Pourquoi Touadéra et Sarandji n’ont – ils jamais ordonné l’arrestation d’Ali Darass ?

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Telle  est la question qui ne cesse de fuser de toutes parts de la bouche de tous les centrafricains sans exclusive,au moment où le procureur général, Eric Tambo, s’est enfin résolu à lancer un mandat d’arrêt international contre Force et ses complices dont deux français.

En effet, dans les taxis et bus, dans les lieux de divertissement et de recueillement et  dans les bureaux et les services publics, la question de la non – arrestation du mercenaire nigérien, Ali Darass, qui est revenu ces derniers temps à Bambari ou dans ses environs, est le seul thème qui s’invite tous les jours à table et fait l’objet d’intenses et fructueux échanges. Même dans les partis politiques, la société civile, les organisations de défense des droits de l’homme et dans tous les milieux diplomatiques, elle est à l’ordre du jour et  donne de l’insomnie tous.

 Alors que la Minusca bégaie sur les causes du regain des hostilités dans cette partie de la République centrafricaine, il y a quelques jours, après un pseudo – conclave de réconciliation tenu à Bria, entre les éléments peuhls de l’UPC et les goula du seigneur de guerre Damane, et les raisons du retour de ce tueur à gages à Bambari, les centrafricains dans leur grande majorité, quant à eux, s’interrogent sur le pourquoi du refus du président Touadéra, du premier ministre Sarandji et des différents membres de leur gouvernement d’ordonner depuis longtemps l’arrestation de ce bandit de grand chemin. Encore Bambari? Bambari, la ville sans armes. Bambari, la ville – symbole de la politique de restauration de l’autorité de l’Etat.  De quoi s’agit –il exactement ?

Selon des informations émanant de sources dignes de foi et relayées par RNL, « la population de Bambari dans la Ouaka a été une fois de plus secouée ce 30 mai 2018 par des tirs d’armes lourdes et automatiques des hommes de l’UPC. Les crépitements ont commencé aux environs de 11 heures et se focalisent autour de l’hôpital, la gendarmerie et la gare routière. Difficile à ce stade de donner un bilan humain ou matériel des dégâts. Plusieurs personnes jointes au téléphone dans la ville parlent de morts et de blessés. Selon une source locale, la situation s’est dégradée depuis le 25 mai dernier à la suite d’un braquage attribué aux éléments d’auto-défense Antibalaka. Les braquages de motocycles se sont multipliés dans les deux camps.La goutte d’eau qui a fait déborder le vase ce mercredi, le pillage d’un local appartenant à un sujet musulman par des éléments en arme. Informés, les combattants de Ali Darassa sont passés à l’offensive, prenant les civils pour cible. Une source proche de l’hôpital de Bambari a expliqué que l’intensité des tirs a obligé les habitants à se cacher. Ce témoin a indiqué avoir vu de sa cachette quatre véhicules des soldats portugais de la Minusca patrouiller dans le secteur.

Sur le site des déplacés à proximité de la gendarmerie et même au quartier CTRO juste à côté, la peur gagne les esprits. La population se dit abandonnée à elle-même. L’effectif des forces de défense et de sécurité intérieure, notamment policiers et gendarmes, ne permet pas d’assurer la protection des civils. Les soldats des FACA promis par le Gouvernement ne sont pas arrivés dans la ville.

A Bangui, Alexandre Ferdinand Nguéndet, président du Rassemblement pour la République (RPR), ressortissant de la Ouaka, se dit désolé. « La situation est catastrophique en ce moment à Bambari. Les éléments de l’UPC de Ali Darassa sont en train de tuer. Les parents ont fui laissant les enfants à leur triste sort. Les femmes enceintes qui n’ont plus la force de se déplacer sont à la merci des éléments de l’UPC« , s’indigne M Nguéndet.

Il appelle le Chef suprême des Armées à porter une attention particulière sur ce qui se passe dans cette ville de la République Centrafricaine. « Je lance encore un cri de cœur à la très haute attention du Président de la République, Chef de l’Etat de se comporter en véritable chef de guerre pour la survie de son peuple et de son pays« , souhaité Alexandre Ferdinand Nguéndet. Pour lui, seule cette voie pourrait arrêter l’hémorragie.

Mi mai, Bambari a été le théâtre d’attaque d’hommes armés des éléments de l’UPC de Ali Darassa. 32 personnes ont perdu la vie et 23 autres blessées selon la Croix Rouge Centrafricaine (CRCA). Autre grief dans ce mois de mai, le chef du site des Peuhls de l’élevage enlevé n’a pas encore retrouvé la liberté. Aux dernières nouvelles, il est toujours aux mains des combattants de l’UPC et déporté à Bokolobo, village situé à 60 kilomètres de Bambari sur l’axe Alindao.

Bambari avait été déclarée ville sans groupes armés par le Gouvernement et la Minusca. Plus d’un an après, c’est tout le contraire ».

Un jour plus tard, des sources indépendantes ont rapporté et continuent de rapporter que les forces spéciales portugaises sont finalement passées à l’action pour attaquer les positions des assaillants qui passent pour des éléments de l’UPC et rétablir l’ordre public et la quiétude dans la ville. En réaction à cette mission de sécurisation et de pacification, le porte –parole de l’UPC est monté à son tour au créneau pour accuser la Minusca d’avoir tué des civils et de récuser la présence de ses éléments dans la ville de Bambari.

Voilà qui en dit beaucoup sur les enjeux de cette crise et qui nécessitait et nécessite  une clarification de la part de ceux à qui le peuple a décidé de confier démocratiquement  la gestion de sa destinée. Une clarification qui tarde à venir et qui ne viendra sans doute jamais. Pour la simple raison que Touadéra et Sarandji n’ordonneront jamais l’arrestation du mercenaire nigérien, Ali Darass, qui est leur complice dans la conspiration actuelle contre la République centrafricaine et le peuple centrafricain. L’exploitation de nos principales  ressources énergétiques, à savoir l’or et le diamant, et la répartition des revenus qui en découlent, ne valent- elles pas mieux que la vie des centrafricains ? Préserver ces intérêts pour les siens et tous les membres du réseau ne doit – il pas  passer inévitablement par l’entretien et la persistance de  ces actes de tueries, d’incendies de maisons et greniers, de destructions de biens publics et privés et de déplacements de milliers de personnes, tous les jours ? Comment alors demander l’arrestation d’un membre si important du réseau qui, après avoir réussi à mettre à feu et à sang les préfectures de la Basse –Kotto, Mbomou et le Haut – Mbomou, ne pouvait que revenir à Bambari pour de loyaux services rendus et y attendre une nouvelle mission ?

Jean –Paul Naïba

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