Tôt ou tard, ce peuple aura soif de changement
Et ce n’est pas Paul Rusesabagina, héros du film Hôtel Rwanda, qui dira le contraire, lui qui avait été condamné à vingt-cinq ans de prison pour « terrorisme » avant d’être gracié alors que son seul crime était d’avoir critiqué le régime de Kagame. C’est une véritable chape de plomb qui s’abat sur les opposants et autres défenseurs des droits de l’Homme. Toujours est-il que cet ancien chef rebelle dirige son pays, d’une main de fer, depuis près de trois décennies. Après tant d’années au pouvoir, Kagame devrait avoir la décence et la lucidité de faire valoir ses droits à la retraite. Mais voilà, la boulimie du pouvoir le tient apparemment. Kagame aurait tort de se prendre pour le messie du Rwanda. Nul n’est indispensable sur cette terre. A preuve, les cimetières sont remplis d’hommes qui se croyaient indispensables. A force de le mettre à l’épreuve, Kagame risque de s’attirer un jour la colère de son peuple. Cela dit, si l’homme a peu d’égard vis-à-vis des valeurs démocratiques, c’est aussi parce que parmi les dirigeants de la région des Grands lacs, aucun ne constitue un modèle en matière de respect de la démocratie. Mais le cas du Rwanda est d’autant plus à déplorer que Kagame surfe sur le génocide de 1994 qui aura laissé sur le carreau plus de huit cent mille cadavres. Mais qu’il se le tienne pour dit : ce jeu malsain n’est pas sans conséquences. On ne peut pas utiliser indéfiniment des cadavres pour stopper l’action des défenseurs de la démocratie et de la liberté, même si certains ne sont pas blancs comme neige dans le génocide rwandais. Tôt ou tard, ce peuple aura soif de changement.
DZ