Nation : « M. Méckassoua, un député qui quitte son parti ne doit plus rester dans l’hémicycle », dixit Michel Amine !

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La République Centrafricaine comme je la vois :  Un député peut-il quitter son parti et continuer de rester dans l´hémicycle ?

Le débat sur la question qui a cours en ce moment dans le pays mérite que je me prononce sur le sujet. Il est naturellement incompréhensible que dans un pays qui donne le meilleur de lui-même pour s´essayer dans l´exercice du principe démocratique, que des députés élus sous le chapeau d´un parti politique démissionnent de leur parti pour devenir ce qu´on appelle maintenant « députés de la nation ». Les collègues Nicolas Tiangaye de  la  CRPS et Alexandre Ferdinand Nguende du RPR en font en ce moment les frais. Un tel comportement est proche de la débauche, un péché que condamne radicalement la Bible (lire l´excellente exhortation de l´Apôtre Paul à fuir la débauche en 1 Corinthiens 6.9-20) et qui ne saurait être admis dans un pays comme le nôtre, qui a plus à faire que de se laisser distraire par les actes de ce genre.

Le principe de séparation horizontale des pouvoirs constitue en démocratie le moteur même du développement d´une nation mûre qui connaît et comprend où elle va et ce dont elle a à faire pour répondre convenablement aux besoins de sa population. La Centrafrique souffre déjà assez d´instabilités pour que, plutôt que de se mettre au travail productif, des députés se laissent courir pour servir des causes qui ne portent pas. Le comportement de certains de nos députés à l´Assemblée Nationale est loin de refléter ce qu´on attend des élus du peuple qu´ils sont, c´est-à-dire, qu´ils légifèrent dignement et conséquemment, dans l´unique but de servir le peuple qu´ils représentent et dont ils ont le devoir d´en défendre les intérêts. Nous ne devrions pas oublier que le pays reste en guerre et qu´il n´est pas utile de continuer de mettre inutilement des gens en difficulté, cause de plus de guerre et de rébellion. Les députés de notre hémicycle ne doivent pas vivre comme des affamés en quête de nourriture, au point de se laisser aller à de telles tentations d´abandon pour des raisons qu´ils sont seuls à comprendre, et qui, pour nous, n´est pas moins que de la débauche politique.

Les partis qui les ont cooptés constituent le cadre démocratique dans lequel le travail politique doit se faire. Rien ne sert de les déstabiliser au risque de courir des risques inutiles qui ne contribueraient qu´à enfoncer davantage le pays. Un député ne devrait pas être autorisé à abandonner son parti d´origine, pour servir, pendant qu´il est encore en période de législature, dans un autre parti ou même d´opter pour être indépendant. Pour autant qu´il n´a pas été élu comme indépendant, il est tenu de continuer d´œuvrer dans le cadre du parti dont il est le répondant en quelque sorte devant l´Assemblée. En démocratie moderne, une démission du parti pour lequel on a été dûment élu signifie aussi une démission de l´hémicycle, ce qui appelle de toute évidence à son remplacement par le suppléant. Le nouveau règlement récemment voté qui fait des députés démissionnaires des « élus de la nation » dans le but de les maintenir (pour certainement s´en servir à des fins politiciennes) dans l´hémicycle, revient à semer davantage de trouble dans un pays déjà fortement secoué par l´instabilité et la guerre. Le sentiment de trahison qui anime les collègues Tiangaye et Nguende est donc justifié. J´en appelle ici à la reprise de conscience des députés démissionnaires de ces partis amis, qui sont autorisés à revenir à la maison-mère, à l´image du retour du fils prodigue dont nous raconte la Bible en Luc 15, signe de paix dans une Centrafrique déjà suffisamment touchée. A qui cela profiterait-il que des gens soient poussés à bout ? A qui cela profiterait-il qu´il y ait plus d´ennuis dans notre pays, comme si l´état actuel de notre nation n´était pas déjà suffisamment préoccupant ?

C´est le lieu ici d´interpeller le pouvoir de Mr Touadéra à comprendre qu´en démocratie, la contradiction est la clé de succès du développement d´un pays. Les idées et débats contradictoires aboutissant à des consensus positifs, tirent une nation vers le haut. Le pouvoir en place doit donc faire preuve de maturité pour s´élever tant soit peu au niveau réel de l´exercice du pouvoir, qui en respectant le pouvoir législatif, qui constitue au fond un pouvoir à part, admet la contradiction et cherche des voies de consensus pour avancer, tout en respectant le principe démocratique qui sous-tend tout débat en Assemblée.

Pour que vive la démocratie dans notre pays.

Le 15 novembre 2017
Amine Michel,
Président-Fondateur de l´Union Nationale pour la Démocratie et le Progrès (UNDP)

 

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