M. Touadéra, faites cesser toutes ces attaques contre la France ou rompez les relations diplomatiques ! (Suite et fin)

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Pourquoi ? Parce que l’aventure entre la France et la RCA ne date pas d’hier et est tellement bien scellée et embrigadée par plusieurs années d’histoires d’amours et de désamours qu’elle n’est pas si prête de prendre fin. A moins que le président Touadéra, fort de son accord de coopération militaire avec la Russie de Poutine, veuille bien avoir le courage politique et révolutionnaire d’y mettre un terme.

Afin que nul n’ignore et pour la gouverne des uns et des autres, cette  aventure a commencé en juin 1889 par la prise de possession du poste de Bangui par Albert Dolisie. Comme tout territoire conquis, l’Oubangui – Chari et son peuple ont été victimes de graves exactions, de tribulations, de persécutions et de traitements humiliants, dégradants et inhumains, du fait des administrateurs coloniaux et des sociétés concessionnaires jusqu’ à la proclamation de la République centrafricaine et à son accession à l’indépendance le 13 août 1960.

Mais cette rencontre entre deux civilisations n’avait pas engendré que des malheurs, des larmes et des deuils, à l’exemple de  la révolte des Mandja,la Guerre de Kongo – Wara, de  l’enrôlement forcé pour la 1ère Guerre mondiale (1914-1918) et la Grande Guerre (1939-1945), des  portages et des impôts per capita, avec leurs milliers de morts, d’handicapés et de disparus. Elle a permis aussi aux autochtones de s’ouvrir au monde et à d’autres cultures par l’entremise de l’instruction dont les Pères Spiritains en avaient la lourde, laborieuse mais trop exaltante responsabilité. La mission d’aller évangéliser cette terra incognita était confiée à l’intrépide missionnaire de la Congrégation de Saint – Esprit, Mgr Prospert Augouard (1852 – 1921). Avec l’apport de ses prêtres dont la plupart étaient morts très jeunes de malaria, de morsures de serpents, d’attaques de la part des aborigènes, il réussira à créer la mission St Paul des Rapides, l’école des jeunes qui deviendra plus tard le petit séminaire où était passé le premier prêtre centrafricain et le Père de l’indépendance de la République centrafricaine, B. Boganda et dont avaient été pensionnaires, une fois transféré à Sibut en janvier 1947, la plupart des cadres de ce pays.

Comme nous l’avons souligné un peu plus haut, depuis les temps anciens jusqu’à nos jours, les relations entre les pays colonisés et les Etats colonisateurs ont toujours été écrites d’histoires d’amour et de haine, de joie et de tristesse, d’espoirs et de désespoirs, sur fond de recherche permanente d’intérêts personnels et communs, de 1960 à ce jour, et ce, à travers tous les régimes qui se sont succédé. De Boganda à Touadéra en passant par Dacko, Bokassa, Dacko, Kolingba, Patassé et Bozizé. Une loi d’airain sur la laquelle reposent les relations internationales et qui ne saurait être ignorée par le mathématicien de Boy – Rabé. Elle était devenue célèbre, lorsque le général de Gaulle, en paraphrasant Lord Palmerston, « L’Angleterre n’a pas d’amis ou d’ennemis permanents ; elle n’a que des intérêts permanents », rappelait que, d’une façon plus générale, « les États n’ont pas d’amis ; ils n’ont que des intérêts ».

Au nom de ce principe et de celui des peuples à l’autodétermination, B. Boganda qui était un homme de petite taille mais à qui les Pères Spiritains avaient donné l’arme la plus redoutable au monde qui puisse exister sur cette terre des hommes et qui a pour nom  l’instruction, l’avait interpellé à Brazzaville en 1944, au nom de l’Afrique Equatoriale Française, en sa qualité du président de Grand Conseil, sur la question hautement sensible en ces temps – là du devenir de ces territoires encore sous domination française. La suite de cet acte de bravoure pour son pays et son peuple, Boganda en paiera le prix par son sang dans un mystérieux accident d’avion, le 29 mars 1959.

Au pouvoir du 1er janvier 1966 au 20 septembre 1979, après avoir renversé le régime de David Dacko qu’il avait accusé d’avoir vendu la RCA aux Chinois et aux Israéliens, Bokassa s’autoaffectera le qualificatif du digne successeur  de B. Boganda et au nom des intérêts de son pays entraînera la France dans son sillage jusqu’à son couronnement mégalomaniaque  du 4 décembre 1977, dont l’histoire retiendra que les cérémonies ont été entièrement financées par la France de Giscard D’Estaing.

Mais, au lendemain de l’accession du président Patassé aux commandes de la gestion des affaires de la cité, suite à des élections régulières, inclusives, transparentes et incontestables, et après une République centrafricaine entièrement gouvernée par la France de  François Mitterrand d’une main de fer, à l’époque du général d’armée André Kolingba sous l’autorité directe du proconsul, le Colonel Mantion, le peuple centrafricain n’avait pas hésité à exprimer ouvertement sa volonté et sa ferme détermination à faire son chemin, au nom de la démocratie, à travers la personne de son nouveau président. Très vite cette ambition sera étouffée dans l’œuf et après des mutineries en mutineries et plusieurs coups d’état manqués, la France réussira par l’entremise du général Bozizé à récupérer son pré- carré. Cependant, voulant faire comme ses prédécesseurs mais cette fois – ci, en usant de la perfidie, de la fourberie et de la duplicité avec cette même France, lui aussi qui avait eu le courage, en vain,  d’en appeler à la mise en œuvre des Accords de Coopération et de Défense de 1960, lorsque les rebelles de la séléka étaient aux portes de Bangui, et qui avait fait entretemps de la RCA son royaume, celui de ses enfants, de ses maitresses, de ses parents, amis et connaissances, sera contraint de quitter le pouvoir.

Ces évènements, le président Touadéra et son premier ministre Sarandji qui manipulent aujourd’hui des baroudeurs politiques, certaines ongs, certains médias et certains internautes à tenir des propos incendiaires et injurieux contre la France, les avaient vécus en live, quand l’un était le locataire de la Tour Pétroca, pendant plus de 5 ans, et l’autre son directeur de cabinet. Les causes sont depuis lors connues de tout centrafricain : l’octroi dans un contrat de gré à gré d’un permis de recherche de pétrole à la Chine, dans la préfecture de la Vakaga. Les raisons ? La mise à l’écart de la France et le partage des rétro-commissions de plusieurs millions de dollars US entre Bozizé et son neveu Ndoutignaï.

Seulement, après quelques mois de gestion du pouvoir par la nébuleuse Séléka dont la plupart sont issus de confession musulmane, la République va basculer dans une spirale de violences inouïes. A la demande du premier ministre Me Nicolas Tiangaye, la coopération entre la RCA et la France sera une fois de plus activée et  marquée de manière prompte, efficace et efficiente, par le déploiement de l’opération Sangaris qui a permis d’éviter un génocide qui se dessinait.

L’on peut épiloguer longtemps sur les raisons du départ des soldats français peu avant la tenue et l’organisation des dernières élections et d’éventuelles parts de responsabilité de la France dans le déclenchement de cette crise et sa perpétuation, mais l’on ne peut pas ne pas reconnaitre ce que cette coopération avec la France a payé comme prix pour cette stabilisation précaire qui règne actuellement dans ce pays, en ressources et à travers ses soldats dont le sang a coulé sur cette terre, et surtout ce qu’elle rapporte par année et dans tous les domaines à la RCA et au peuple centrafricain. De l’économie aux infrastructures de base en passant par les actions humanitaires, la France est toujours présente aux côtés de la République centrafricaine et du peuple centrafricain. Chaque année, tant dans le cadre bilatéral que multilatéral, ses apports multiples et multiformes dépassent des centaines de millions de Francs CFA. Et encore, en ce qui le concerne personnellement, selon des révélations faites par Mme Cathérine Samba Panza mais jamais démenties, Touadéra aurait été imposé par cette France qu’il ne cesse d’accuser aujourd’hui de tous les  maux ; cette France où il a étudié, où il a été accueilli pendant les heures sombres du règne de la Séléka, et où il a une résidence et une famille. Nier cette évidence, c’est jouer à la démagogie pure et simple et refuser d’être reconnaissant vis – à – vis de la France.

Fort étonnement, c’est justement vers ce délire que Touadéra et Sarandji veulent entrainer toute la République, obnubilés par l’accord de défense signé avec les Russes, pour cacher leurs laideurs avérées, leur absence de vision politique, leur propension inouïe à la mal – gouvernance, leur esprit commun de roublardise, et leurs grands appétits  pour les maigres ressources de l’Etat, inscrites dans la loi de finances.

Car, il ne faut pas se le cacher : le mal centrafricain, c’est Touadéra. Et la solution, c’est encore Touadéra. Pour la simple raison que, comme le révèlent les conclusions d’une enquête sur sa propre gestion de deux années d’exercice du pouvoir, l’homme n’ a aucune volonté pour rétablir la sécurité nationale, assurer la protection des biens et des personnes et veiller à la préservation des intérêts fondamentaux de l’Etat. Ce qui l’intéresse, c’est la course à l’enrichissement rapide, à travers les fonds spéciaux, les frais de missions, les caisses d’avances, les rétrocommissions nées des signatures des contrats de bradage de nos ressources minières et énergétiques avec des mercenaires russes du Groupe Wagner, des hommes d’affaires chinois véreux, et des aventuriers de tous bords ; ce qui l’intéresse, c’est de conserver coûte que coûte son pouvoir quitte à marcher sur des cadavres des centrafricains et de demander à tous les partenaires internationaux de la RCA de tout faire à sa place, dans un monde dominé par la recherche permanente de profits et d’intérêts.

Qui lui a refusé de nouer des relations de coopération avec d’autres Etats, en dehors de la France ? Les autres Etats africains avec lesquels nous avons accédé ensemble à l’indépendance, ne l’ont – ils pas fait ? Et ne l’ont – ils pas fait dans le cadre de la légalité constitutionnelle, et en acceptant d’avoir le courage d’en tenir informés leurs partenaires traditionnels et leurs peuples ? Pourquoi n’a – t – il pas agi ainsi ?

Comme dit l’adage et c’est la réponse à toutes ces interrogations : quand il y a le flou, c’est qu’il y a un loup derrière. Ce qui signifie tout simplement que ce refus de respecter la voie de la transparence et de la bonne gouvernance, ne peut que cacher la recherche permanente d’intérêts et d’avantages étrangers à ceux du peuple centrafricain qui pourtant l’ a démocratiquement élu  et à qui il doit rendre des comptes un jour.

Alors M. Touadéra, si vous pensez que vous pouvez maintenant vous passer de l’aide de la France, ayez le courage de rompre les relations diplomatiques ! Mais si vous estimez par contre que vous ne pouvez pas en ce moment – là vous départir de la France, faites cesser toutes ces attaques verbales et inutiles contre vos propres compatriotes et ce pays ami et frère, comme le disait si fièrement un certain Jean-Bedel Bokassa !

Jean – Paul Naïba

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