
On est en droit de se demander si l’Eglise catholique ne pouvait pas agir autrement
Mais au-delà de ces raisons qui peuvent paraître évidentes, il peut y avoir des mobiles sous-jacents comme la volonté d’afficher la démarcation de l’Eglise catholique du M23 qui est majoritairement constitué de Tutsis qui sont généralement d’obédience chrétienne, comme pour dire que la foi catholique ne saurait servir d’idéologie pour alimenter la guerre. Cela dit, l’on peut se demander si cette simple marche suffira à toucher les cœurs des rebelles du Nord- Kivu. Il est vrai que la foi au miracle est une posture chrétienne mais l’on peut sérieusement douter de l’efficacité d’une manif pacifique contre des hommes armés qui croient dur comme fer à la légitimité de leur lutte. C’est pourquoi l’on est en droit de se demander si l’Eglise catholique qui constitue une puissante voix morale en RDC, ne pouvait pas agir autrement, c’est-à-dire en se constituant comme médiateur entre l’Etat congolais qui, jusque-là, refuse de s’asseoir autour de la même table que les rebelles et le M23. Cette solution aurait eu pour avantage de privilégier le dialogue comme mode de règlement du conflit par le rapprochement des positions, contrairement à la marche de ce dimanche qui ressemble plus à un parti pris de l’Eglise catholique en faveur des autorités congolaises avec pour risque de jeter en pâture au M23, les fidèles catholiques qui peuvent désormais être la cible des exactions des groupes rebelles. Mieux, il est évident que les pressions de l’Eglise catholique sur les autorités congolaises pour aller vers une offre de paix au M23, seraient beaucoup plus porteuses que celles qu’elles tentent d’exercer sur un groupe d’insurgés dont elle ignore complètement les valeurs.
Saho
Le Pays