Paoua : vers un échec annoncé du « Grand DDRR » lancé par le président Touadéra

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Après plusieurs reports, la République centrafricaine lance ce 17 décembre dans le nord-ouest du pays un programme DDR (Désarmement, démobilisation et réintégration) en direction d’ex-combattants, dans un pays qui fait encore face à des violences.

En Centrafrique, le lancement ce 17 novembre de ce nouveau programme DDR (Désarmement, démobilisation, réinsertion) se déroule en ce moment dans la ville de Paoua, dans la région d’Ouham-Pende, dans le nord-ouest du pays. Le président centrafricain, des ministres et le numéro deux de la Minusca, la mission de l’ONU en Centrafrique, sont sur place depuis ce matin pour « le grand DDR ».

Ce programme va toucher quelque 500 ex-combattants issus des RJ, Révolution et Justice, la branche Sayo et la branche Belanga, deux milices anti-balakas, dans cette région du nord-ouest de la Centrafrique. En tout, le grand DDR, financé à hauteur de 30 millions de dollars par la Banque mondiale, va concerner quelque 7 000 ex-combattants au niveau national. Très peu par rapport aux membres des groupes armés, évalués à 45 000 au plus fort du conflit centrafricain.

Trois échecs

Les programmes DDR sont normalement mis en place dans des pays post-conflit, ce qui n’est pas le cas de la Centrafrique, où l’on estime que 80% du territoire est sous la coupe des groupes armés. Autre défi : plusieurs grands groupes armés, qui ont leur propre agenda politique, sont hostiles à ce programme. De plus, il y a quelques jours, deux des principaux groupes anti-balakas se sont retirés du processus DDR après l’arrestation d’un de leurs leaders à Paris.

Le nouveau programme DDR est par ailleurs le quatrième du genre initié dans le pays depuis le début des années 2000. Les trois premiers ont tous échoué. Mais le pouvoir centrafricain se veut optimiste. Il table pour cela sur la volonté affiché par un grand nombre de groupes armés de participer au programme. Il anticipe aussi les résultats de l’initiative de paix menée de l’Union africaine (UA).

Partout dans le monde, mener un programme avec des groupes armés n’est chose facile. Et il ne faut pas penser que du jour au lendemain, tout le monde va dire « d’accord, on dépose les armes ». Il y a des conditions à remplir, des étapes à franchir. Et ce travail patient, nous pensons le mener avec la bonne volonté des uns et des autres.
Jean Willybiro-Sako
17-12-2018 – Par RFI
Mais tous ne partagent pas l’optimiste du gouvernement. Roland Marchal, chercheur au CNRS, le Centre national de recherche scientifique, estime de son côté que ce programme est voué à l’échec. Les groupes armés ne sont prêts à désarmer, car le moment est mal choisi. « L’annonce d’un processus d’un grand DDR alors qu’en même temps on envoie des responsables politiques de groupes armées vers la CPI, ce n’est pas vraiment le meilleur climat pour commencer une discussion. Et la deuxième chose, c’est le réarmement de tous les groupes armés qui craignent que la présence russe se consolide d’un point de vue militaire et aboutisse sur une confrontation d’ampleur. »

Le gouvernement centrafricain, lui, assure avoir mis tous les atouts de son côté.

RFI

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