Nation : Les raisons du terrible et cuisant fiasco de Touadéra et de la Majorité présidentielle

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Le jeudi 9 mars 2017, s’est tenu, dans l’hémicycle de l’assemblée nationale, le vote relatif au renouvellement des membres du bureau. Conformément aux dispositions du règlement intérieur, à l’exception du poste du président de l’assemblée nationale élu pour un mandat de cinq (5) ans, tous les autres membres sont astreints à l’obligation de soumettre annuellement leur poste à un vote de confiance de la part de leurs pairs.

Donc, une belle opportunité offerte aux deux (2) têtes de l’exécutif, à savoir le président de la République, Faustin Archange Touadéra, et le président de l’assemblée nationale, Karim Méckassoua qui se regardaient depuis un certain temps en chiens de faïence et en  véritables ennemis, de descendre dans l’arène, tel un gladiateur contre un rétiaire, et de s’affronter cette fois – ci directement. Une dure et rude bataille, par personnes ou par entités interposées, le groupe de la majorité présidentielle dénommé « Cœurs Unis », d’un côté, et la mouvance Méckassoua connu sous l’appellation du « chemin de l’espérance », de l’autre côté, dans laquelle les deux (2) ennemis juérs ont jeté toutes leurs forces. Une bataille qui s’est finalement soldée de fort belle manière par la victoire du camp de Karim Méckassoua sur le camp Faustin Archange Touadéra. Qui l’eût cru ?

Et pourtant, toutes les dispositions semblaient avoir été prises par la majorité présidentielle pour l’emporter en faisant rentrer dans ce bureau ses représentants afin de contrecarrer politiquement toutes les actions pendantes ou à venir de la part du président de l’assemblée nationale qui serait, selon eux, en réalité  l’éminence grise des égorgeurs de la Séléka et qui n’entendrait qu’une seule occasion propice pour rendre la vie difficile au régime ou prendre tout simplement le pouvoir en lieu et place de Touadéra. A cet effet, plusieurs réunions en prélude à ce vote auxquelles ont pris part des députés indépendants et ceux des partis politiques alliés, ont été organisées et des stratégies proposées, discutées et adoptées. Et même la veille, après les rencontres de l’hôtel du Centre et  de l’hôtel Ledger, un dernier conclave regroupant plus de 95 députés  se serait tenu à l’hôtel Azimuts jusque tard dans la nuit pour les dernières consignes de vote. Alors pourquoi un si terrible et cuisant fiasco ? Comment une entité présidentielle pouvant user de tous les moyens de l’Etat puisse ne pas réussir à faire élire deux (2) de ses représentants au poste de vice – présidence  et placer trois de ses membres dans le bureau ? Terrible, n’est – ce pas ? Quelles en sont  donc les raisons ?

Stève Koba n’était pas le candidat idéal de la majorité présidentielle

Selon des informations dignes de foi en notre possession, M. Stève Koba, candidat de la majorité présidentielle au poste du 1er vice – président de l’assemblée nationale ne serait pas l’homme idéal. La plateforme dénommée « Cœurs Unis » aurait plutôt porté son choix sur un certain Augustin Yangana Yahoté, député du 4ème arrondissement de la 2ème circonscription et président du groupe parlementaire UNDP, première force politique du pays avec ses 14 députés et parti allié à Touadéra. Celui – ci, non seulement aurait le soutien de la majorité des députés indépendants mais aussi bénéficierait de l’indéfectible soutien des partis politiques ayant des députés siégeant à l’assemblée nationale. Mais coup de théâtre et pour des raisons inavouées, M. Augustin Yangana Yahoté, à deux (2) jours du jour fatidique, serait absent de Bangui, curieusement à la demande du président de l’assemblée nationale, M. Karim Méckassoua qui l’aurait instruit de le représenter à une rencontre des parlementaires au Canada, sans préalablement en tenir informés la plateforme « Cœurs Unis » et les partis politiques alliés.

Du coup, pris au dépourvu, leur choix se serait alors porté à la dernière minute sur la personne de M. Stève Koba. Une erreur de casting qui se révélera plus tard non payante et contre productive. Car, l’homme qui  ne serait pas de bonne moralité et dont le nom aurait été cité par la presse locale dans des affaires de rackettage des sociétés forestières de la Lobaye, de non paiement des factures de loyers dus à l’hôtel du centre et d’escroqueries, n’aurait pas réussi à faire l’unanimité autour de sa personne. D’où son lâchage le jour du vote par les uns et les autres.

Touadéra fourbe, radin et immature politiquement

Pour certains observateurs avisés de la vie politique centrafricaine, cet échec cuisant et fracassant de Touadéra et de la majorité présidentielle ne serait que la résultante de la fourberie, de la roublardise et d’absence de sincérité, traits caractéristiques de sa gestion des affaires de la cité.

En effet, depuis sa brillantissime victoire et sa prise de pouvoir, l’homme n’aurait brillé que par de belles et mielleuses promesses et des actes de débauchage qui auraient fini  par lui faire perdre et la confiance de certains députés indépendants et celle des partis politiques qui l’ont soutenu contre vents et marées. Et son silence complice sur la démarche visant à modifier les anciennes dispositions du règlement intérieur de l’assemblée nationale serait considéré comme un acte de manque respect à leur égard et plus fort un acte de trahison.

A cette tare s’ajouterait la propension de Touadéra à pleurnicher devant ses hôtes, à passer son temps à leur chanter dans les oreilles les difficultés de trésorerie que connait le pays, ignorant peut – être que les uns et les autres n’en savent pas un peu trop sur ce à quoi sont destinés les fonds spéciaux mis hebdomadairement à sa disposition par le trésor public, et à ne remettre difficilement aux plus chanceux d’entre eux que la modique somme de dix (10) mille Francs CFA comme argent de transport. Une triste expérience vécue par les uns et les autres lors du vote du président de l’assemblée nationale et de tous les autres membres, il y a déjà un an. Une expérience qui se serait renouvelée au point que même son premier ministre, Simplice Matthieu Sarandji, n’aurait remis aux députés de la majorité présidentielle, réunis à l’hôtel Azimuts ce jour – là, c’est – à – dire la veille, et qui n’auraient eu droit ni à l’eau ni à la boisson, que la modique somme de dix (10) mille Francs CFA. Allez y voir !

Enfin, comme un malheur ne vient jamais seul, la conjonction de ces deux (2) faiblesses ne pouvait que militer négativement en faveur de l’image de l’homme du 30 mars dans la conscience collective. Car la fourberie et l’avarice ne rime pas avec la politique. Leur incarnation malheureusement en l’homme aurait fini par faire de lui une balle en l’air, voguant au gré du vent et ne pouvant constituer du solide sur lequel l’on peut fonder du sérieux pour avancer, pour être pris au sérieux et pour être respecté et craint. Un homme sans stratèges et sans stratégies qui ne sait pas ce qu’il veut, où il doit aller ou conduire le peuple et qui ne sait pas comment se donner les moyens pour donner forme à toutes ses promesses. Un homme qui se laisse manipuler par les petits politicards illégitimes qui l’entourent et qui ne cessent de lui faire croire que son échec c’est l’autre, c’est – à – dire un certain Karim Méckassoua, alors que c’est lui le problème et c’est lui la solution.

Méckassoua trop fort politiquement

Alors qu’il était non seulement déclaré par la rumeur publique, au lendemain de l’interview du général Zoundécko du FPRC/RPRC/MPC qui l’accusait directement d’être l’éminence grise politique du mercenaire peuhl d’origine nigérienne, Ali Darass de l’UPC, comme l’ennemi public n°1, mais surtout considéré comme l’homme à abattre, du fait de ces informations et de ce qu’il pourrait succéder à l’autre au cas où, par les caciques de la majorité présidentielle, Méckassoua ne se serait jamais empressé de prendre la parole et de répondre à ces attaques. Même contraint par la presse, il ne serait jamais allé à plus d’explications que ce qu’il devait dire.

Entretemps, en fin stratège et calculateur politique, l’homme qui se complaint à faire entourer son univers politique et ses réseaux  d’un certain mysticisme, serait au rebours de l’autre tête de l’exécutif, un homme doué d’une chaleur de sincérité et de manager hors pair. Ceux qui ont l’habitude d’aller vers lui et d’échanger avec lui, n’auraient jamais découvert en lui les caractéristiques d’un homme pleurnichard et trop plaintif. Même en des moments difficiles de trésorerie, il serait toujours prêt à mettre dignement la main à la poche afin de permettre à ses hôtes de supporter leurs frais de transport. Un homme qui aurait trop de la hauteur pour exposer ses difficultés de trésorerie, à l’exemple du non versement des dotations globales de l’assemblée nationale depuis un certain temps par le ministre des finances et du budget, sur la place publique.

 La conjonction de ces deux (2) caractères aurait fini par faire de l’homme un homme politique complètement achevé, mystique et craint. Des vertus qui lui auraient permis de faire peser la balance vers son côté lors de ce vote. En effet, alors que ni le président Touadéra ni le premier ministre Sarandji n’auraient réussi à faire adhérer plus d’un député à leur cause, Méckassoua aurait, quant à lui, réussi à mobiliser et des députés indépendants et des députés de certains partis politiques autour de ses objectifs. Pour preuve, la veille, l’on aurait aperçu plus d’une quarantaine (40) de véhicules des députés toutes tendances confondues, garés devant le domicile de son homme de main, le député Aurélien Simplice Zingas, 1er vice – président. Une stratégie qui se serait révélée payante et trop fructueuse, à la grande surprise de ses détracteurs.

 A Touadéra de tirer toutes les leçons de ce terrible et cuisant fiasco avant qu’il ne soit trop tard !

Kassa Mo Gonda

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