Politique : 17 novembre 2016 – 17 janvier 2017 : Un terrible silence de cimetière 2 mois après la fameuse table ronde de Bruxelles…

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N’en déplaise à tous les thuriféraires du régime, leurs partisans et autres mangeurs à tous les râteliers, les combattants de la liberté et de la démocratie peuvent affirmer avec force et toute la hargne révolutionnaire de leur cœur, et sans aucun risque de se tromper que, plus de 10 mois après sa brillantissime élection et sa prise de fonction, le 30 mars 2016, Touadéra peine à asseoir son autorité tant à Bangui qu’à l’intérieur du pays. Pis, il est très loin de savoir dans quelle barque il a fait asseoir le peuple centrafricain, où il est en train de le conduire et incapable de lui dire la distance déjà parcourue, celle restant due et incapable de le rassurer sur ses moyens et méthodes. A toutes ces légitimes interrogations, et afin de combler ses lacunes et ses faiblesses, il a demandé et ne fait que demander au peuple du sursis et de la patience tous les jours. Ce faisant, il oublie tout simplement que ce peuple qui lui a confié la gestion de sa destinée se meurt tous les jours, dans l’anonymat et sans avoir droit à des funérailles dignes d’un être humain, ne trouve rien à manger, ne  travaille pas, ne va pas à l’école et ne cesse d’être racketté par des seigneurs de guerre et les bandes armées….Un avenir sombre, très sombre pour les lyriques…

En réalité, arrivé par effraction aux commandes des affaires de la cité, l’homme du 30 décembre 2015 comme il a été surnommé par quelques organes de la presse écrite, non seulement n’était pas adroit et agile, comme Bissimbingui, le personnage mythique du roman de René Maran « Batouala », mais surtout n’avait pas dans son carquois  des flèches bien aiguisées pour l’aider à se frayer du chemin à la recherche d’un gibier, à atteindre une quelconque proie et lui donner l’opportunité de rentrer à la maison la gibecière pleine de victuailles tant pour la famille que pour les voisins. Les jours, les semaines passent sans qu’il ne puisse tomber sur la silhouette d’un rat palmiste, et l’année 2016 a pris fin sans qu’il n’ait eu à faire la moindre preuve de sa politique de la rupture, tant chantée et tant attendue par tous, sur la base de laquelle il a été élu.

Et pourtant, tous les combattants de la liberté et de la démocratie avaient cru en lui et avaient misé sur ses solides expériences passées à la primature, sous le régime du général d’opérette,  François Bozizé. Cinq (5) années qui lui avaient permis de concevoir et de mettre en œuvre une politique d’assainissement des finances publiques, avec à l’arrivée un nettoyage à sec dans les régies financières, même si certains académiciens ès détournements ayant le dos cuirassé n’avaient jamais été inquiétés, pendant toute cette période. C’est cette politique, faudra – t – il encore le souligner, qui avait beaucoup contribué à faire de lui dans la conscience collective, l’homme du peuple et le défenseur des finances de l’Etat. Un plus qui a été déterminant dans le choix du peuple lors des derniers scrutins présidentiels et législatifs.

 Malheureusement, plus de 10 mois plus tard, à l’épreuve du pouvoir, l’homme n’arrive pas à faire réellement ses preuves, tel un maçon au pied du mur et la truelle à la main. Entretemps, pour endormir la conscience des uns et des autres, il avait trouvé en l’organisation et la tenue de la table ronde de Bruxelles, une sorte d’opium et d’échappatoire. Comme s’il fallait tout attendre des résultats de cette rencontre avec les bailleurs de fonds, on ne devrait rien faire, ni balayer la cour et à l’intérieur de la maison, ni aller au travail, ni poursuivre les égorgeurs et les assassins du peuple, connus de tous, ni aller aux toilettes pour se soulager, ni manger, ni dormir, ni rêver…..Jusqu’à ce qu’elle se tienne effectivement le 17 novembre 2016, suivis par des annonces de plus de 2, 3 milliards de dollars. Des annonces ou plus exactement des promesses et non des disponibilités en espèces sonnantes et trébuchantes devant être convoyées par un vol charter à destination de Bangui. Toutefois, comme si tous avaient les yeux bandés et pensaient pouvoir ainsi faire bander les yeux de tout un peuple sur leurs faiblesses avérées, à l’arrivée, un accueil triomphal et triomphaliste, comme si Touadéra avait effectivement gagné le gros lot. Une mauvaise communication qui, aujourd’hui est en train de vouloir lui jouer un mauvais tour, car 2 mois plus tard jour pour jour, le peuple ne voit rien de concret se poindre à l’horizon et commence à se poser des questions sur la destination où le conduisent Touadéra et toute son équipe. Dans le mur ? Personne ne peut répondre aujourd’hui à cette question. Mais ce qui est sûr, c’est que l’avenir est fuyant, sceptique, incertain, et même fort inquiétant, même si des mouvements du personnel truffés des cas des personnels hors statut et des retraités ont été faits dans la précipitation. A telle enseigne que pour la majorité des centrafricains, en 10 mois de règne, Touadéra n’a rien pu faire ou même a laissé faire. Comme François Hollande l’avait dit à un certain Djotodia, l’enfant du malheur. Par contre, pour la minorité, beaucoup d’actes sont à mettre à son actif. Mais, quels sont – ils, ces actes ? Des actes qui n’ont eu aucun impact sur le niveau de vie de tout un peuple, selon un internaute.

Jugez – en vous – mêmes : «  8 mois de bilan de Patrice TALON à la tête de l’Etat béninois, des mesures adaptées qui annoncent clairement une dynamique positive du changement à la tête de l’État. Quand on sait ce qu’on veut faire pour son pays, une vision nous guide et nous mène vers un avancement. Quel est le bilan des 9 mois de présidence de TOUADÉRA? Ils nous diront que les situations ne sont pas les mêmes, qu’on ne peut pas tout faire en 9 mois, que TOUADÉRA a « hérité » d’un pays catastrophique etc. Tout ce verbiage parce que rien de concret n’a été fait. En 9 mois de présidence, son premier acte marquant était d’épouser 2 femmes (notons que sa vie privée doit intéresser le peuple maintenant qu’il est devenu un homme public). En 9 mois de présidence, il a augmenté de plus de 200% le montant de ses fonds spéciaux à plus de 15 millions par semaine alors que le budget d’investissement du Ministère de la jeunesse est de 15 millions annuels. En 9 mois de présidence, il a emprisonné les leaders de la société civile, Messieurs LAKOSSO et MOKWAPI; il a du se résoudre à les libérer après de fortes pressions. Dans les 9 mois de présidence, il en a pris 5 pour mettre en place le Conseil Consultatif du DDR, oubliant que le désarmement était une priorité. Dans sa lenteur dans les prises de décision sécuritaire, ce sont les centrafricains qui ont perdu la vie et qui continuent d’en perdre. En 9 mois de présidence, il en a pris 7 pour signer les décrets de nominations dans les différents ministères; les Ministres ont du faire semblant de travailler durant tout ce temps, sans cabinet. En 9 mois de présidence, il a décidé de faire dégager les déplacés de l’aéroport de Bangui Mpoko avec des MESURETTES d’accompagnement de 50.000 ou 100.000 Ffcfa par foyer. En 9 mois de présidence, il a reçu personnellement des dizaines de prétendus investisseurs sans résultats concrets. Il y a une chose que je ne comprends pas. Pourquoi c’est le Président de la République qui est obligé de recevoir personnellement les investisseurs? Les Ministres ne peuvent-ils pas le faire? Il paraît que les investisseurs donnent souvent de l’argent pour faciliter l’obtention de certaines faveurs… En 9 mois de présidence, il ne contrôle pas plus de la moitié des préfectures de la RCA, livrées aux rebelles. En 9 mois de présidence, il dirige seul et mal le pays, en excluant les autres partis politiques y compris certains de ses alliés. Tout le monde lui réclame un dialogue national mais il ne s’en émeut point. Notre pays se meurt sous nos yeux. Je ne serai jamais complice du laxisme du pouvoir actuel. L’histoire retiendra les lanceurs d’alerte et les courtisans seront jetés à la poubelle ».

Après les jours de la fête de fin d’année, Touadéra doit avoir le courage politique de faire son bilan et de prendre toutes les mesures pour changer le fusil d’épaule, avant qu’il ne soit trop tard. Car, « gouverner, c’est prévoir » et beaucoup de choses peuvent être faites sans l’apport financier ou l’appui des donateurs. Il est donc grand temps pour lui de secouer le cocotier, s’il veut éviter qu’une tempête de contestations ne vienne l’emporter.

Kassa Mongonda

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