Nation : Marche de Paris du 9 septembre 2017 : Enjeux et risques

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Depuis quelques jours, la nouvelle de la marche de Paris du 9 septembre 2017 relative à la démission du président Touadéra, ne cesse de défrayer les chroniques et de susciter réactions et contre –réactions entre les organisateurs, d’un côté, et leurs pourfendeurs, de l’autre.

Loin de prendre fait et cause pour l’une ou l’autre partie, à savoir pour les partisans de cette manifestation et pour ceux qui s’y opposent, il y a lieu cependant de reconnaitre, que pour les lyriques et les observateurs avertis de la vie politique centrafricaine, cet orage socio – politique était annoncé et attendu depuis fort longtemps.

En effet, selon des informations dignes de foi, des voix autorisées laissaient clairement entendre que les mois d’Août et de Septembre seraient chargés de fortes tensions sociopolitiques, difficiles pour le régime actuel. Il va de soi aujourd’hui sans ambages et sans fioritures que le regain des violences et d’actes de graves atteintes aux droits humains sur toute l’étendue du territoire national, à l’exception de Bangui et ses environs, l’éclatement de l’union sacrée ayant abouti à l’adoption de la politique générale du gouvernement Sarandji  par les élus de la nation et l’éclatante réussite de la rencontre de Bruxelles, le retrait de certains partis politiques de la majorité présidentielle suivi de folles et persistantes rumeurs de coups d’état dont les affaires sont pendantes devant les tribunaux, la manifestation de Paris et la fin de la trêve sociale annoncée par les différentes centrales syndicales assujettissant la rentrée scolaire 2017/2018 au paiement d’un mois d’arriérés de salaires concourraient inévitablement  à donner forme à ces sombres prédictions et constitueraient sans aucun doute de signes incontestables et incontestés d’amoncellement de denses nuages  annonciateurs d’ une âpre et violente tempête.

C’est pourquoi, conscient de la densité de ce vent qui arrive, le président Touadéra a cru juste, dans son adresse à la nation lors de la cérémonie de célébration du 57ème anniversaire d’accession de la République centrafricaine à l’indépendance, s’engager dans les mois à venir à prendre de grandes décisions porteuses d’espoirs et susceptibles de générer de solutions à la crise politique  sécuritaire actuelle très aigüe et trop délétère. Une annonce qui a vite fait de jeter de l’émoi et du refroidissement tant au sein du gouvernement Sarandji que dans l’appareil de l’Etat et toute l’administration. Une annonce qui a aussi tempéré les ardeurs de la communauté internationale, attendant de voir et d’être rassurée.

En réponse, son aîné Sarandji, en sa qualité de premier ministre, chef du gouvernement, aurait dû avoir le courage et l’honnêteté d’un homme d’Etat de démissionner au lendemain de la publication de cette si importante déclaration à la nation, reconnaissant ainsi l’incapacité et les faiblesses de son équipe et offrant  du coup l’opportunité au président de la République de le reconduire ou de confier la gestion de la primature à un autre centrafricain capable de traduire en actes les promesses de la campagne électorale entre autres la sécurisation et la pacification du pays sur la base desquelles il a été massivement et démocratiquement élu.

Malheureusement, le locataire de la Tour Pétroca userait de ses relations personnelles pour s’accrocher au pouvoir, privilégiant ses intérêts sur ceux de la nation  et oubliant que le président Touadéra l’avait nommé pour parer au plus vite pressé, le processus électoral n’étant  pas encore complètement achevé.

Dans le même temps, sans évoquer les vagues de tueries et d’horreurs apocalyptiques s’abattant tous les jours sur  nos populations, de l’est à l’ouest du sud au nord,  l’on assiste à une paralysie de la vie politique et socio économique et à un attentisme inquiétant de la part de la communauté internationale, faute d’être rassurée. Mieux encore, alors que Touadéra serait en train de faire des consultations pour un changement gouvernemental ou un remaniement ministériel, lui aussi s’y mêlerait en lâchant dans l’arène ses pions, à l’exemple de l’initiative prise par M. Guy Francky Leffa, ci – devant ministre de l’habitat, du logement social et de l’urbanisme, pour un nouveau débauchage au nom de l’UNDP dans un probable gouvernement Sarandji 2. A moins qu’il ne soit plus supérieur à Touadéra dans le monde des loges, cette résistance échappe à toute logique politique et est contraire à la constitution sur laquelle l’homme de Boy – Rabé a prêté serment. En homme d’état, élu démocratiquement par un peuple sur la base d’un programme, et ayant l’impérieuse obligation constitutionnelle de lui rendre compte, il se doit de réagir comme son homologue congolais, Sassou N’guesso qui a demandé et obtenu la démission de son premier ministre, deux (2) jours seulement après son adresse au peuple congolais, le 15 août dernier.

Dans tous les  cas, la manifestation de Paris sera un signal très fort pour Touadéra, un appel à un changement de trottoir et de méthode.

Affaire à suivre ….. !

La Rédaction

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