Monsieur le président, ceux qui vous flattent aujourd’hui seront les premiers à vous vilipender demain !

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Monsieur le président, ceux qui vous flattent aujourd’hui seront les premiers à vous vilipender demain !

« Personne n’a chassé personne du pays; il y a eu des gens qui ont choisi de fuir leur pays. Celui qui veut rentrer, qu’il le fasse, et si il a des problèmes avec la justice, qu’il parte répondre ». Propos de Roch Marc Christian Kaboré, président du Faso, devant nos compatriotes le dimanche 16 septembre à l’ambassade du Burkina Faso à Paris. C’est une vérité sans doute. Qui n’aurait aucune importance, ni produit de réactions si elle ne venait pas du président du Faso; celui de tous les Burkinabè.

Autant personne n’a chassé autrui du pays, contrairement à ce que vous dites, personne ne choisit volontairement de « fuir » son pays. Du reste, les circonstances dans lesquelles certains de nos compatriotes ont quitté le pays sont encore vivaces dans les esprits de tous les Burkinabè. Tout le monde sait ce qui s’est passé les 30 et 31 octobre 2014. Si des gens n’avaient certainement pas «choisi» de quitter leur pays, peut-être que nous n’en serions pas là! Autrement dit, si le pays est relativement en paix, c’est parce que « personne n’a chassé personne », mais c’est parce que personne aussi n’a « choisi de fuir » son pays alors qu’il ne devrait pas le faire.

Du reste, le président que vous êtes ne devrait pas verser dans la «malcause». Certains de vos collaborateurs, zélés ou moins zélés, vouvouzelas ou griots, peuvent le faire et pas vous. Parce que c’est vous qui devriez arrondir les angles. Tout le monde (en tout cas, ceux qui vous connaissent) savent que vous n’êtes pas un homme violent, que vous aimez le consensus, que vous pardonnez vite. Car pour vous, l’essentiel n’est pas dans le détail, mais dans ce qui vaut pour la majorité des Burkinabè.

Quoi qu’il en soit, quoi qu’il ait été, en aucun cas vous ne devriez être fier, heureux et content quand certains de vos compatriotes, notamment un ancien président avec qui vous avez travaillé durant des années, est en exil. Même si ce n’est pas vous qui l’y avez contraint, à défaut de prendre les mesures pour qu’il rentre, vous ne devriez pas vous en satisfaire. Ou du moins, considérer cela comme si ce n’est pas une question importante ou préoccupante.

Ceux qui vous flattent aujourd’hui et sont à vos côtés, seront les premiers à vous vilipender demain parce qu’ils en savent mieux sur vous que quiconque. Si cela a toujours été ainsi, on aurait voulu qu’avec vous, ça se passe autrement. Pour quelques raisons dont la première est que vous êtes le premier président civil élu du Burkina. Vous avez hérité d’un pouvoir presque inexistant car la Transition ne vous a facilité les choses. Pire, les attentes des Burkinabè après l’insurrection populaire sont telles que vous n’avez pas eu le temps d’asseoir véritablement votre programme. Dans lequel, la réconciliation occupe une place de choix. Si pour des raisons diverses, nous n’y sommes pas encore, prenez de la peine! Mais restez le président de tous les Burkinabè, de ceux qui sont à l’intérieur comme de ceux qui ont quitté le pays, même si personne n’a pas pris de gourdin pour les y contraindre. Vous êtes le président de tous les Burkinabè. Faites en sorte que tous se reconnaissent en vous. Créez donc les conditions pour que vos compatriotes qui ont «choisi» ou pas, de quitter leur pays, puissent revenir quand ils le voudront.

Dabaoué Audrianne KANI.

L’Express du Faso

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