
Le président français se veut l’avocat du continent noir
D’où l’importance de ces sommets sur le climat et la nécessité de maintenir la flamme de la lutte contre le réchauffement climatique qui reste un défi pour la planète entière. Mais plus encore pour un continent comme l’Afrique qui est loin d’être parmi les premiers responsables du réchauffement mais qui subit les contre-coups de la montée des températures sans avoir véritablement les moyens d’y faire face. Pas plus que sa voix ne porte véritablement encore face au manque de solidarité des pays riches qui ne sont pas par hasard les plus grands pollueurs, et à leur volonté affichée de ne pas assumer leurs responsabilités en termes de dédommagement de l’Afrique. En tout cas, pour son entrée dans le vif du sujet, hier, en Egypte, l’Afrique ne manquait pas d’avocats pour plaider sa cause. En effet, du Sénégalais Macky Sall, président en exercice de l’Union africaine, au Bissau-guinéen Umaro Cissoko Embalo, président en exercice de la CEDEAO, en passant par le Congolais Denis Sassou Nguesso ou encore le Gabonais Ali Bongo Ondimba, ils ne sont pas moins d’une quarantaine de dirigeants africains venus mener le combat du continent noir au pays des pharaons, sur la centaine de dirigeants venus du monde entier et attendus à la tribune de cette COP 27. Au nombre de ces derniers, le président français, Emmanuel Macron, qui se veut l’avocat du continent noir. En septembre dernier déjà, le patron de l’Elysée plaidait, à l’Assemblée générale de l’ONU, en faveur d’un contrat Nord-Sud pour le climat. Un plaidoyer renouvelé à la veille de son déplacement à Charm el-Cheikh où il doit évoquer, avec le président gabonais, l’initiative de la rencontre du « One Forest Summit » prévue pour se tenir au premier trimestre de 2023 sur la transition climatique. Mais avant, le chef de l’Etat français a clairement affirmé, à la tribune de la COP 27, la nécessité de « mettre la pression » sur les Etats-Unis et la Chine pour qu’ils payent « leur part ».
On se demande si Emmanuel Macron ne prêche pas dans le désert
Et à en croire certaines sources, le patron de l’Elysée n’a pas d’autre ambition que de pouvoir « embarquer » ses partenaires du G7, pour être au rendez-vous de la solidarité avec l’Afrique. Mais au-delà de ces bonnes intentions, on se demande si le chef de l’Etat français parviendra à faire bouger les lignes dans le sens voulu, en faveur de l’Afrique. La question est d’autant plus fondée que les grandes puissances ont toujours montré qu’elles ne marchent pas au sentiment mais plutôt en fonction de leurs intérêts. Et dans le cas d’espèce, il est difficilement compréhensible que les lignes peinent encore autant à bouger, malgré la perte du pouvoir d’indécrottables climato-sceptiques comme l’ex-président américain, Donald Trump, ou encore l’ex-Premier ministre britannique, Boris Johnson, bientôt rejoints par le candidat malheureux à la présidentielle brésilienne, Jair Bolsonaro. En tout état de cause, la guerre en Ukraine est suffisamment évocatrice de cette solidarité à double vitesse dont les grandes puissances sont capables de se montrer vis-à-vis d’un des leurs comme l’Ukraine, qui bénéficie d’un appui logistique et financier dont moins de la moitié suffirait largement à ramener, par exemple, la sécurité dans les pays du Sahel en proie au terrorisme, mais abandonnés à leur triste sort. C’est pourquoi, en l’absence de mesures coercitives, on ne voit pas comment ces pays qui rechignent à tenir leurs engagements vis-à-vis de l’Afrique, pourraient revoir du jour au lendemain leur copie. C’est pourquoi aussi l’on se demande si Emmanuel Macron ne prêche pas dans le désert, ou si cette posture du président français ne procède pas plus d’une volonté de se faire bien voir des Africains que de peser véritablement sur le cours de l’histoire de ce sommet mondial sur le climat. L’histoire nous le dira. En attendant, tout porte à croire que ce combat pour plus d’équité envers l’Afrique, est d’abord celui des Africains qui doivent se montrer suffisamment unis et forts, au risque de continuer à subir le mépris et le diktat des grandes puissances.
« Le Pays »