Négociations sur la RCA: Smaïl Chergui rencontre des leaders de groupes armés

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Smail Chergui, commissaire pour la Paix et la sécurité de l’Union africaine (UA), à Addis-Abeba, en Éthiopie, le 13 avril 2018.© Samuel HABTAB / AFP

L’équipe de la facilitation qui est conduite par Smaïl Chergui, le « monsieur Paix et sécurité de l’Union africaine », tente depuis deux jours de surmonter ces deux points de blocage. Elle a multiplié les navettes entre les deux camps.

Alors que dans un premier temps, les groupes armés refusaient de répondre, y compris au téléphone, Smaïl Chergui a finalement rencontré hier après-midi quatre des principaux leaders de ces mouvements : Nourredine Adam du FPRC, Abdoulkassim Algoni Tidjani du MPC, Maxime Bokom un des coordinateurs des anti-balakas et Ali Darassa de l’UPC, avant de nouvelles consultations avec le représentant du gouvernement centrafricain.

Le commissaire Paix et sécurité de l’Union africaine, qui se veut optimiste, explique qu’il travaille à des solutions qui respectent la Constitution de la Centrafrique. Une source de la facilitation précise de son côté qu’ils planchaient jusqu’à hier soir à « un projet sur la question épineuse de la justice et des crimes commis en RCA depuis 2003 », avant de passer à « la problématique d’un gouvernement où toutes les parties se retrouvent ».

Côté groupes armés, on en reste encore aux mêmes discours : « aucun compromis n’a encore été trouvé sur nos deux préalables que sont une amnistie générale et un gouvernement d’union nationale », rappelle-t-on. Mais « nous n’avons pas fermé la porte aux discussions », selon la même source, qui explique que la facilitation a promis de mettre sur la table aujourd’hui « une nouvelle proposition » qui devrait « répondre aux attentes des deux parties ».
La facilitation elle assurait hier soir qu’« un accord est tout proche ».

Une demande qui ne passe pas auprès des victimes à Bangui

Elle ne veut pas entendre parler d’amnistie. Cette victime préfère témoigner de façon anonyme car elle craint encore les représailles. Pendant la crise, en plus des pillages, trois de ses parents proches ont été tués.

« C’est une manière de se moquer des victimes. Ils ont tué, ils ont cassé les maisons, ils ont fait n’importe quoi. Et aujourd’hui ils disent amnistie ? Non soyons sérieux quand même, c’est pas normal. On dit vraiment non. Chaque victime, son objectif principal, c’est la justice. Il fallait que la justice soit faite. Parce qu’après la justice, il y aura le pardon, après le pardon, il y aura la réparation et la réconciliation durable sera faite. »

Pour les organisations de défense des droits de l’homme et des victimes, la question de l’amnistie ne fait pas l’objet de débat. Armel Evrard Bondade est le chargé de programme conjoint FIDH-LCDH-ODCH : « Aujourd’hui, selon l’esprit du forum de Bangui avec la présence des groupes armés lors de ce forum, on était tous unanimes. On s’était dit zéro amnistie, zéro impunité. Si aujourd’hui les groupes rebelles veulent faire de ça leur cheval de bataille, c’est parce qu’ils ont peur. Ils ont peur de la justice. Mais pour nous, nous n’allons pas céder et nous demandons au gouvernement d’être ferme et que ce dialogue-là se fasse dans l’esprit du forum de Bangui sinon pour nous les victimes ce sera de l’injure. »

Armel Evrard Bondade rappelle aussi que parmi les personnalités demandant actuellement l’amnistie à Khartoum, certaines en ont déjà bénéficié par le passé.

RFI

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