le gouvernement de Moloua reste incapable à mettre en œuvre, tellement son incurie ne pourrait présager d’un changement de cap. Hélas, ce gouvernement, tout aussi bien que ceux qui ont précédé, n’a ni politique économique ni volonté et capacité à concevoir, promouvoir et impulser une vraie dynamique économique pour une sortie de crise.

Cette décision donc, assortie d’un premier décaissement d’environ 10% du montant total autorisé (10 milliards de FRCFA environs), reste conditionnée à la satisfaction des conditions fixées par le Conseil et que tu as bien résumées ci-haut. L’effort est d’abord fait par le FMI qui invite ensuite le gouvernement à ouvrir ce vaste chantier de réformes et, pour tout dire, le gouvernement n’aura pas le choix que de s’y plier, à défaut de se compromettre dans l’insatisfaction de ses engagements.

Soyons clairs, Moloua n’a ni capacité ni volonté à satisfaire les exigences de ce programme avec le Fonds, et ce n’est pas dire du mal de cet homme arrivé en fin de carrière administrative (retraite) et maintenu par effraction à un poste dont le profil était loin d’être le sien. Sa marge de manœuvre est quasi inexistante, non seulement du fait que son mentor (et le parti Etat) ne lui laisse pas l’espace nécessaire d’expression, plus grave encore que leurs nouveaux partenaires privilégiés (Wagner et milices armées) ne lui facilitent aucune tâche.

Si Touadéra était un peu politiquement correct, il aurait pu encore cette fois-ci changer de gouvernement, surtout choisir les hommes qu’il faut là où il faut. Hélas, il manque encore une occasion de se donner les moyens qu’il faut pour sa politique, pour sa gouvernance; le RCPCA était déjà une occasion ratée !

Enfin, le plus difficile reste la mobilisation des autres bailleurs/donateurs traditionnels de la RCA face à cette FEC. Ceux-ci restent convaincus que leur argent ne devrait pas servir à payer la milice Wagner, dès lors que Touadéra et son gouvernement brillent par manque de transparence et de visibilité dans la gestion des fonds et autres appuis budgétaires.

Touadéra est alors face à ce dilemme: rompre avec Wagner (avec risque et péril) ou continuer dans un long tunnel assombri par tant de désastres humanitaires. Et les Rugwabiza et autres soutiens circonstanciels ne pourront rien, au-delà d’un satisfecit du moment.

L’on pourrait se satisfaire de cette décision, encore faut-il que la réalité du terrain confirme les espérances du FMI; nous en sommes très loin encore…

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