Qu’est – ce que c’est que la désinformation ?

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«La désinformation est faite «pour influencer une opinion» : imposer une croyance ou des attitudes à un public plutôt qu’une décision à un responsable, même si le premier n’empêche pas le second. Ce public peut être l’opinion adverse, celle des alliés, des neutres ou l’opinion internationale en général ; on peut viser les masses ou des cercles plus restreints. Le premier n’est possible que là où existe un espace public, avec débats et pluralité d’opinions et de connaissances». (Huyghe) La désinformation est un stratagème de communication qui consiste à diffuser des informations transformées : mensongères, orientées, tronquées voire construites de toutes pièces, tout en les affirmant comme vraies et en masquant la manipulation qui les sous-tend. Elle aura souvent pour but d’influer sur l’opinion publique afin d’orienter son agissement, ou de la maintenir dans un certain état d’ignorance ou de méconnaissance de la réalité.

Le mot désinformation apparaît d’abord en russe, où il désigne essentiellement les pratiques des pays capitalistes, destinées à asservir les masses. Il apparaît quelques années plus tard dans la langue anglaise pour désigner la propagation d’informations trompeuses. Il apparaît en France au milieu des années 70 en insistant sur le maintient des foules dans l’ignorance. Le phénomène de la désinformation est intéressant à étudier du fait de la réactivation contemporaine du questionnement sur l’ utilisation de la connaissance et sur le développement des pratiques de manipulation de l’information. Il y a un double enjeu à s’interroger aujourd’hui sur la désinformation. L’enjeu est d’abord celui d’une réflexion théorique et éthique sur l’intégrité de la connaissance au cœur des sociétés contemporaines dans lesquelles on assiste à un développement exponentiel de la communication, tant au niveau technique que stratégique. La production et la détention d’informations sont aujourd’hui devenues de véritables armes, que le développement des techniques de communication permet d’utiliser avec de plus grandes potentialités. Ainsi se dessine le second enjeu, pratique, du développement des pratiques de désinformation. Ceux-ci relèvent à la fois de pratiques médiatiques ponctuelles de désinformation, articulées autour d’un sujet particulier et mises en place dans un but précis : mobiliser l’opinion publique pour ou contre une problématique, déstabiliser un acteur…, mais aussi de pratiques latentes de désinformation telles que peuvent l’être l’autocensure, la promotion ou l’orientation tacite de l’information.

Il y a une controverse autour du thème de la désinformation, due à l’importance du développement des pratiques d’influence et de manipulation. C’est ce débat que met en évidence Philippe Breton  : il entend en effet contredire les personnes qui nient l’existence contemporaine de la manipulation de la communication. Il s’oppose alors à l’argument qui consiste à reconnaître le développement de la manipulation, tout en en amoindrissant les conséquences en caractérisant ces pratiques comme douces, sans gravité et connues des destinataires. Contre cet argument, Breton rappelle la particularité des pratiques de manipulation dont fait partie la désinformation et la violence que celles-ci contiennent à l’égard de l’homme et de la démocratie. On peut en effet s’interroger sur les conséquences d’une pratique extrêmement développée, et dont une partie des destinataires sont bien conscients mais qui reste en son essence trompeuse. Il ne faut pas en effet oublier les buts de la désinformation : orienter des pratiques, déstabiliser un acteur….  La désinformation consiste en un traitement d’information modifiant celle-ci : elle peut orienter l’information, la présenter sous un jour particulier, la placer dans un cadre ou un contexte précis… mais elle peut aussi consister dans la fabrication d’une information, sur une base véridique ou non. Il y a donc un rapport de négation et de trahison de la vérité au sein de telles pratiques. La désinformation est la diffusion des informations ainsi traitées, diffusion orientées sur les résultats que l’on cherche à obtenir.
Cette pratique peut s’illustrer par des campagnes de désinformation organisées, tel que ce peut être le cas dans des situations de conflit et dans un rapport allié/adversaire, ou dans des logiques totalitaires de maintien des foules dans l’ignorance ou la méconnaissance de certains faits. Aujourd’hui les médias sont un biais privilégié pour les tentatives de désinformation. Elles relèvent tant de pratiques conscientes et organisées que de phénomènes tacites de défense d’intérêt ou de mépris pour la vérité. Un des exemples de désinformation les plus marquants a été celui des ‘charniers de Timisoara’ : en 1989 les médias n’ont cessé de surenchérir les uns sur les autres relativement au nombre de morts en Roumanie après la chute du régime de Ceausescu, alimentant des rumeurs sur l’existence de camps de torture… Les médias ont été jusqu’à avancer le nombre de 70 000 morts ; après vérification, les chiffres n’auront réellement été que d’une centaine. Si la problématique de la désinformation est aujourd’hui réactivée, elle revêt également des formes nouvelles : elle s’incarne dans les campagnes de communication politiques, médiatiques ou purement mercantiles. La désinformation a également lieu au travers des phénomènes de rumeur, dont la dernière forme est le hoax : fausses informations diffusées sur internet. La désinformation peut également se réaliser au travers des sondages, par des pratiques d’échantillonnage orientant les résultats diffusés. Enfin, la désinformation a lieu de manière plus latente par le biais de tout média qui n’est pas totalement indépendant, mais qui, en lien avec des pôles d’influence que peuvent être un état ou une entreprise, peuvent toujours être soupçonnés de complaisance, voire de désinformation.

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