Pourquoi Michel Djotodia n’est pas allé saluer son grand – frère François Bozizé

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« Il serait aussi important pour moi, après ma rencontre avec le président Faustin Archange Touadéra, de rencontrer tous les autres acteurs, notamment François Bozizé, Mme Catherine Samba-Panza. Je voudrais parler aussi des anciens premiers ministres, les chefs des partis politiques. Il faut les rencontrer tous. On va s’asseoir pour pouvoir nous projeter dans l’avenir, voir comment on peut pacifier ce pays en ruine », avait déclaré Michel Djotodia dès son arrivée le vendredi 10 janvier.

Comme il l’avait si bien dit, peu après sa rencontre avec le mathématicien de Boy – Rabé au palais de la Renaissance, le chef d’état de la transition a décidé de prendre contact avec l’ancien président de la République François Bozizé pour une rencontre, au siège de son parti le KNK, non loin de l’assemblée nationale. C’est la date du samedi 11 janvier dans la matinée qui a été arrêtée d’un commun accord. A l’heure convenue, les services du protocole et sécuritaires de l’ancien chef d’état – major du président Patassé alertent leurs collègues en charge de la sécurité et de l’agenda de Michel Djotodia. Celui – ci, sans tarder, instruit les siens de se rendre sur le lieu de la rencontre pour des dispositions techniques préalables avant son arrivée. Sitôt dit, sitôt exécuté.

Entretemps, rassurés de la bonne foi clairement affichée par l’ancien chef de la rébellion de la Séléka et de sa totale disponibilité, François Bozizé a été prié de bien vouloir se mettre en route pour le siège. Malheureusement, les minutes vont s’égrainer sans que Michel Djotodia ne se manifeste à l’horizon. Constatant ainsi que le temps passait, le président fondateur du KNK demande aux siens d’en savoir un peu plus sur les raisons de ce retard. En réponse, les éclaireurs de Michel Djotodia ont été enjoints par leur patron de présenter toutes ses sincères excuses à son grand – frère pour ce couac indépendant de sa volonté et qu’il conviendra dans les heures à venir d’une nouvelle date pour une rencontre ; ce qu’il fera quelques minutes plus tard en appelant directement l’ancien président François Bozizé, à partir d’un autre téléphone.

En réalité, que s’est – il réellement passé ? Deux évènements se déroulant au même moment dans l’intervalle du temps devant précéder son mouvement vers le siège du KNK, non loin de l’hôtel Legder Plazza, expliquent l’annulation de cet important rendez – vous entre les principaux acteurs de la crise centrafricaine encore pendante. D’un côté, de très fortes pressions de la part de Bangui, de l’autre, d’insistants appels au sursis à exécution de cette rencontre, à lui, venant d’un puissant pays étranger.

En effet, Bangui et ses « petits stratèges » ayant fait de l’arrivée de Michel Djotodia une réponse au retour inopiné de François Bozizé, afin de contrer ses folles ardeurs politiques, d’une part, et de les aider à se refaire une santé mal au point actuellement dans l’opinion tant nationale qu’internationale, du fait de leur mal – gouvernance, de leur propension inouie à la corruption et de leurs actes avérés de compromissions avec les groupes armés et les mercenaires étrangers, d’autre part, il ne pouvait qu’être clair que tout devait être mis en œuvre par eux pour faire échouer ce tête – à – tête, pourtant vivement souhaité par toutes les forces vives de la nation. S’il avait effectivement eu lieu, le communiqué qui tout naturellement aurait dû en ressortir, aurait annihilé, contre toute attente, tous leurs derniers espoirs et leur plan visant à opposer les deux hommes qui, fort étonnement, sont engagés à œuvrer au retour de la paix et à la fin de cette crise centrafricaine  qui n’a que trop duré, par le dialogue et dans l’unité, la concorde nationale et la sérénité retrouvée.

Mais aussi cynique et bien invraisemblable que cela puisse paraître, au même moment, certains caciques du régime travaillaient, selon des sources bien introduites dans le « Manoir du Graal », à  une attaque du siège pour en finir avec leur pire cauchemar qui est l’homme de Benzambé, peu avant la fin de l’audience ou après le départ de son hôte. Alors, les auteurs de cet assaut qui n’avait pas eu lieu, s’étaient donnés une bonne conscience en ce sens qu’ils pourraient tout simplement se dédouaner de toute responsabilité en faisant prévaloir leurs maints conseils à qui de droit lui demandant de ne pas se rendre à cette rencontre. Quel cynisme !

Fort heureusement, dans le même temps, d’incessants appels venant d’un puissant pays étranger, étant au courant de ce qui se tramait et des risques à encourir, en termes de nouvelles tensions et de conséquences catastrophiques en vies humaines, imprévisibles et incalculables, ont finalement convaincu Michel Djotodia du bien fondé d’annuler cette importante rencontre. Ce qu’il a fait tout en prenant soin, en réaction, de surseoir à son passage à l’assemblée nationale.

La suite de l’odyssée, nous la connaissons : l’autorisation du premier ministre Ngrébada, dans cette même journée, à son ministre de la justice et garde de sceaux Flavien Mbata de procéder à l’arrestation de l’ancien chef d’état – major du président Patassé. Une décision qui n’est pas du goût de la Minusca qui veut finalement travailler au retour de la paix par le dialogue et dont la hiérarchie militaire a été, on ne peut plus, clair avec le gouvernement à ce sujet : « Allez – y sans nous » !

Jean – Paul Naïba

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