Onu : Qui est António Guterres, le nouveau patron du « machin » ?

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Socialiste, catholique, porte-parole des opprimés, le Portugais est le nouveau secrétaire général d’une institution en pleine crise.

Vendredi, le Sud-Coréen Ban Ki-moon a fait ses adieux à l’Organisation des Nations unies. Ce 1er janvier, l’institution septuagénaire accueille son nouveau patron, le Portugais António Guterres, désigné début octobre.

Socialiste et catholique

Né à Lisbonne le 30 avril 1949, le jeune António Guterres, ingénieur de formation, s’engage dans le Parti socialiste en 1974, année de la «révolution des œillets», qui fait tomber la dictature salazariste. Deux ans plus tard, il est élu au Parlement où il siégera pendant dix-sept ans. En 1992, il devient secrétaire général du Parti socialiste, avant d’être propulsé Premier ministre de 1995 à 2002. Il prendra également la tête de l’Internationale socialiste de 1999 à 2005. Sa femme, Catarina Marques de Almeida Vaz Pinto, est chargée culturelle au conseil municipal de Lisbonne. Il a deux enfants de sa première épouse, morte d’un cancer en 1998. Catholique, il se dit «personnellement opposé à l’avortement». «Je pense que la vie est une valeur extrêmement importante qui doit être préservée», a-il déclaré à la radio en 1997, refusant de faire campagne pour le référendum national sur la dépénalisation de l’IVG proposé par son propre camp. Redoutable tribun, il soulève les foules en portugais, anglais, français et espagnol. Il était en poste quand la colonie de Macao est revenue sous souveraineté chinoise, en 1999, ce qui lui vaut, semble-t-il, de bonnes relations avec Pékin. L’actuel président portugais l’a désigné comme «le meilleur d’entre nous». Malgré tout, selon le quotidien El País, il n’a pas laissé de grandes traces en tant que dirigeant.

 

Engagé auprès des réfugiés

Dès 1991, António Guterres a créé le Conseil portugais pour les réfugiés. Rien d’étonnant alors qu’il dirige de 2005 à 2015, le Haut Commissariat des Nations unies aux réfugiés (HCR). Alerté par le «plus important nombre de déplacés dans le monde depuis la Seconde Guerre mondiale», le diplomate réforme en profondeur cette institution, en réduisant d’un tiers les effectifs au siège de Genève, pour mieux répartir les importants fonds du HCR sur ses différentes missions sur le terrain. Son expérience lui a donné une bonne connaissance, entre autres, du conflit en Syrie, au Yémen et au Soudan du Sud. Des atouts qui lui seront précieux pour son mandat à la tête de l’ONU et qui lui valent le respect du milieu des ONG.

 

Une élection haut la main

Le Portugais est le neuvième secrétaire général de l’organisation des Nations Unies fondée en 1945 pour promouvoir la paix entre les peuples. Il a été élu en octobre, pour un mandat de cinq ans par le Conseil de sécurité (soit les cinq membres permanents, Chine, Etats-Unis, Russie, France et Royaume-Uni, et dix membres non-permanents, Angola, Egypte, Espagne, Japon, Malaisie, Nouvelle-Sélande, Sénégal, Ukraine, Uruguay, Venezuela), distançant largement les neuf autres candidats. Même les diplomates russe et américain avaient laissé de côté leurs graves différends sur la situation en Syrie pour s’accorder sur son nom, lors d’un vote à l’unanimité qualifié d’«historique». Pour la première fois, les représentants des 193 Etats membres avaient pu interroger les candidats lors de débats publics. Sa nomination avait ensuite été entérinée par un vote formel de l’Assemblée générale.

Diplomate et chef de l’administration

Le secrétaire général de l’ONU a pour tâche de jongler entre les intérêts particuliers des Etats membres et la défense des valeurs pacifiques de l’organisation. Selon le site de l’ONU, il doit user de son «indépendance, de son impartialité et de son intégrité pour faire, publiquement et en privé, des démarches propres à empêcher l’apparition, l’aggravation ou l’extension des conflits internationaux». Il est chargé d’être «le porte-parole des peuples du monde, en particulier ceux qui sont pauvres et vulnérables». Cet été, Guterres, interrogé sur ses motivations par le Guardian, avait déclaré : «Après ce que j’ai vécu à la tête de l’HCR pendant dix ans, je suis complètement engagé. Vous ne pouvez imaginer ce que l’on ressent à la vue de ces souffrances inimaginables.» Dans son discours d’investiture, le nouveau secrétaire a prévenu que «l’ONU doit se préparer à changer». Il a appelé à une «réforme globale» de l’organisation, promettant de repenser les stratégies et les opérations de maintien de la paix, de mieux communiquer, mieux représenter les jeunes, les femmes, les pays émergents. Désormais chef de l’administration (41000 fonctionnaires), il a promis de simplifier la bureaucratie onusienne.

Un futur proche semé d’embûches

A 67 ans, il prend la tête d’une institution en pleine crise, qui a été incapable de mettre un terme aux conflits en Syrie, au Yémen, au Soudan du Sud, a couvert les exactions sexuelles de ses militaires en Afrique, a montré son impuissance à stopper la course à l’armement nucléaire nord-coréen et n’a reconnu que du bout des lèvres sa responsabilité dans l’épidémie de choléra en Haïti. Et cela vingt jours avant l’arrivée de Donald Trump à la Maison blanche, qui ne cache pas son mépris pour l’institution dont les Etats-Unis prennent en charge 22% du budget. L’élection d’Antonio Guterres avait été saluée de tous côtés. L’espoir placé en lui est grand, mais la tâche est immense.

Source : Libération

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