Politique : Vers une redistribution des cartes par Touadéra comme le président Alassane Dramane Ouattara en Côte d’Ivoire ?

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10 mois après sa prise de fonction, suite à sa brillantissime victoire pour avoir promis un avenir radieux et plein d’espoirs à tout un peuple fatigué de courir, de pleurer et d’enterrer ses morts, le président Touadéra peine à asseoir son autorité et à faire ses preuves. De la politique de mains tendues aux seigneurs de guerre et à toutes les bandes armées à la table ronde de Bruxelles qui était franchement sa  seule boîte à outils devant lui servir de trouver de solutions appropriées à toutes les épidémies de tragédies et de malheurs dont ne cesse souffrir l’âme de la République, et qui enlaidissent et animalisent le peuple centrafricain tous les jours que Dieu fait sur cette terre, en passant par des déclarations quotidiennes pleines de promesses mielleuses, aucun acte concret n’ a été posé pour rassurer le peuple.

A telle enseigne que, faisant suite à de très fortes pressions, il aurait pris la décision de se séparer de son premier ministre, M. Sarandji dont l’échec à la tête du gouvernement est plus patent que jamais. Mais, le faire partir pour le remplacer par qui ? Par un autre baroudeur politique de petit calibre, sans légitimité et guidé par la recherche effrénée d’intérêts personnels et égoïstes ou par un  homme politique rompu aux techniques de gestion de la chose publique, doté de la légitimité populaire et ayant des représentants siégeant à l’assemblée nationale mais n’ayant pas de sérieuses ambitions présidentielles ?

Voilà de pertinentes questions qui fusent des lèvres des centrafricains qui ont donné leurs voix au président et qui ne veulent plus  que ces voix soient utilisées à d’autres fins par une bande d’amis, parents et connaissances, sans impact réel sur leur vie quotidienne.

De ce fait, il est donc impératif que Touadéra puisse accepter de se faire violence et de faire preuve d’un certain courage politique, en commençant à nettoyer autour de lui avec du karcher, en procédant à la redistribution des cartes et  en tenant effectivement compte du poids politique de chaque entité, comme il l’avait promis au lendemain de la nomination de M. Sarandji, afin de parer au plus pressé en attendant la fin du processus électoral et comme Ouattara vient de le faire en Côte d’Ivoire à l’issue des résultats des dernières élections législatives.

En effet, comme un confrère du journal « Le Pays » au Burkina – Faso l’a souligné dans ses colonnes, le président ivoirien Alassane Dramane Ouattara a procédé à une série de nominations et de limogeages sans précédent depuis son arrivée au pouvoir, en 2011. “L’ancien Premier ministre ivoirien Daniel Kablan Duncan a été nommé premier vice-président de la république de Côte d’Ivoire et Amadou Gon Coulibaly a été nommé Premier ministre”, annonce Le Pays. C’est le chef de l’État Alassane Dramane Ouattara (Ado) qui a, en personne, annoncé ces nominations mardi 10 janvier.

“Ado redistribue les cartes et coupe l’herbe sous le pied des jeunes loups de son parti, en l’occurrence Guillaume Soro [président de l’Assemblée nationale] et Hamed Bakayoko [ministre de l’Intérieur], pour ne citer que ceux-là, qui rongeaient déjà leur frein”, commente le journal. Ouattara a été réélu pour un deuxième et dernier mandat en octobre 2015. Dans la foulée de sa victoire, il a proposé une nouvelle Constitution, créant le poste de vice-président. Jusqu’ici, c’était le président de l’Assemblée nationale, Guillaume Soro, ex-chef de la rébellion qui a divisé le pays en deux au début des années 2000, qui était le dauphin constitutionnel.

“On est fatigué”

Vendredi, une mutinerie s’est déclenchée dans la deuxième ville du pays, Bouaké. Les soldats réclamaient des primes et de meilleures conditions de vie. La situation est revenue à la normale dimanche après un accord entre le gouvernement et les mutins. Une énième mutinerie qui fait sortir le quotidien national, Fraternité Matin, pourtant réputé fervent défenseur de la politique du président, de ses gonds. “On est fatigué”, s’exclame l’éditorialiste du journal. Venance Konan assimile la démarche des mutins à du chantage :  Faut-il rappeler que le fait de se faire remettre quelque chose, de l’argent notamment, qui ne vous appartient pas au moyen d’une arme s’appelle du vol ou du braquage ? Et ce n’est pas la première fois que nous subissons ce genre de braquage de la part de certains éléments de notre armée.”

Le président Alassane Ouattara a limogé, lundi, le chef d’état-major général des forces armées, le commandant de la gendarmerie et le directeur général de la police. 

Voilà un exemple à suivre par le président Touadéra, acculé de toutes parts, s’il décide de trancher et de rompre avec sa politique légendaire et maladive d’indécision et d’hésitation. Une solution qui peut créer un nouvel ordre politique indispensable au retour de la paix et au relèvement du pays. Car, tout comme en Côte d’Ivoire, le peuple centrafricain est fatigué, est à bout et  ne demande rien que la paix et la sécurité, sans lesquelles rien ne peut se faire. Ce qui exige un certain don de soi, un certain dépassement de soi et un certain esprit de sacrifice suprême de la part de celui à qui il a confié la gestion de sa destinée.

Jean – Paul Naïba

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