Poussé par les Russes de Wagner, Touadera réclame la tête de Danielle Darlan

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Aux injures et aux menaces de morts proférés par les badauds recrutés et payés par la fameuse Galaxie Nationale de Didacien Kossimatchi contre la présidente de la Cour constitutionnelle Danielle Darlan, se sont ajoutés les propos irresponsables et dangereux du premier vice-président de l’Assemblée nationale, le désormais tristement célèbre Évariste Ngamana. Celui-ci a affirmé que les décisions de la Cour constitutionnelle ne seront pas respectées par son comité illégal chargé de la rédaction d’une nouvelle loi fondamentale. Au prétexte qu’aucune institution ne serait au-dessus du peuple souverain, ignorant ainsi que les décisions des juges sont prises au nom de l’ensemble des Centrafricains et non de militants stipendiés de la majorité présidentielle.
C’est la preuve que la décision de la Cour constitutionnelle de retoquer certaines dispositions de la loi sur la cryptomonnaie le 29 août dernier a déclenché un vent de panique autour de Faustin Archange Touadera et des siens. Dès le lendemain de cette sentence de la plus haute juridiction centrafricaine, c’était le branle-bas de combat aussi bien à la résidence privée de M. Touadera au quartier Boyrabe qu’au palais présidentiel, où plusieurs réunions de crise ont été organisées. Ces réunions regroupaient le premier cercle de M. Touadera, certains caciques du Mouvement cœurs unis (MCU), son parti politique, et les Russes de Wagner. C’est au cours de l’une d’elle que les participants ont décidé d’obtenir par tous les moyens, même les plus ignobles, la destitution de la présidente de la Cour constitutionnelle. Pourtant, cette dernière a été élue par ses pairs pour un mandat de 7 ans et que les membres de la Cour constitutionnelle sont réputés être inamovibles pendant la durée de leur mandat.
Mais c’était sans compter l’arbitraire et l’absence d’éthique morale des tenants du pouvoir. Comme quoi, il faut se garder de déjeuner avec le diable, même quand on a un long couteau. Madame Darlan l’a appris à ses dépens. Elle qui nous a habitué avec des décisions pour le moins contestables comme la privation de Karim Meckassoua de son mandat de député du troisième arrondissement de Bangui. Il faut croire qu’elle ne s’imaginait pas que ses infréquentables amis pouvaient se retourner contre elle. Il lui revient de tirer toutes les leçons de ce déroulement.
Il faut dire que le 31 août, M. Touadera a reçu l’agitateur publique qu’il appelle affectueusement « mon jeune frère », Didacien Kossimatchi, auquel il a confié la mission d’organiser le lynchage en règle de Danielle Darlan. Sur sa lancée, Touadera a également chargé son aide camp particulier et patron des Requins, la milice du pouvoir, de perturber les prochaines manifestations du Bloc républicain de défense de la Constitution (BRDC). Pour accomplir cette sale besogne, ce dernier va s’appuyer sur le Bataillon d’infanterie territoriale numéro 6 autrement appelé « BIT6 » commandé par le colonel Théophile Wallot Makpanga.
En vérité, M. Touadera est sous la pression de ses amis Russes de Wagner, qui redoutent les velléités d’indépendance de la présidente de la Cour constitutionnelle. Eux, qui ne sont habitués à obtenir d’elle que des décisions favorables. L’inquiétude des Russes de Bangui peut être expliquée par le fait que la « tokénisation » des matières premières du pays à travers le Sango Coin devait leur profiter en premier chef. Aussi, le niveau de corruption du régime et la propension de ses tenants à capter les maigres ressources du pays sont tels que pour les responsables de Wagner, confrontés aux sanctions occidentales contre la Russie après l’invasion de l’Ukraine, le projet de cryptomonnaie constituait du pain béni pour faire circuler des capitaux discrètement. D’autant que les fonds investis dans le Sango Coin ne doivent pas être versés au budget de l’État mais à celui de la présidence centrafricaine.
En accusant la France, comme à leur habitude, d’être derrière la décision de la Cour constitutionnelle d’invalider une partie de la loi sur la cryptomonnaie, les Russes de Wagner montrent une certaine fébrilité. Ils sont inquiets de voir tomber à l’eau le projet d’un troisième mandat de M. Touadera, dont la présence à la tête de l’État est une garantie pour eux de récupérer tout l’argent qu’ils ont dépensé pour financer son maintien au pouvoir.
Enfin, que les principaux dirigeants du pays organisent des manifestations pour conspuer la présidente d’une institution aussi majeure que la Cour constitutionnelle, c’est du jamais vu. Comme dirait l’autre, la déchéance morale chercha longtemps un visage jusqu’au jour où les tenants du pouvoir à Bangui lui prêtèrent le leur.

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