M. Touadéra, est –ce que vous aimez franchement votre pays ?

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Telle est la question qui vaut aujourd’hui la peine d’être posée au président de la République Faustin Archange Touadéra, au lendemain de son discours tenu  dans la ville de Baoro, sise à 60 Km de Bouar.

Ce jour – là, devant un peuple en liesse et spécialement mobilisé à cet effet, comme savaient le faire naguère les experts en communication et en propagande dignes des Républiques Socialistes Soviétiques, le mathématicien de Boy – Rabé a appelé tous les Centrafricains, « d’un ton nationaliste » à aimer leur pays. L’un des témoins de cette rencontre a décrit ce qui s’est passé en ces termes :

« A Baoro, une ville située dans la préfecture de la Nana-Mambéré, d’un ton républicain et nationaliste, Faustin Archange Touadéra, Président de la République Centrafricaine, Chef de l’État, appelle les centrafricains à aimer leur pays «…maintenant c’est la démocratie…..il faut aimer votre pays….aux soldats, il faut défendre votre pays et votre peuple…» Un discours, avec un ton très déterminé, beaucoup d’analystes communicateurs qui ont pris part à l’événement, ont salué les gestes, le ton et le regard du Président Touadéra lors de son message. Faustin Archange Touadéra, plus déterminé que jamais à relever la RCA, celui qui a été juger par un certains nombres de compatriotes agitateurs de «timide» a présenté son vrai visage de nationaliste et républicain, prêt à succomber pour son peuple et sa patrie. Un geste qui lui fait gagner la confiance du peuple. Dit que c’est lui que le destin a choisi pour conjuguer les cinq verbes du Président Fondateur de la République Centrafricaine Barthélemy Boganda ? Nourrir, vêtir, instruire, soigner et loger, avec ses qualités d’un mathématicien, Faustin Archange Touadera va sûrement développer un facteur commun que est «protéger le peuple» aux cinq verbes de B.B. Qui vivra verra. »

Que les lettres qui constituent ce post publié sur le mur d’un farouche et fervent défenseur invétéré du régime, ne sont pas bien agencées pour former des mots et des mots pour en faire des phrases lisibles et compréhensibles pour tous, ne peut empêcher tout professionnel des médias d’y détecter l’essentiel et l’exploiter pour la gouverne du grand public et  de l’opinion nationale.

Ainsi donc, comme Paul de Tarse connu d’abord comme l’un des plus grands persécuteurs des disciples du Christ, devenu ensuite par la puissance du Saint Esprit, après le mystérieux évènement survenu sur la route de Damas, un nouvel homme et élevé plus tard  au rang de l’un des meilleurs Apôtres de tous les temps d’un certain Jésus – Christ, Touadéra revient de Bouar où il a assisté à la cérémonie d’inauguration des infrastructures administratives préfectorales entièrement réhabilitées sur financement de l’Union européenne, tout illuminé et mystérieusement transfiguré.

Réveillé si soudainement de sa longue nuit de sommeil dans laquelle il était étrangement plongé depuis plus de deux ans de gestion clanique et chaotique des affaires de la cité, et métamorphosé si miraculeusement qu’il ne pouvait plus être le même homme qu’il était. Non seulement comme Nicodème, après sa rencontre avec Jésus, qui s’est débarrassé de son ancienne nature, qui s’est déshabillé de ses vêtements sales et malodorants et qui s’est lavé de toutes ses impuretés et autres souillures, le mathématicien de Boy – Rabé a connu à Bouar une véritable métanoia, mais surtout  comme il est écrit dans Esaïe 59 : 17, il se revêt désormais de la justice comme d’une cuirasse, ….met sur sa tête le casque du salut…pour défendre son peuple meurtri et sauver la patrie en danger. Alors comme les apôtres du Christ après la venue du Saint Esprit, il commence à parler en langues et des mots qu’il n’a jamais prononcés tels que patriotisme, nationalisme, intérêt général, rassemblement, unité et sacrifice suprême, don de soi pour l’autre ou total dévouement pour le devoir national, sortent de sa bouche, au grand étonnement du public.

En réalité, ce spectacle folklorique qu’il a offert à Baoro face à une population en détresse, traumatisée, anxieuse, désespérée et totalement déboussolée comme toute la population centrafricaine d’ailleurs n’est que l’expression d’une pure propagande politique savamment conçue et mise en œuvre.  Car, pour tous les observateurs avertis de la vie politique centrafricaine, les lanceurs d’alerte et certains professionnels des médias, Touadéra n’a jamais été un patriote et encore moins un nationaliste comme il voudrait bien le faire croire, à l’exemple de ses prédécesseurs tels que B. Boganda, le père fondateur de la République centrafricaine et un certain Jean – Bedel Bokasa, le seul bâtisseur à ce jour jamais égalé, en dépit de ses folies et de sa mégalomanie. De ce fait, il ne peut pas demander à tous les centrafricains et à toutes les centrafricaines d’aimer leur pays, pour la simple raison qu’il est mal placé pour lancer cet appel. Mal placé justement et tout simplement, parce qu’en deux ans d’exercice et de gestion des affaires de la cité, Touadéra n’a jamais posé un acte devant prouver aux uns et aux autres son amour parfait et infaillible pour sa patrie et son peuple.

En effet, depuis son accession au pouvoir par un concours d’évènements malheureux pour certains et heureux pour d’autres, au lieu de chercher à rassembler les centrafricains et les centrafricaines autour des valeurs qui fondent la République et qui constituent notre devise nationale, à savoir celles de l’unité, de la dignité et du travail, il a plutôt minutieusement travailler sous l’impulsion éclairée de son cher ainé Sarandji, à les remplacer dans la conscience collective et dans ses faits et gestes de tous les jours par des contre – valeurs et des vices qui ont pour noms : division, indignité et oisiveté.

C’est l’application stricte de tous ces vices, devenus la pierre angulaire du régime de Touadéra, que le gouvernement de Sarandji a été mis en place et formé sur la base des critères de remerciements, de partage du cadeau, du débauchage et de cooptation. Un gouvernement pléthorique de parents, amis, connaissances, maîtresses et alliés en lieu et place d’un gouvernement restreint de compétences, de patriotes et d’actions dont la constitution devrait justifier tout naturellement un peu de son amour pour son pays.

C’est l’observation scrupuleuse de toutes ces contre – valeurs, dans ses faits et gestes de tous les jours, adoubées d’un esprit exacerbé de fourberie, de tricherie, de duplicité et de non – respect de la parole donnée, qui a d’abord mis fin précipitamment à l’union sacrée créée autour de sa personne, au lendemain de son élection, qui a ensuite expliqué le départ des partis politiques de la majorité parlementaire, et qui est enfin avancé pour justifier le raidissement des groupes armés et le regain des hostilités dans les zones sous leur contrôle.

C’est la mise en application régulière et de manière systématique de toutes ces  laideurs, ces tares et de ces indignités qui a fini par créer une atmosphère malsaine et délétère dans tout le pays et qui  fait retarder, après son rapprochement avec la Russie de Poutine et ses accointances avérées avec le Groupe Wagner, la tenue du dialogue politique inclusif dont la feuille de route a été pourtant élaborée à sa propre demande.

Non, il ne faut pas se tromper : Touadéra ne peut pas être un patriote et n’a jamais aimé son pays et son peuple. Le dire, c’est accepter et avoir le courage de le contredire dans ses propos démagogiques et mensongers. Le dire, c’est accepter comme tous les combattants de la liberté de combattre pour la vérité et la justice sociale. Car si Touadéra avait été effectivement un patriote et un nationaliste, il n’aurait pas institutionnalisé la mal – gouvernance politique comme mode de gestion des affaires de la cité, tel qu’il a été développé ci – dessus.

En effet, s’il avait eu un tant soit peu de l’amour pour son peuple et son pays, il aurait plutôt activement  œuvré au rassemblement de toutes les intelligences et de toutes les forces vives de la nation sans appartenance politique, régionale, ethnique, et religieuse autours des grandes questions de la paix, de la sécurité, de la restructuration de l’armée et de son redéploiement, et  du retour des milliers des familles déplacées tant à l’intérieur qu’à l’extérieur et  soigneusement évité de tendre la main aux seigneurs de guerre et à des mercenaires, de les recevoir au palais de la Renaissance, de serrer leurs mains souillées du sang des centrafricains, et de leur donner de l’argent du contribuable.

Si Touadéra avait un peu tant soit peu de l’amour pour son pays et son peuple, il n’aurait jamais opté pour la consécration de la mal – gouvernance administrative et financière avec la signature, pèle – mêle et dans tous les domaines, des conventions de partenariat sans lendemain, la nomination des rebelles, en violation des dispositions de l’article 28 de la constitution, et des hors – statuts à des hautes fonctions de l’Etat au détriment des fonctionnaires et agents de l’Etat laissés dans les couloirs et payés à ne rien faire, la mise à l’écart des administrateurs de l’Etat dans le mouvement des sous – préfets et des préfets et leur substitution par des parents, amis et connaissances, et avec les actes manifestes et délibérés de tripatouillage qui ont caractérisé la gestion des 1520 quotas et l’intégration dans la fonction publique centrafricaine.

Non, Touadéra n’est pas un patriote et n’a jamais aimé son pays et son peuple. S’il l’avait été, il se serait déjà prononcé sur la suspension manifestement illégale du salaire d’un cadre du Contrôle Financier et de l’UNDP sur instructions de son neveu Arthur Piri, depuis plus d’une année, d’une part, et il aurait déjà non seulement dénoncé l’intégration au ministère des finances et du budget d’un jeune bachelier de 17 ans, présentement à l’extérieur du pays, et ce, en flagrante violation des conditions et critères d’âge, mais surtout demandé  des comptes à son cher aîné Sarandji pour avoir écarté de cette intégration tous les demandeurs d’emplois et éternels stagiaires, ayant totalisé plus de 15 ans de stages pratiques. S’il l’avait été, non seulement il se serait farouchement opposé à l’augmentation des crédits de la présidence de la République et de la primature dans le cadre de la loi de finances rectificative 2018, et ce, en faveur des ministères de la défense et de la sécurité, mais surtout aurait déjà sévi dans l’affaire de plus de 5 milliards de Fcfa du non – reversement des taxes aéroportuaires et des impôts perçus sur les convois de véhicules sur l’axe Bangui – Garamboulaye.

Mais, alors pourquoi cet appel de sa part à tous les centrafricains à aimer leur pays ? Tout simplement parce que  le mathématicien de Boy – Rabé, ensorcelé et complétement sous l’emprise des pouvoirs magiques de son cher aîné Sarandji, est déjà en campagne pour 2021. Et tout naturellement pour cacher toutes ses impuretés, sa propension effrénée à une gouvernance clanique, partisane et affairiste comme tous ses prédécesseurs, son fol amour pour le pouvoir,  son goût immodéré pour toutes les délices matérielles et financières qui en découlent, son esprit exacerbé de fourberie, de moult retournements  et de duplicité à vous couper le souffle et mieux sa politique systématique d’exclusion, l’homme sort le grand jeu.

Pour exploiter l’ignorance du peuple centrafricain en sa faveur, il décide alors comme à l’époque dans les Républiques Socialistes et Soviétiques de recourir à la méthode démagogique de la propagande, de la tromperie et de la séduction des masses analphabètes dans le seul but de créer un certain engouement fédérateur autour de son pouvoir ou de ce qui en reste encore. C’est ainsi qu’en vue de gagner son pari de grand combattant de la liberté, de libérateur et de nationaliste face à la France de Macron responsable, à ses yeux, de tous ses échecs, il se met  sur conseils de ses proches dans la posture psychologique apparente d’un Che Guevara ou d’un Hugo Chavez, enfile la chemise – kaki des guérilleros, et s’adresse au public les poings fermés et levés.

A grands coups d’argent prélevé régulièrement et hebdomadairement sur ses fonds spéciaux extraits directement de la caisse du trésor, il est aidé dans ces manœuvres de manipulation de la conscience collective et de l’opinion par les médias d’état, certains professionnels des médias privés,  de simples internautes et de certaines organisations à buts humanitaires, créées à cet effet, qui le soutiennent, chantent ses louanges à longueur de journées, vantent ses mérites et ses réalisations, impriment et rendent publiques des affiches à sa gloire et au bénéfice de son gouvernement, injurient ceux qui n’émettent pas avec eux sur le même diapason et accusent la France de vouloir lui créer tous les problèmes du monde, en réaction à sa main tendue à la Russie de Poutine et au Groupe Wagner.

Devant ce changement brusque dans le comportement de l’homme, les analystes politiques et certains professionnels se perdent en des conjectures et s’interrogent en ces termes :

Comment alors quelqu’un qui n’a jamais aimé son pays, ni dans les faits ni dans les gestes, si ce n’est que par de simples mots, et qui de surcroît, en flagrante violation des dispositions de la constitution du 30 mars 2016 sur laquelle il a prêté serment, continue d’appartenir à sa famille, son clan, sa région et à son parti, peut – il demander à ses compatriotes d’aimer leur pays ? Comment quelqu’un qui a décidé de confier la gestion de sa propre sécurité et celle de son peuple à des forces étrangères, peut – il demander à ses compatriotes d’aimer leur pays ? Comment quelqu’un qui attend tout de l’extérieur pour « nourrir, soigner, vêtir, instruire et loger » son peuple mais qui utilise allégrement les maigres ressources de la République  à des fins personnelles, égoïstes, catégorielles et partisanes, peut – il demander à ses compatriotes d’aimer leur pays ? Comment quelqu’un qui a érigé la division, la fourberie, l’exclusion, la tricherie, le non – respect de la parole donnée, les arrangements, les compromissions, le cynisme et le masochisme en mode de gouvernance, peut – il demander à ses compatriotes d’aimer leur pays ? Comment quelqu’un qui n’a aucune vision à court, moyen et long termes pour son pays, aucun projet de développement dans les secteurs prioritaires que sont la santé, l’éducation, les routes et l’insertion socio professionnelle des jeunes, et aucune ambition politique, socio –économique, culturelle et communautaire, peut – il demander à ses compatriotes d’aimer leur pays ? Comment quelqu’un qui, au nom de sa politique de main tendue, a reçu au palais de la Renaissance des seigneurs de guerre et des mercenaires dont le but ultime est d’aboutir à la partition de la Rca, qui a serré leurs mains souillées du sang des centrafricains, et qui leur a même donné l’argent du contribuable pour les aider à l’aider à sécuriser le pays, en occupant le territoire national et en faisant mains basses sur toutes les ressources fiscalo – douanières et minières, peut – il demander à ses compatriotes d’aimer leur pays ?

La réponse à toutes ces pertinentes interrogations est toute simple. Touadéra  qui n’est franchement intéressé que par le pouvoir et tous les avantages matériels et financiers qui en découlent, n’en ont cure du pays et du peuple centrafricain qui, agressé de toutes parts sur sa propre terre, humilié, couvert de honte, et rejeté par tous dans le concert des nations, est hébété et anxieux face à son avenir.

C’est pourquoi, au lieu de tenter courageusement de mettre un terme à ses souffrances et ses douleurs, de panser ses plaies, d’essuyer ses larmes, de le réconforter, de le protéger et de lui offrir l’espoir d’un lendemain meilleur,  toujours égal à lui – même, il préfère, comme dans le langage révolutionnaire du mouvement insurrectionnel et populaire des bolchevistes en 1917 et dont est issu le régime de Poutine et des oligarques qui l’entourent, faire de la propagande, endormir le peuple et le divertir pour gagner du temps.

M. Touadéra, « l’amour de soi pour son pays et son peuple ne se décrète pas. Il ne se chante pas et ne se coasse pas par des discours démagogiques et lyriques, envoûtants et ensorcelants, sans lendemain. Il est plutôt un ensemble de comportements, de total don de soi, et surtout de sacrifice de soi et de ses petits intérêts pour les oubliés de la société, les sans – voix et la collectivité »

Jean – Paul Naïba

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