Pris en tenaille entre Wagner et les bailleurs, le premier ministre Dondra présente sa démission

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Africa Intelligent – Alerte publiée le 04/02/22 à 18 h 50 –

En poste depuis moins d’un an, le chef du gouvernement centrafricain Henri-Marie Dondra a présenté sa lettre de démission au président Faustin Archange Touadéra, qui n’y a pas encore répondu. Il devrait le faire à son retour  d’Addis-Abeba,  où  il  participe  au sommet  de  l’Union africaine.

Il n’a mis dans la confidence qu’une poignée de ses plus proches conseillers. Nommé en juin 2021, le premier ministre Henri-Marie Dondra a présenté sa
démission en début de semaine auprès de la présidence centrafricaine. Faustin-
Archange Touadéra ne l’a, en revanche, pas encore acceptée. Le chef de l’Etat
devrait y répondre ce week-end, à son retour d’Addis-Abeba où il participe actuellement au sommet de l’Union africaine (UA).

Henri-Marie Dondra n’était pourtant à la tête du gouvernement que depuis huit mois. Réélu quelques mois plus tôt pour un second mandat, Faustin-Archange Touadéra  avait  misé  sur  un  profil  susceptible  de  rassurer  les  bailleurs internationaux,   échaudés   par   l’influence   croissante   de   Wagner   sur   le fonctionnement de l’Etat centrafricain. Dès son arrivée au gouvernement, le technocrate avait pris soin de garder ses distances avec le groupe paramilitaire russe.

Méfiance entre la primature et la présidence

Contrairement  à  ses  prédécesseurs, Simplice  Mathieu  Sarandji  puis  Firmin
Ngrebada, Dondra n’est pas un collaborateur historique de Touadéra. La relation entre les deux hommes n’a jamais été au beau fixe. En privé, le chef du gouvernement s’était, à plusieurs reprises, plaint de sa faible marge de manœuvre sur   le   fonctionnement   du   gouvernement (nomination   des   ministres   et collaborateurs de cabinets, etc.) Son propre directeur de cabinet, Ernest Mada, proche de Touadéra, lui a été imposé par la présidence (AI du 01/02/22).

La relation entre le chef du gouvernement et la présidence avait vite achoppé sur les questions budgétaires. Privées des lignes de crédits françaises et européennes (48 millions d’euros au total), et sous pression des doléances de Wagner, les caisses de l’Etat sont en grande souffrance.

La question du dialogue républicain était également source de tensions. L’arrêt de cette démarche, provoqué en octobre par Simplice Mathieu Sarandji, devenu président de l’Assemblée nationale, avait mis Dondra en porte-à-faux vis-à-vis des bailleurs, qui conditionnaient leur aide à sa tenue (AI du 10/11/21). L’opposition républicaine vient tout juste de réintégrer le processus de mise en place du dialogue ce 4 février, après des concessions du pouvoir en place.

Bataille pour 2026

Des tensions plus vives commençaient à apparaître au sein du parti présidentiel, le
Mouvement des Cœurs Unis, dirigé par Sarandji. Or ce dernier et Dondra font figure   de   principaux   successeurs   putatifs   de   Touadéra   pour   l’élection présidentielle de 2026. Symbole de cette discorde : le porte-parole du président de l’Assemblée nationale,
Aymard Guinon Bienvenu, a proféré des insultes à caractère ethnique à l’endroit de Dondra il y a quelques jours, sans être sanctionné. Cet épisode a laissé voir au grand jour les luttes d’influences qui se jouent entre les barons de la formation présidentielle et a profondément choqué l’appareil militant.

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