Nation : On finira par une plainte contre le président Touadéra pour haute trahison

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Non assistance à personne en danger. Ç’en est un concept juridique et judiciaire qui ne pèse plus pour expliquer les faits en République centrafricaine. Où les tas des morts innocentes par-ci par-là s’amoncellent mais personne, toujours aucune personne, engagée et déterminée, pour arrêter le cycle infernal. Pas même –on s’en douterait, le président de la République nanti d’un lourd capital de légitimé compris sous le concept pratique de « pouvoir ».

« Infernal », c’est le mot qui sied, en tout cas. Tant il est vrai que partout sauf une minuscule portion du territoire nationale encore assise sur une bombe à retardement avec une porte donnant sur cet enfer de l’autre côté, il pleut des morts. L’odeur de la terreur, de ceux qui sont morts ou de ceux qui  en sont terrifiés, sent de partout. Quelques mois après l’élection du président Touadéra sur ce que l’on espérait être les cendres de la transition, les Centrafricains et tous les observateurs ont vite compris que la Minusca ne ferait absolument rien de sorte que la paix revienne dans ce pays déchiré depuis quatre ans avec le déferlement des hordes de la Séléka, fabriquées par le Tchad. Même si une présomption d’innocence voudrait que l’on regarde aussi du côté des opposants politiques au régime d’alors qui ont choisi le raccourci pour se débarrasser de François Bozizé.

Cette réalisation in petto de la fatalité annoncée, parce que ô quel scandale, la Minusca venait d’exfiltrer des dangereux chefs de bandes armées particulièrement criminelles pris au piège après avoir tenté par la force de quitter le quartier-poudrière de Pk5 pour rejoindre leur base de Kaga -Bandoro, cette ville elle aussi à l’époque, comptant à longueur des temps ses morts comme par une prouesse de la cruauté. C’était en mi-août 2016. Cette conviction que la communauté internationale n’est pas avec le peuple centrafricain en réalité s’était d’autant plus accentuée que ces criminels chefs de bandes d’égorgeurs, étaient pourtant pour la plupart sous le coup d’un mandat d’arrêt délivré par la justice centrafricaine et donc n’attendaient plus que d’être arrêtés. Hélas.

Entretemps, bien d’autres contingents islamo arabophones brillaient déjà par des accusations sur eux d’accointance et intelligence nocive, de la part des témoins qui ne sont autres que la population au contact direct des faits et autres victimes. C’est bien plus grave que les faits « d’indiscipline » portés in the face of d’autres contingents plutôt appréciés par la population. La logique mathématique à dégager par-là étant, la Minusca est en réalité contre la proximité avec la population et pour la distance parce qu’ayant choisi de coopérer pleinement et activement avec les égorgeurs, les criminels. Que dire aujourd’hui, lorsqu’un certain Abdoulaye Hissene, criminel particulièrement têtu qui a eu à défier le gouvernement centrafricain à bien des occasions, hier protégé par la Minusca mais aujourd’hui se retrouve sanctionné par le Tchad son fabricant ! C’est tout simplement embarrassant même si derrière cet acte, on ne peut pas toujours et loin s’en faut, espérer que le Tchad enfin veut en finir avec le sang qui coule en RCA comme pour réabreuver le lac Tchad.

Et quand bien même la démission maintes fois exprimée de et par la Minusca de tenir sa mission qui est de favoriser le retour de la paix et de la sécurité en désarmant de gré ou de force les groupes armés actifs, conformément à son mandat, le gouvernement centrafricain lui, a fait montrer d’une cécité grave d’intelligence pour percevoir le message et acter d’autres mécanismes concourant à cette cause qui reste la chose la plus partagée dans l’opinion nationale. Pendant que le président de la République, Faustin Archange Touadéra, s’accorde volontiers à blanchir devant l’assemblée des Nations unies les troupes onusiennes qui ne s’appliquent pas pourtant dans son pays, derrière lui, c’est le massacre de son peuple in live. Qui dit la vérité !

A l’analyse psychanalytique de ce comportement contre-nature, on s’aperçoit que le président s’est résolu à brader la vie de son grand peuple à celle de la couche plus ou moins mince des fonctionnaires et agents : les salaires sont payés par la communauté internationale qui a décidé de gérer ce que le jargon appelle «la crise centrafricaine» à sa manière. S’il rame à contre-courant, il se retrouvera les pieds au mur, le robinet fermé. D’ailleurs, les hésitations des « Bruxelliens » en disent long… sept mois après la table ronde. Or, pratiquement sur le terrain, Touadéravise et s’illustre déjà pour un second mandat à la tête d’un Etat fantôme qui ne reste encore connu au monde que par le nombre des morts qui tombent par contingence non pas sous le fait d’une catastrophe naturelle comme on le penserait, mais par le fait des bandes armées qui sont paradoxalement payées comme des fonctionnaires en plus, dans le cadre de l’irréaliste programme de désarmement, démobilisation, réinsertion et rapatriement des ex-combattants et ces mercenaires étrangers que l’on caresse sous le terme de « combattants étrangers » -comme si le peuple centrafricain avait invité des étrangers pour venir combattre à sa cause.

Tout le monde sait que les groupes armés qui opèrent en Centrafrique ne sont plus, depuis le passage de Catherine Samba Panza en janvier 2014, que des criminels. D’aucunes des factions composant la nébuleuse Séléka l’étaient avec l’accession de cette rébellion au pouvoir en mars 2013 (depuis la campagne), mais ils se sont peaufinés dans la cruauté au point de se transformer en machine à massacrer la population innocente, souvent sous le prétexte d’une vengeance suite à des attaques attribuées à des Anti-Balaka, leurs ennemis communs. L’arrivée de Touadéra donc, indiquait que d’une paix relative acquise dans la foulée des élections de décembre2015-février2016, il restait à consolider mais en même temps, à prendre des dispositions pour la levée rapide de l’embargo à l’importation des armes qui ne vise en fin de compte que l’armée et non les groupes rebelles d’une part et l’embargo à l’exportation du diamant centrafricain d’autre part.

Des dispositions également pour remettre rapidement sur les rails l’appareil sécuritaire. Hélas, c’est une déception lourde : il faudra attendre au moins cinq ans voire le double –tout en continuant à compter les morts quotidiennes. Comme s’il y avait un plan machiavélique pour exterminer un peuple avant de morceler le territoire.Touadéra sur ces points de devoir, a fait montre d’une fébrilité telle qu’il s’est accordé à ne faire entièrement confiance qu’à la seule Minusca qui, depuis la transition, se dégageait déjà progressivement face à son devoir.

Aujourd’hui encore, c’est le Tchad, l’agresseur de la RCA. Face à qui les autorités en place garde un mutisme honteux pour nous autres Centrafricains lambda mais éhonté pour elles-mêmes. Chaque jour, les criminels s’approvisionnent en armes, munitions et hommes, à partir du Tchad pour l’essentiel. Et la RCA de sa partie occupée par les rebelles, partage une longue frontière avec ce voisin du nord qui toujours fait et défait des régimes en RCA. Lorsque l’ONU a pondu son rapport Mapping sur l’échelle de 2002-2015 il y a deux semaines, citant le Tchad pour des crimes commis par des éléments de son armée en mission de paix en RCA, tout le monde pensait qu’enfin, une lance-voix est donnée aux autorités centrafricaines pour tenter d’inverser la tendance sur le terrain diplomatique. Mais ô quelle confusion, silence tombale à Bangui. Eh !

Le gouvernement centrafricain est si amorphe qu’il n’ose plus s’intéresser aux morts –disons, les tueries en cours dans le pays. Mais aussi et c’est le comble de paradoxe, l’avancée progressive des groupes armés qui rongent les trente pour cent du territoire encore non occupé. Et quoi de plus ahurissant, ces trente pour cent, ne sont même pas parés contre toute éventualité. Le (ou la) Centrafrique, c’est quel pays comme ça ! Faut-il même parler en termes de « pouvoir » lorsqu’à Bangui même, l’autorité de l’Etat reste encore et toujours attendue au sein de la grande muette, l’armée, tandis qu’au sein de l’administration publique, « la rupture » n’est demeurée qu’un slogan de campagne électorale !

Hier encore le 19 juin, la bande des criminels a entraîné la nation dans un énième accord à Rome, accord que tout le monde sait déjà, inutile si ce n’est de faire le semblant d’un cessez-le-feu qui du reste, a du mal à se concrétiser puisque Bria reste empêtrée dans ses tueries et incendies de maisons –sans qu’il n’ait aucun pompier pour arrêter cet enfer de massacres. Alors que la ville est devenue « ville cruelle » et « fantôme », livrée aux seules bandes armées qui s’affrontent pour s’asseoir sur les richesses naturelles de la région. Mais hélas, le pouvoir de Touadéra, le gouvernement, ne dit mot. Et pourtant dans le chapitre en cours de lecture (Bria), ce sont les fils du Tchad qui sont venus en Centrafrique pour piller la région. Cela n’humecte nullement le pouvoir de Bangui.

La RCA avec Touadéra en un an seulement, a atteint ce qu’est « le pire » de la société humaine dans l’esprit de Bernard Werber, savoir, que l’impunité autour des crimes graves ayant atteint son comble, a ouvert la voie à l’anarchie en plus de l’absence de l’Etat sur le terrain. Jungle dans l’arrière-pays.

Les lamentations et les pleurs réels des milliers des victimes rescapées des tueries et autres qui ont perdu maisons et biens matériels pour leur survie, ne sont pas encore assez pour forcer le pouvoir à prendre ses responsabilités. Les Centrafricains sont dirigés par un gouvernement totalement irresponsable et n’ont que leurs larmes pour verser chaque fois que le malheur frappe à la porte des uns après les autres. Le pouvoir se tait parce que c’est le pouvoir : c’est pour s’enrichir et il semble qu’à pareille occasion, on s’enrichit mieux.

Il est néanmoins sûr que plus tard, lorsque l’épais nuage sombre sera dissipé, chaque responsable devra donner des explications et il est très probable que Touadéra passera devant la barre pour haute trahison.

Prince Coh

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