PRESIDENTIELLE BURKINABE : Le fair-play doit prévaloir jusqu’au bout

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PRESIDENTIELLE BURKINABE

Le fair-play doit prévaloir jusqu’au bout

C’est ce 20 novembre, à minuit, que prend officiellement fin la campagne électorale pour la présidentielle et les législatives du 22 novembre prochain au Burkina. Après trois semaines de campagne intense à travers le territoire national pour les candidats à la présidentielle et à la députation, le peuple sera appelé à s’exprimer dans les urnes, chacun en fonction de sa sensibilité ou du programme qui l’aura marqué, pour le candidat de son choix. Une étape, ô combien importante, qui décidera du sort des aspirants à la gouvernance qui se verront confier les rênes du pays pour les cinq ans à venir. Aussi est-il impératif que le vote puisse se dérouler dans le calme. Car, si contrairement à d’autres pays de la sous-région, le Burkina peut se féliciter d’une campagne globalement apaisée et civilisée, où les coups en dessous de la ceinture se sont faits plutôt rares, les risques d’une crise post-électorale ne sont pas totalement à écarter.  On en veut pour preuve, entre autres, cette sortie du Chef de file de l’Opposition politique aux allures de mise en garde à l’endroit de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) qui s’est lancé le défi de proclamer les résultats dès le lendemain du vote, c’est-à-dire le 23 novembre.

 

Le Burkina Faso est déjà suffisamment à la peine pour se payer le luxe d’une crise post-électorale

 

 

« Le Burkina n’est pas tenu de battre des records de vitesse en matière de proclamation des résultats», a réagi Zéphirin Diabré qui, tout en insistant qu’«il paraît irréaliste d’avoir des résultats fiables et acceptés par tous pour une proclamation des résultats dès le 23 novembre »,  n’a pas manqué de souligner que  l’opposition « n’acceptera pas que les résultats du 22 novembre soient traités dans la précipitation ».  Le moins que l’on puisse dire, c’est que le défi de la paix électorale n’est pas encore gagné au Burkina Faso où la moindre petite étincelle pourrait mettre le feu aux poudres. Mais on croise les doigts pour ne pas en arriver là. Car, le Burkina Faso est déjà suffisamment à la peine avec la crise sécuritaire doublée de la crise sanitaire du coronavirus avec leurs effets pervers, pour se payer le luxe d’une crise post-électorale qui pourrait davantage fragiliser le pays. C’est pourquoi il y a lieu de lancer un appel à tous les acteurs qui sont parties prenantes du processus électoral, à savoir raison garder. De ce point de vue, on ose espérer que la CENI ne fera pas une fixation sur la date du 23 novembre pour la proclamation des résultats, au risque de ne pas se mettre à l’abri d’éventuelles  erreurs inhérentes  à toute œuvre humaine, qui pourraient malheureusement conforter l’opposition dans ses inquiétudes et ouvrir la porte à des contestations qui pourraient jeter le discrédit sur les résultats du scrutin. En d’autres termes, l’équipe de Newton Ahmed Barry, qui a sans doute envie de faire au moins aussi bien que celle qui l’a précédée en 2015, doit s’entourer de toutes les précautions nécessaires de transparence dans la compilation des résultats, pour ne pas prêter le flanc. C’est dire si, comme le dit l’adage, la CENI se doit de bien « balayer la maison pour ne pas donner raison au scorpion », en faisant les choses dans les règles de l’art.

 

Il faudra éviter les contestations à la Donald Trump

 

 De l’autre côté, on peut demander aux acteurs en compétition, d’éviter, malgré l’enjeu, de voir le diable de la fraude partout, pour éviter de jeter inutilement de l’huile sur le feu. Il faudra aussi éviter, de part et d’autre, les contestations à la Donald Trump, dénuées de preuves tangibles, sur le fait de simples allégations sans aucun fondement matériel. C’est dire si le fair-play doit prévaloir jusqu’au bout dans ce double scrutin qui tranche déjà, par son côté jusque-là pacifique, avec bien des consultations populaires en Afrique. C’est dire si le Burkina a l’obligation de bien terminer ce que bien des observateurs s’accordent à dire qu’il a bien commencé.  Il n’a pas droit à l’erreur. Pour cela, il faudrait que les uns et les autres soient dans des dispositions d’esprit de jouer franc-jeu pour préserver d’abord la paix sociale. Cela va de pair avec la discipline collective et individuelle qui veut que les candidats mettent un point d’honneur à respecter scrupuleusement le Pacte de bonne conduite qu’ils ont signé, notamment en évitant toute auto-proclamation de victoire ou de résultats en dehors des canaux officiels des structures habilitées. Il y va de l’intérêt du pays et de la paix sociale.  En tout état de cause, un objectif reste toujours un but à atteindre, qui peut se réaliser ou non, en fonction de la réalité du terrain. Et si l’on peut comprendre la volonté de la CENI de jouer au mieux sa partition, elle serait bien inspirée de ne pas donner le sentiment de faire dans le fétichisme des dates ; l’essentiel étant d’avoir des résultats fiables et acceptés de tous, dans des délais raisonnables. C’est à ce prix que l’on pourra dire que le Burkina a su admirablement relever le défi de ces élections couplées  qui pourraient redessiner la carte politique du pays et qui continuent de susciter beaucoup de passions au pays des Hommes intègres.

 

 « Le Pays »

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